Ada Lea

Entrevue découverte | Ada Lea et la musique qui cicatrise l’âme

Entre excitation et nervosité, Ada Lea (aka Alexandra Levy) fait paraître aujourd’hui son album « what we say in private » avant de partir en tournée à travers l’Europe et l’Amérique du Nord avec une escale prévue à Montréal le 10 août prochain. Rencontre avec une artiste montréalaise sincère et captivante qui se dévoile à travers des sonorités rock rappelant l’univers de PJ Harvey.

Pour ce premier album en carrière, Ada Lea n’a pas lésiné sur les moyens en s’entourant dignement de Tim Gowdy, un producteur qui a notamment collaboré par le passé avec The Barr Brothers et dont elle estime la vision artistique. « On avait déjà travaillé sur un projet ensemble et j’aimais bien comment il travaillait, comment il incorporait mes idées et les siennes. C’est difficile d’expliquer exactement comment ça s’est passé, mais on a juste travaillé vraiment fort là-dessus. C’était vraiment une bonne collaboration, il n’y avait rien qu’on ne faisait pas ensemble », souligne la Montréalaise qui a récemment dévoilé what makes me sad, un nouvel extrait de what we say in private disponible dès aujourd’hui sur les plateformes numériques et en version vinyle.

Un album thérapeutique inspiré d’une artiste peintre

Jouant sur les sons organiques, mais aussi ceux de la ville avec des cris d’enfants ou des déplacements de camions, dix titres éclectiques accompagnent what we say in private, un essai qui a nécessité deux années de gestation avant d’enfin voir le jour. C’est en s’inspirant d’ailleurs de Sophie Calle, plasticienne française, qu’Ada Lea a fait germer l’idée de cet album thérapeutique post-rupture. « Dans l’une de ses expositions, Exquisite Pain, elle a fait un « countdown » des jours où son copain a rompu avec elle. Moi, j’ai utilisé le journal de bord pour me sortir d’une place que je n’aimais pas mentalement. Je voulais faire un « countup », non pas pour les jours les plus pénibles de ma vie mais l’inverse où, après 180 jours, je m’en sortirai et me sentirai mieux. C’est ça que je voulais faire, mais je n’avais pas idée que ça allait être le concept de l’album », souligne la bassiste de formation, café en main sur place des Fleurs-de-Macadam à Montréal.

Il fallait que je l’écrive pour me sentir mieux et pour savoir que je pouvais me sortir de cette douleur. Et maintenant je suis prête à explorer d’autres idées qui ne sont pas juste liées à moi, mais plus dans la société.

Quand l’attente en vaut la peine

Entrant en processus d’écriture en 2017, précisément une année avant la phase d’enregistrement, la multi-instrumentiste imaginait sûrement une parution dans la foulée plutôt qu’en juillet 2019. Sauf qu’un événement viendra bouleverser l’échéancier prévu. « Je pensais lancer l’album l’été passé, mais j’ai seulement signé le deal avec mon label Saddle Creek en décembre. On se parlait durant l’été, et ils me disaient d’être patiente. »

Finalement, ce délai de quelques mois valait la peine pour celle qui s’estime chanceuse d’avoir été repérée dans une industrie musicale où il est toujours plus difficile de se faire une place. « Ils ont commencé à me suivre sur Internet et j’ai vu ça comme une opportunité de leur demander à qui envoyer ma musique », précise celle qui peint énormément en parallèle de la musique.

« Après, ils m’ont envoyé un email pour me dire que je ne l’avais jamais envoyé. C’est comme ça que c’est parti et je sais qu’habituellement, ça n’arrive vraiment pas comme ça ». Une preuve évidente que la maison de disque indépendante américaine mise beaucoup sur celle qui a rejoint ses rangs aux côtés de Bright Eyes, Big Thief ou encore Land Of Talk.

Désormais, Ada Lea peut envisager avec sérénité sa tournée à venir, bien loin de ses premières visites à travers le continent nord-américain comme le dévoile l’artiste avec amusement.

C’était toujours des shows en DIY, alors il ne fallait pas avoir quelque chose de concret pour faire ces tournées-là. À chaque fois, j’avais tout booké moi-même et ça se passait parfois dans des sous-sols avec trois personnes qui se présentaient. C’était vraiment n’importe quoi…

Et la Montréalaise sait maintenant comment s’y prendre. C’est entourée de quatre musiciens qu’elle se présentera prochainement sur scène, dont celle de la Brasserie Beaubien le 10 août prochain à Montréal, avant de rejoindre l’Europe. « C’est vraiment excitant faire des tournées, assure-t-elle. J’aimerai toujours en faire, mais ça coûte beaucoup et ça prend du temps à faire… Si je pourrais toujours être en tournée, je le serais ».

Ce n’est sûrement qu’une question de temps pour celle qui planche déjà sur un deuxième album.

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