Entrevue avec le groupe Seoul | Philosophie on-the-go
Sur les routes américaines depuis déjà plusieurs semaines, les membres du groupe avaient déjà une petite idée de ce qui les attendait. « Nous avions déjà fait une tournée américaine en avril-mai, mais à ce moment-là. il n’y avait que trois chansons connues du public, nous explique le claviériste et chanteur Julian Flavin. Maintenant que l’album est sorti, la foule dans nos spectacles connaissait notre album au complet. Ils s’étaient déplacés pour venir nous voir jouer, ils n’étaient pas là par hasard ou pour une première écoute. Ils aimaient notre musique et nous sentions qu’il étaient vraiment heureux d’être là, particulièrement durant notre concert à Los Angeles ».
Depuis la sortie de leur album I Become A Shade en juin passé, le trio n’a pas chaumé. De la République Dominicaine à l’Abitibi- Témiscamingue (FME), leur van a cumulé pas mal de millage. N’étant pas muni d’un système de son très performant, Dexter Garcia, Nigel Ward et Flavin ont syntonisé leur radio aux postes américains : « Nous avons écouté la radio de beaucoup de villes, ce qui nous a permis un certain apprentissage culturel… parfois étrange. C’est intéressant de comprendre le contexte socioculturel différent des gens qui ne vivent pourtant pas si loin de nous ». Les succès du Top 40 ont joué en boucle dans l’auto. « Si nous entendons I Can’t Feel My Face de The Weeknd, nous pourrions fort probablement exploser », Julian Flavin éclate de rires.
Moment magique et introspection
La lune sanglante qui s’est offerte en spectacle à la planète entière ce mois-ci s’est présentée à eux dans un décor somptueux, selon Dexter, un des moments les plus marquants de leur tournée. « Nous traversions le désert du Nouveau-Mexique pendant l’éclipse lunaire et c’était un peu creepy. Cet endroit peut ressembler à mars : les cactus, le sable, en fait, il n’y a aucune vie pendant des milliers de kilomètres dans cette direction. Nous étions en route pour El Paso lorsqu’au travers d’un coucher de soleil rouge et mauve a émergé la lune, d’un brun-rouge éclatant. Nous nous sommes assis là, avec notre repas à 1$ et nous avons regardé la lune, » explique le bassiste Dexter Garcia.
Les paysages américains, très changeants d’une place à l’autre, ont eu un impact sur leur vie intérieure. « C’est étrange pendant une tournée de réaliser à quel point tu n’as pas le temps de t’asseoir pour faire le bilan sur comment tu te sens, confie Nigel Ward. Tu avances, tu vas de ville en ville, tu ne t’arrêtes pas. Changer d’environnement change la façon dont tu te sens par rapport à toi-même. ».
Pour Julian, c’est aussi d’apprendre à vivre avec les émotions négatives. « Quand tu es chez toi et que quelque chose ne va pas, tu peux rester enfermé toute la journée. En tournée, lorsque tu sais que tu es obligé de donner un concert dans une ville un soir et dans une autre le soir suivant, tu n’as pas le choix de sortir de ton lit le matin et de laisser tes mauvaises pensées au placard. Tu dois lâcher prise à défaut de ruiner tous tes shows. Il y a toujours des échappatoires dans notre quotidien, mais si la vie de tournée m’a apporté quelque chose, c’est bien le « lâcher prise » et de me dire : The next day, will be a better day. »
Segment philosophique/crise existentielle.
Arrivés à un point dans leur vie où leur musique les mène aux quatre coins du pays, il a été question de succès et de leur point de vue par rapport à celui-ci, ce qui a fait jaillir une petite crise existentielle au passage.
Sors-tu.ca : Comment décririez vous le succès, chacun d’entre vous?
(… après plusieurs minutes d’hésitation)
Dexter: C’est une très grosse question. (rires) Quand une certaine quantité de choses se sont alignées dans ta vie, selon les buts que tu t’es fixés. L’inattendu, l’imprévisible. Les petites choses qui t’arrivent auxquelles tu ne t’attendais pas peuvent participer au succès. En fait, je pense que le succès c’est probablement le bonheur, tout simplement.
Nigel: C’est probablement une des questions que l’humanité va se poser le plus souvent parce que la réponse n’est pas simple à trouver. J’ai tendance à penser au succès de façon plus compartimentée. Les projets artistiques et les projets créatifs sont ceux qui te permettent d’innover et de t’exprimer, la dimension financière (quelque chose qui amène une certaine stabilité financière) et la dimension émotive dans laquelle tu te sens entier et accompli en tant qu’individu et heureux. Je ne peux pas répondre pour quelqu’un qui fonctionne dans un système capitaliste mais pour moi, qui essaie de gagner ma vie en tant qu’artiste, c’est certainement l’addition de ces trois choses qui peuvent mener au succès, trouver l’équilibre au travers ces 3 dimensions.
(« Et peut-être trouver l’amour? », s’exclame Dexter en arrière-plan.)
Julian: Pour moi c’est très simple. Tu as le succès lorsque tu es curieux par rapport à la vie, lorsque tu es encore intéressé par ton environnement, les idées et le monde qui t’entoure, lorsque tu es ouvert à essayer de nouvelles choses. Même si ces nouvelles expériences ne fonctionnent pas, elle te mettent sur le chemin d’un probable succès. Pour moi, mon succès se définit par la capacité d’émerveillement qui doit demeurer la même, matin après matin.
Même s’ils connaissent un succès grandissant, il demeure une évidence que les gars de Seoul ont toujours les deux pieds bien plantés sur terre. La sensibilité avec laquelle ils captent l’essence des choses transparait dans les sons, les textures et les couleurs de chaque morceau. Certains qualifieraient leur musique d’ambiante ou de pop électro, nous préférons ne pas leur donner de qualificatifs et laisser leur son planant faire tournoyer, teinter et structurer notre esprit, et ce sans cadre précis.
Back to home sweet home, ils seront au Ritz P.D.B. ce jeudi. En attendant, nous vous laissons sur leur tout récent videoclip, décrit parfaitement par une de leurs fans sur leur page Facebook :
« Le point culminant de tant de moments perdus, de jours désespérés et de rêves sombres ».
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