crédit photo: Jonathan Goulet
L'Impératrice

Entrevue avec Charles de Boisseguin de L’Impératrice | « On a rarement eu un public aussi chaud qu’à Montréal »

De Los Angeles à New York, en passant par San Francisco, Chicago ou encore Boston, L’Impératrice vient de conclure sa première tournée en Amérique du Nord, et ce à guichets fermés. Faisant escale au festival Santa Teresa, le groupe français aura ébloui les festivaliers, une année après leur venue au Québec pour les Francos. Un souvenir impérissable pour le fondateur de L’Impératrice, Charles de Boisseguin.

« On a rarement eu un public aussi chaud qu’à Montréal », se remémore le claviériste à propos de la visite québécoise du groupe aux Francos 2018, en ouverture de Feu! Chatterton. « Bon, on a joué tard et c’était dans le cadre du festival. Les gens avaient tous un peu picolé et avaient envie de faire la fête. Mais on s’est dit qu’on allait faire un truc vraiment fat et dansant ». Un pari réussi pour les Français qui s’efforcent à toujours s’adapter aux lieux qu’ils visitent. « Pour Santa Teresa, on a retravaillé la setlist et sur toute la tournée on n’a pas fait le même show chaque soir. Il y a des contraintes de temps, donc il faut réussir à attraper l’attention des gens sur 45 minutes par exemple… ce qui est très dur quand ils ne nous connaissent pas encore bien ».

En digne héritier de la French Touch

Fondé à Versailles en 2012, L’Impératrice a publié seulement l’an dernier son premier album studio Matahari. Un succès critique qui confirma l’engouement exponentiel que connu le groupe français depuis la parution de son premier EP homonyme il y a sept ans.

Bercé par la « fierté régionale et locale » d’une French Touch versaillaise initiée par Air, Phoenix ou encore Daft Punk, L’Impératrice s’est toutefois forgé un son propre aux influences multiples, dont celle provenant de la musique de film. « Je l’ai découverte assez jeune et je pense que ça a été une vraie révélation quant à ma sensibilité musicale », explique Charles de Boisseguin, grand admirateur du compositeur de film italien Ennio Morricone.

Dans « Il était une fois dans l’Ouest », Morricone crée un thème par personnage, dont un très émouvant pour Claudia Cardinale qui est une des personnages principales. Je me suis dit que je m’aimerai bien faire ça, mais en version plus dansante.

La scène et le studio, deux mondes différents

Dès lors, il n’apparaît pas étonnant que le monde du film dicte encore l’univers de L’Impératrice puisque ses six membres portent sur scène un uniforme bleu et blanc rappelant l’univers cosmique de Star Trek. Et à raison, comme le précise Charles de Boisseguin : « L’Impératrice existait bien avant l’arrivée de la chanteuse Flore Benguigui et on avait vraiment besoin de montrer aux gens que c’était un groupe et non pas une chanteuse seule avec cinq musiciens, comme ça se fait beaucoup. En terme d’image, on a essayé de montrer un truc solide et soudé ».

Faisant part des plus belles découvertes de l’édition 2019 du Santa Teresa, L’Impératrice aura distillé des pièces entraînantes, offrant des instants d’improvisation séduisants influencés par la pop, le funk et le jazz. Se distinguant du vénérable studio où s’inscrivent, de façon pérenne, des morceaux dans l’histoire du groupe, la scène est devenue importante pour les Parisiens. « Voire capitale, parce que c’est comme ça qu’on va rencontrer des gens », souligne Charles de Boisseguin quelques minutes après sa prestation à Sainte-Thérèse.

« Ce sont deux mondes différents parce que forcément tu ne vas pas figer un morceau sur scène. Tu vas le jouer en fonction de ton état, de ton humeur et de ce que tu reçois des gens. C’est notre truc, on a toujours besoin de faire danser les gens à un moment. »

La fierté d’une tournée affichant complet

De retour en Europe après cette longue traversée des plus grandes villes américaines, L’Impératrice termine cette tournée sold-out avec beaucoup de fierté. « Il n’y a pas beaucoup de groupes purement francophone qui font ça, et j’ai l’impression qu’il y a une sorte de regain du French is the new cool avec une scène francophone qui a enfin traversé la Manche et l’Atlantique », constate le claviériste des Yvelines en référence à La Femme ou Polo & Pan.

« Pour la tournée, on a joué que les version françaises et les Américains étaient trop content parce que j’ai l’impression qu’ils ont besoin de ce truc français, de ce qui a de beau dans la langue et dans la poésie qu’elle incarne ».

Bien que la logistique fût fatigante, « et qu’on ait mangé trop de burgers » dixit Charles de Boisseguin, le claviériste constate, au nom du groupe, que l’expérience était incroyable en terme d’émotions. « On était un peu comme des gamins qui découvraient les étoiles et le soleil. Chaque public est différent, comme chaque ville est différente et les gens ici ne sont pas snob pour un sou. Du coup, c’est plus facile pour nous, et on se sent plus en confiance. J’ai l’impression qu’il y a vraiment beaucoup de bienveillance avec le public québécois ».

De quoi revoir probablement le groupe français sur les scènes québécoises, dès lors que leurs projets futurs de bande originale de court-métrage et de nouvel album studio auront vu le jour.

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