Entrevue avec Arthur H | Spontanéité et universalité
À peine arrivé sur Montréal à la suite d’un retard d’avion, l’artiste français Arthur H a donné une entrevue à Sors-tu.ca dans le cadre de la tournée de Soleil Dedans, son dernier album sorti cet automne. Discussion sur un univers entre spontanéité et universalité.
Retour sur les terres d’enregistrement
Arthur H a toujours apprécié le Québec, et en particulier Montréal, où il vient souvent, et où il avait une profonde amitié pour Lhasa de Sela. « Je peux me sentir complètement Montréalais, Québécois. Je ne le suis pas mais je peux me sentir vraiment chez moi ici à Montréal. »
Pour ce 17ème album studio, l’artiste a travaillé avec des musiciens québécois. Soleil Dedans a ainsi été coréalisé avec François Lafontaine de Karkwa, et on y retrouve Robbie Kuster, Mishka Stein et Patrick Watson, en duo avec le Français sur Le Tonnerre du Cœur.
Tous ces musiciens ont donc poussé Arthur H à être spontané pendant l’enregistrement, quelque chose que l’on ne retrouve pas vraiment chez les artistes français. Une spontanéité que l’on entendra également lors de la tournée dans la Belle Province, du fait du peu de jours de répétition que les musiciens ont avant de partir sur les routes. « Je suis ravi parce qu’on a que quelques jours de répet’ pour monter tout un show donc ça va être très intense. Je pense que quand c’est comme ça, quand tu as si peu de temps, tu es obligé d’être très concentré, vraiment au cœur des choses. »
«Saut dans le vide »
Soleil Dedans est certes le 17ème album d’Arthur H, mais est rempli de surprises et de renouveau. Des risques, l’artiste en a pris beaucoup pour ce dernier opus. Les aigus qu’il va chercher sur L’Autre Côté de La Lune en sont un bon exemple. Mais à vrai dire, le musicien est habitué à se mettre en danger. « C’est sauter dans le vide et après tu vérifies si tu as un parachute ou pas. Finalement il y a toujours un parachute. Et puis non seulement il y a un parachute, mais si jamais on s’écrase au sol c’est comme un jeu vidéo, on remonte tout de suite et finalement il n’y a pas de problème. »
Car il est vrai que le musicien n’en est pas à sa première prise de risque. «Mais là comme à chaque fois tous mes projets sont relativement dangereux, et un peu instables, j’ai toujours de la facilité à me remettre en question. »
Une part de féminité ?
Ce que beaucoup retiennent de Soleil Dedans, c’est la voix du chanteur qui monte dans les aigus sur de nombreuses chansons. Arthur H semble quelque peu dépité quand on évoque ce sujet « Je chante la plupart du temps naturellement, comme ça. Ça fait 4 ou 5 disques que je chante aigu, mais malheureusement personne ne l’avait remarqué. » Toujours est-il que l’artiste avoue lui-même que ce côté est plus assumé sur ce dernier album.
A côté de cette voix, les textes évoquent souvent des femmes. On retrouve La Caissière du Super, Une Femme qui Pleure, ou La Femme Etoile. Quand on lui demande si toutes ces femmes sont une part de sa féminité, Arthur H se révèle très sarcastique. « Intérieurement, en vrai, je suis une caissière de supermarché parfois. Et je suis aussi une femme étoile. Ca dépend de quel style de maquillage tu utilises. »
Après ce passage très humoristique, l’artiste explique « Effectivement, pour moi il y a clairement deux mondes qui se rejoignent, ou non d’ailleurs. Il y a le monde extérieur, où on est limités par notre apparence et notre niveau social, notre histoire personnelle, tout ça, qui est très complexe. Et puis il y a le monde intérieur où là, on est quasiment libre d’être ce qu’on est, et effectivement pour moi d’être une femme, un enfant, un Africain, même un Québécois ! »
Soleil Dedans est donc le reflet du monde intérieur d’Arthur H, un monde qui tente justement de trouver la lumière malgré la noirceur du monde extérieur.
Universel
Ce qu’il ressort surtout de cet opus c’est son côté très universel. Par les textes et les arrangements, chacun peut se sentir concerné. Étonnant quand on sait que l’album a été, pour la plupart, écrit dans la solitude sur les îles de la Madeleine ou dans une cabane à Big Sur en Californie. « Oui, c’est ce qui est surprenant dans la création, c’est qu’on parle toujours de choses extrêmement privées finalement, et puis ces choses privées, tant qu’on ne connait pas intimement les personnes et qu’on n’a pas les clés pour les déchiffrer, deviennent universelles. Et puis plus c’est réussi, plus ça devient universel normalement. »
Réussi donc, car l’auditeur sera plongé dans un univers large et presque infini en passant par L’Aéroport de Los Angeles, pour finir en Navigateur Solitaire.
Arthur H sera en tournée dans tout le Québec et on le retrouvera à Montréal le mardi 27 janvier au Club Soda.
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