Laurence Castera

Entrevue avec Laurence Castera | L’auteur-compositeur-interprète qui convertit les sceptiques

Le bruit des mots, premier album de Laurence Castera, est sorti il y a déjà un peu plus d’un an et voilà que l’ancien participant à La Voix se prépare pour son dernier spectacle au Québec avant un bout. En marge de ce concert, présenté le 28 avril au Théâtre du Vieux-Terrebonne, Sors-tu.ca s’est entretenu avec lui pour parler de sa plume, de déjouer les pisteurs radio et de convertir ces gars qui viennent à son show juste pour accompagner leurs blondes.

Premier album solo, Le bruit des mots faisait suite à près d’une décennie de scène et de musique pour Laurence Castera. C’est que celui qui se présentait jadis sous le nom de « Lawrence » Castera a commencé sa carrière comme guitariste du groupe pop Automat et qu’il s’est fait connaître du grand public par l’émission La Voix. Malgré tout, c’est l’étiquette d’auteur-compositeur-interprète qu’il préfère, un aspect qu’il a pu mettre en valeur au Festival international de la chanson de Granby en 2015. Il admet d’ailleurs sans hésitation qu’il s’agissait là d’une des expériences les plus importantes de sa carrière.

« C’est pas pour enlever rien à La Voix, mais [à Granby] on y fait des ateliers, on est entouré de gens qui écrivent des chansons », explique-t-il au téléphone. « C’est super inspirant, t’es en immersion; tu fais juste ça tous les jours, pratiquer tes chansons, parler de composition, avoir des rencontres et des ateliers… C’est vraiment là où j’ai appris le plus je dirais. » Il reconnait d’ailleurs s’y être senti plus à sa place que lors de son passage à la célèbre émission de télévision. « La Voix c’était le fun, mais c’était pas le même buzz. Je ne suis pas celui qui chante le plus fort; j’ai appris à chanter parce que je jouais de la guit. »

Un succès radio inattendu

Si sa musique aujourd’hui est beaucoup plus mature que ce qu’il offrait avec son premier groupe, le succès radio ne lui a pas échappé avec son projet solo. Vertige s’est en effet retrouvé au sommet des palmarès radiophoniques au Québec. Candide, Laurence Castera avoue toutefois qu’il n’avait pas conçu son album sous cette optique, si bien qu’il ne croyait pas avoir de singles prêts pour la radio. Il n’était d’ailleurs pas le seul de cet avis : « Au départ quand on a présenté des chansons aux pisteurs radio qui travaillent avec Coyote Records, ils nous ont dit ‘ben, on voit aucune chanson qui va jouer’ donc je me suis dit que c’est correct, qu’on n’aura pas de chansons à la radio. » Laurence fera finalement affaire avec d’autres pisteurs radio avec le succès que l’on connait. « Je suis vraiment content et surpris », admet le principal intéressé. « Tu sais tellement pas comment les gens vont percevoir ce que toi t’avais envie de partager. »

« On peut faire deux chansons ben intenses pis… on délire! »

Si Laurence Castera a de quoi être fier de son album, c’est toutefois sur scène qu’il s’amuse le plus. Il explique d’ailleurs aimer voir ses pièces se métamorphoser au fil des représentations, permettant ainsi au public d’apprécier ses compositions sous un jour différent. C’est le cas entre autres de J’te mentirais qui devient encore plus rock. « Les chansons évoluent et plus on fait de spectacles, plus on a envie de prendre des directions différentes avec des tounes », confie-t-il. « Celle-là est vraiment différente, ça fait du bien. On commence le show avec ça aussi, je trouve que ça réveille comme il faut. »

Une autre différence importante entre l’expérience sur disque et sur scène pour Laurence est qu’il essaie de contrebalancer le côté sombre de ses chansons avec une bonne dose de bonne humeur. « C’est un mélange d’humour et de chansons poignantes », image-t-il.  Il estime d’ailleurs que ce cocktail d’interventions décalées et de chansons plus musclées lui permet de convertir plusieurs sceptiques à chaque spectacle. « Chaque fois, il y a toujours plus de filles que de gars qui viennent au spectacle pis chaque fois, les gars, qui viennent parce que c’est des chums ou peu importe, ils sont tout le temps surpris parce que c’est quand même assez rock. Pas agressif, mais il se passe quelque chose de l’fun. Je pense que c’est un show qui est drôle et qui nous permet de vivre des émotions. »

Il mentionne aussi au passage qu’il devrait interpréter une reprise de It’s Not Enough de Dustin Kensrue. Ce dernier, avec qui Laurence rêverait de travailler, est surtout connu comme leader de la formation rock alternatif Thrice, groupe préféré de l’auteur-compositeur-interprète. Le jeune homme tient quand même à préciser qu’il écoute plus de musique francophone. C’est ainsi que les albums de Rémi Chassé et d’Andréanne A. Mallette tournent en boucle dans ses oreilles. Il accompagnera d’ailleurs cette dernière en spectacle sous peu à la guitare.

Son arrêt à Terrebonne sera son dernier spectacle en sol québécois avant longtemps puisqu’il fera quelques dates en Ontario et en Suisse dans les prochains mois. Il prévoit ensuite commencer à travailler sur un potentiel second album. La direction exacte que prendra ce nouvel opus n’est pas encore coulée dans le béton, mais Laurence croit quand même avoir une idée de ce qu’il souhaite faire. « Il va y avoir plus de percussions, plus de rythmes aussi, un peu plus que le premier album je pense, mais tout en restant planant. » Guitariste dans l’âme, il a récemment recommencé à jouer plus souvent avec la six cordes électrique et à explorer de nouveaux sons et de nouveaux timbres sonores.

Dustin Kensrue étant probablement hors de portée, Laurence a quand même d’autres noms en tête avec qui il aimerait collaborer pour son album. « Je ne sais même pas si elle fait ça, mais Salomé Leclerc, c’est le genre de personne avec qui j’aimerais travailler un jour. J’aime vraiment, vraiment ce qu’elle fait. Elle m’influence au niveau musical. »

Il reste encore quelques billets pour le spectacle de Laurence Castera au Moulinet, le 28 avril prochain. Il est possible de s’en procurer juste ici.


*Cet article a été produit en collaboration avec le Théâtre du Vieux-Terrebonne.

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