Depeche Mode au Centre Bell | Le mémento de l’indémodable

Après Québec, le groupe culte Depeche Mode était de passage au Centre Bell. Quarante-trois ans après le début de la formation, les co-fondateurs du groupe Dave Gahan et Martin Gore filaient la parfaite forme et ont livré au terme d’une grande soirée, un spectacle digne reprenant à la fois classiques et nouvelles chansons.

Leur tournée mondiale, qui a débuté le 23 mars, met en avant Memento Mori (« souviens-toi que tu vas mourir »), leur quinzième album aux nombreuses références de leur carrière passée.

Une toile tombe et dévoile une énorme lettre M en arrière de la scène. Deux silhouettes s’avancent, on distingue Dave Gahan et Martin Gore qui prennent place. Le chanteur effectue des petits pas de danse, tourne et lève les bras alors que le public reste debout et fébrile.

Le groupe commence avec My Cosmos Is Mine, chanson issue de leur dernier album. En arrière, le fameux M géant se remplit de peinture à mesure que la chanson avance. Lorsqu’elle se termine, c’est sous un tonnerre d’applaudissements. On peut dire que ça commence fort ! La salle devient rouge et des spots lumineux parcourent la scène alors que DM enchaîne avec Wagging Tongue.

Les deux membres fondateurs du groupe n’ont rien à prouver, ils sont comme des poissons dans l’eau. Il est d’ailleurs difficile de ne pas bouger lorsqu’on les écoute jouer, c’est un plaisir.

Lorsqu’In Your Room commence, la salle semble emballée. Dave fait lever les mains au public et termine la chanson en face à face avec Martin Gore et ils ont tous deux le sourire. Ce qui a été beau à voir aussi, c’est quand les fans ont repris seuls Everything Counts, un des plus grands succès de DM.

Les jeux de lumière et les écrans géants étaient impressionnants. Tantôt avec des visuels et tantôt avec des plans sur les membres du groupe avec un filtre rappelant les années 80, on se sent transporté dans la musique.

C’est encore meilleur quand tout s’éteint à part un énorme spot derrière le chanteur qui laisse entrevoir sa silhouette. Avec ses bras levés, on dirait un maestro devant son orchestre. La musique reprend et il finit par se laisser aller au rythme de la musique.

Le guitariste et parfois choriste Martin Gore est désormais seul et il s’avance tout au bout de la scène pour nous interpréter A Question of Lust. Le moment est intime entre le public et lui-même. Il continue par la suite avec Soul With Me, et il se fait applaudir par la foule.

Honnêtement, j’avais l’impression de me retrouver sur un petit nuage parmi les étoiles. Gore lève les mains vers le ciel, reconnaissant. Cette partie du concert était vraiment intéressante et l’on a pu entendre cette très belle voix qui fait d’habitude les chœurs.

Dave Gahan revient sur scène et demande encore plus d’applaudissements (il n’y en a jamais trop) pendant qu’un gros ballon se balade dans la fosse. D’une forme olympique ce mercredi soir, le chanteur n’a cessé de danser et de brandir son micro en l’air, en plus des petits déhanchés qu’il offrait régulièrement au public.

Le duo reprend sa place pour interpréter Ghosts Again, single de leur dernier album. Ils enchaînent avec I Feel You, et les deux nous épatent avec des notes aiguës et continues, c’est incroyable à voir.

On pourrait pourtant penser que cette fois, il manque une partie du puzzle en faisant référence à l’un des autres membres fondateurs, Andrew Fletcher, qui est brutalement décédé en mai dernier. Cette tournée, c’est la première sans lui et pourtant, c’est comme s’il n’avait jamais quitté le groupe, qui lui a rendu hommage.

Au moment de chanter World in My Eye, single qui apparaissait sur leur septième album Violator, les fans se mettent à crier. Sur les écrans géants de la scène apparaissent des photos d’Andrew, le public crie encore plus fort pour rendre hommage et c’est très beau à voir. Vers la fin de la chanson, Dave Gahan s’avance sur la scène fier, en formant des lunettes avec ses mains, une référence à la couverture de la chanson, où Fletcher lui-même faisait ce signe. Impossible de ne pas avoir une petite poussière dans l’œil dans ce moment fort en émotion.

Pour leur « dernière » chanson, Depeche Mode performe Enjoy the Silence, un autre de leur grand succès. Contrairement au titre, j’ai plutôt « Enjoy the Noise » qui décoiffait littéralement. Et encore, à partir de là, tout va en crescendo.

Dernière chanson oblige, la formation quitte la scène, mais le public ne l’entend pas de cette façon. Pendant plusieurs minutes le Centre Bell tremble, crie, chante, applaudit et jamais ne s’arrête. Finalement, les lumières des téléphones se lèvent dans le public et elles offrent un magnifique spectacle.

DM fait de nouveau son apparition dans cette salle aux milliers d’étoiles. À deux, ils chantent en duo des rappels exaltants en commençant par Waiting for the Night. Le duo qui se transpose entre Martin Gore et le public. À la fin, les deux co-fondateurs se saluent et se font une accolade.

Tout le groupe revient et Just Can’t Get Enough remet le party en route. Never Let Me Down Again le reprolonge quand le chanteur principal balance devant le public ses mains de gauche à droite. Toute la salle commence à le mimer et c’est un de mes moments préférés.

Enfin, parce que toute bonne chose a une fin, Depeche Mode termine (cette fois réellement) en nous explosant nos tympans avec l’indémodable Personal Jesus.

Offrant un concert de plus de deux heures et demie, Depeche Mode rend à l’évidence que le groupe est et restera toujours à la mode. Du haut de leurs 61 et 60 ans, Martin Gore et Dave Gahan nous ont offert un concert haut en couleur qui dépasse nos espérances et qui nous a comblés de joie, et ce, peu importe notre génération.

Grille de chanson :

My Cosmos Is Mine
Wagging Tongue
Walking in My Shoes
It’s No Good
Sister of Night
In Your Room
Everything Counts
Precious
Speak to Me
A Question of Lust
Soul With Me
Ghosts Again
I Feel You
A Pain That I’m Used To
World in My Eyes
Wrong
Stripped
John the Revelator
Enjoy The Silence