
Dracula, comédie des horreurs à la TOHU | Drôlement sexy
Quoi de mieux qu’une autre version de Dracula pour entamer le mois de l’Halloween! Et pas n’importe laquelle, la comédie des horreurs adaptée par les productions Bon jusqu’à la dernière goutte… ils ont le marketing dans le sang! Dans cette pièce créée off-Broadway en 2023, les Américains Gordon Greenberg et Steve Rosen s’amusent avec les codes du livre original Dracula de Bram Stoker, en exagérant à l’extrême tout ce qui peut être tourné en dérision. Une des versions « d’essai » a d’ailleurs eu lieu à Montréal en 2022 au Segal Center, du côté anglophone de la force. Cette adaptation francophone est ma foi tordante et bien rodée.
Dans un décor d’intérieur de château de la fin du 19e siècle, quatre personnages nous mettent en garde dans un prologue qui met la table. Apartés cabotins, jeux de mots taquins, allusions grivoises et illusions bluffantes ponctueront la soirée. Jonathan Harker (Marc St-Martin) est sommé de se rendre en la demeure d’un certain comte Dracula, qui souhaite vendre. En bon courtier immobilier, Harker sympathise avec le comte et lui montre une photo de sa fiancée Lucy (Marie-Pier Labrecque). Dracula s’éprend de la photo et suis Harker jusqu’à sa promise afin de la séduire. S’ensuit alors toutes les péripéties que l’on imagine, alors que le vampire s’immisce dans la soirée de fiançailles, que la soeur de Lucy, Mina, se fait mordre et que d’autres cas de « morsure » sont répertoriés dans le coin.
La distribution est fascinante, alors qu’hommes et femmes s’échangent les rôles comiques. Milène Leclerc interprète ainsi, entre autres rôles, le père sexiste de Lucy et un aliéné qui mange des insectes. François-Simon Poirier, grand gaillard de plus de six pieds, incarne en alternance la sœur Mina, et la Dre Van Helsing, qui « bench » 170 kilos. Marc St-Martin, en plus de Jonathan, campent plusieurs petits rôles ou voix, dont un fossoyeur saoul rappelant vaguement Olivier Guimond. Une Marie-Pier Labrecque en grande forme donne la réplique à Éric Robidoux, qui offre une version de Dracula plus gino que le douchbag queer de la proposition Broadway. On adhère tout de même à ses poses de tango et à son charme vampirique. On reconnaît la signature d’Hugo Bélanger, à la mise en scène, qui intègre toujours magnifiquement bien les trompe-l’œil et le jeu physique. Les costumes appuient la proposition, avec des tissus flamboyants de détails et des pantalons lassés aux fesses.
Parlant de fesses, on pourrait dire qu’elles sont le sujet principal de cette pièce ; à la manière de la comedia del arte ou de Feydeau, mais avec des dents et des cercueils, on ne parle que. de. sexe. Des mouvements de bassins aux jokes de boules (aux fromages) en passant par le mot pénétrer répété à outrance, tout est matière à comparaison libidineuse. Et parfois pas cachées du tout, comme dans la scène des jambes en l’air dans le carrosse, avec des jambes de mannequin en plastique. C’est hilarant, mais il faut en être avertis si on traîne les enfants.
C’est un spectacle léger et amusant, au croisement du Mystère d’Irma Vep et du Rocky Horror Picture Show, avec plusieurs belles trouvailles divertissantes. Et pour traduire librement la pub en anglais : Dracula, une nouvelle comédie à croquer avidement. Flirtant entre les jeux de mots savoureux et les références tous azimut à la culture pop, cette draculante, flexi-genre, magi-performance de 90 minutes réécrit le classique gothique et convient à tous… les groupes sanguins.
Présenté à Tohu de Montréal du 9 octobre au 1er novembre 2025, puis au Capitol de Québec en janvier 2026
Avec Marie-Pier Labrecque, Milène Leclerc, François-Simon Poirier, Éric Robidoux et Marc St-Martin
Mise en scène : Hugo Bélanger
Traduction : Maryse Warda
- Artiste(s)
- Dracula - une comédie des horreurs, Tohu
- Ville(s)
- Montréal, Québec
- Salle(s)
- Capitole de Québec, La Tohu
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