Entrevue | Alexandre Belliard présente le 2e tome de son projet Légendes d’un peuple
De poète à historien, il n’y a qu’un pas pour l’auteur-compositeur-interprète Alexandre Belliard. En 2012, après 3 albums de chansons pop, Belliard effectuait un virage important dans sa carrière en lançant son projet Légendes d’un peuple : une épopée musicale plus folk, en plusieurs tomes, traitant de l’histoire des francophones d’Amérique du Nord, de la Nouvelle-France à nos jours.
À la veille du pré-lancement du deuxième tome de cette série, ce mercredi soir au Lion d’or (à l’occasion de Coup de coeur francophone), Sors-tu.ca l’a rencontré afin d’aborder le sujet de ce nouveau tracé de carrière.
« Dans 15 ans, j’aurai 50 ans. Je me donne comme objectif d’avoir fait 15 albums d’ici là, et ensuite, je passerai à autre chose ».
C’est rare, de nos jours, qu’un artiste approche un projet avec une telle vision à long terme. Pourtant, l’idée ne semble pas du tout donner le vertige à Alexandre Belliard, qui voit dans son nouvel intérêt envers la « chanson folk historique » un vaste terrain fertile.
Il faut dire qu’Alexandre Belliard est retourné à l’école, afin d’approfondir ses connaissances et vivre à fond sa passion pour l’histoire, sans reléguer son métier de chansonnier aux oubliettes. À l’Université, il prend des cours sur l’Atlantique français, l’empire britannique et la société canadienne des 17e et 18e siècles.
« Je voulais vraiment me plonger dans l’univers canadien français du début, à l’époque où les gens n’avaient pas honte du terme ‘canadien’, explique-t-il. L’idée, c’est d’essayer de comprendre toute cette société qui était fondamentalement différente de ce que les Britanniques avaient à proposer à l’époque et voir le choc des cultures.
« Avec Légendes d’un peuple, je peux enfin faire converger tous mes intérêts: la politique, l’histoire, la littérature, la musique et la poésie. Ça me permet d’étudier, de travailler, de composer et de me divertir. »
Certains textes sont de son crû, alors que d’autres sont tirés des écrits de Michèle Lalonde, Joséphine Bacon, Louis Fréchette et François-Xavier Garneau. Richard Séguin prête aussi main forte à Belliard pour ce projet.
Deuxième tome: la francophonie hors-Québec
Après avoir exploré la Vallée du St-Laurent et le Québec lors du premier tome, Alexandre Belliard voulait, dès le deuxième, délimiter le terrain en explorant tout de suite l’historique de la présence francophone hors-Québec, notamment chez les Acadiens, les Métis de l’Ouest canadien et les « grands explorateurs de la terre, de Rupert à la Louisiane ».
« Je ne veux pas que Légendes d’un peuple soit uniquement un projet québécois. Je veux que ce soit vraiment un projet francophone, pour essayer de se rappeler à quel point les Francophones ont vraiment ouvert le territoire. Quand tu découvres à quel point il y a plusieurs villes importantes qui ont été fondées par des Francophones, c’est bon à savoir ».
Dans les communiqués de presse qui annonçaient la venue du tome #2, on annonçait une sortie indépendante pour le 22 novembre, mais le principal intéressé a changé d’idée. « J’ai appelé les relationnistes hier pour leur dire que, finalement, j’allais faire ça le 23 (novembre)! C’est la fête du 175e anniversaire de la Bataille de Saint-Denis. On va faire ça à la Maison Ludger-Duvernay et ça va être ouvert à tous. »
C’est aussi simple que ça, changer sa date de lancement à deux semaines de préavis, lorsqu’on est un artiste indépendant comme Alexandre Belliard. Cette indépendance, Alexandre Belliard l’apprécie et s’en sert adéquatement. C’est d’ailleurs un peu l’idée derrière tout ce projet.
Le chanteur ne se cache pas qu’en musique pop, il fallait pousser fort afin de générer du mouvement. « Là, le bouche à oreille fait vraiment la job. Pour la première fois de ma vie, les choses bougent, le téléphone sonne, et je n’ai mis une cenne sur la promo de Légendes d’un peuple et j’ai du faire 100 shows cette année ».
Côté spectacles, ce nouveau projet tient Alexandre Belliard très occupé. « J’ai toujours fait beaucoup de spectacles… mais là, c’est beaucoup beaucoup! Je fais beaucoup d’écoles: du primaire à l’UQAM, en passant par les Société d’histoire. C’est une façon finalement de sortir du réseau (de spectacle québécois). C’était un peu l’idée aussi: me sortir de l’industrie musicale. Je m’en tire bien mieux », estime-t-il, sans la moindre amertume.
C’est tout simplement une nouvelle réalité, une qui convient davantage à Alexandre Belliard. « Je ne suis pas en colère contre l’industrie, je comprends tout à fait la situation mais j’essaie de m’en sortir et ça fonctionne très bien de cette manière ».
Coup de coeur francophone
Ainsi, ce mercredi soir, Alexandre Belliard présentera au Lion d’or son nouveau spectacle, qui prend évidemment une tangente presque éducative.
« Je parle autant que je chante dans mes spectacles. Je ne ferai pas une chanson sur Étienne Brûlé sans expliquer que c’est un petit gars qui est arrivé avec Champlain, en 1610, qui est allé jouer dans le bois avec les Indiens, et qui est finalement parti pendant 20 ans. C’est devenu le premier Indien à s’intégrer, à apprendre leur langue, à découvrir le territoire. Je ne fais pas juste la toune, j’essaie d’en faire un portrait en 1 ou 2 minutes ».
Pour ceux qui n’ont pas accès au spectacle, l’artiste a pensé à vous: l’album vient avec un livre qui explique tout ce contexte afin d’apprécier les chansons à leur juste valeur. « Quand tu connais les personnages un peu plus, t’apprécies plus les chansons ».
Le projet Légendes d’un peuple devrait même prendre d’autres formes: de l’audiovisuel, des capsules, peut-être même de la B.D., éventuellement.
- Artiste(s)
- Alexandre Belliard
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Chanson, Folk,
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