crédit photo: Jérôme Daviau
Daniel Boucher

Daniel Boucher à Repentigny | Odyssée en banlieue pour watcher la patente

Pas facile de voir Daniel Boucher en concert ces derniers temps. Depuis son passage aux Francos en 2019 et sa carte blanche de 2020 à la Place des Arts qui avait été reportée et finalement disponible en webdiffusion pendant la pandémie, on ne le croise pas souvent à Montréal. C’est ce qui nous a décidé à sortir de l’Île pour aller l’écouter dans une brasserie de Repentigny le jour de la Fête du Canada.

C’est le fun les concerts de jazz expérimental et de musique contemporaine avec public averti des salles du boulevard Saint-Laurent. Mais pour écouter Daniel Boucher, il faut sortir de Montréal et prendre la 40 direction Est vers Repentigny, un soir où l’orage s’installe tranquillement.

Notre destination, La Ripaille, est accolée à un centre commercial sans âme avec vue sur le stationnement. Une fois dans la place, je constate que ce n’est pas la gastronomie qui est mise de l’avant avec des serveuses qui maximisent l’étendu de peau visible. Le repas y est correct même si notre serveuse nous raconte diverses histoires pour optimiser son tip avec un air de bœuf de compétition.

« On va retirer les tables devant la scène avant que Dan monte sur scène. »

Ce qui n’arrivera jamais.

Prends-moi pour un jambon…

Et pour un portrait complet, il y a aussi à la table voisine, un chanteur un peu connu qui hurle comme un damné avec ses chums déjà bien réchauffés.

Le concert commence avec deux ou trois chansons exécutées par Orange Lessard. Apparemment, c’était sa fête en ce jour et ça s’est senti qu’il avait fêté avant de monter sur la petite scène. Une prestation difficile où je retiens qu’il fait rimer soir avec ciboire.

C’est ensuite au tour de Madiba King de présenter quelques titres. Son chant est plutôt bien en place et ses titres rappelent Adamus. Il se permet d’invectiver quelques spectateurs devant lui. C’est toujours gagnant de se mettre un public à dos lorsqu’il n’est pas venu pour toi…

 

Je peleurerai

Arrive enfin Daniel Boucher, seul en scène avec son sourire enjôleur et sa vieille guitare Gibson électrique. Après l’apaisement de l’ovation, il commence par déclamer un poème Je peleurerai avec toute la fougue et la verve qu’on lui connaît, accompagné de larges gestes du bras. Une entrée en matière lyrique qui met la table pour son riche répertoire à suivre. Il reprend avec un riff de guitare très carré et un sens du groove certain. Et Boucher de se faire aller le bassin, pour la satisfaction d’une partie de l’assistance avec les grands déçus domptés du grand lundi docile.

 

Watche la patente

Rapidement, c’est une dame de 88 ans qui attire l’attention, d’abord en dansant devant la scène puis en montant sur scène avec la complicité de Boucher. Marguerite est fort sympathique mais, un moment de la soirée, il semble qu’elle ait oublié que ce n’était pas elle la vedette de la soirée…

Après le Poète des temps gris, Daniel nous joue la Patente où toute l’assemblée entonne les paroles en chœur. L’ambiance monte d’un cran, c’est le gros répertoire qui est de sortie!

 

Mais là, à l’avenir, m’as m’dire, que ça m’tente de faire mes affaires, OK?

En ce soir de Fête du Canada, c’est sûr qu’on ne retrouve pas d’Unifolié pour accueillir Daniel Boucher! Je m’attendais à une grande tirade enflammée de cet indépendantiste assumé, mais non, c’est par la chanson qu’il passe le message avec Chez nous. Dan nous demande de nous lever pour notre pays et de reprendre le refrain bien fort et fier.

 

La p’tite abeille travaille fort

Daniel Boucher a beau être seul sur la petite scène, il sait mener un show pareil avec ses riffs qui font groover sa guitare. Ce n’est pas le plus grand virtuose mais il sait installer une ambiance avec quelques notes et, très à l’aise, il n’hésite pas à interagir et à modifier les paroles suivant la réaction du public.

Il y aura deux shots offerts qu’il descend sans s’arrêter de jouer pendant Boules à mites, une version qui dépasse facilement la douzaine de minutes dans le feu de l’action. Et c’est La Désise qui met tout le monde d’accord, ça chante de tout bord pour terminer sur les vers finaux « Ma gang de malades, vous êtes donc où? » On est bien là, tous avec toi Daniel!

C’est le moment du rappel et Boucher termine la soirée avec une belle interprétation enflammée du titre Chant d’un patriote de Félix Leclerc. L’engagement n’est jamais loin du chanteur. Et la chanson s’étire avec Boucher qui scande « Promets-moi le! Prends soin de toi! » La guitare est désaccordée, la salle est chaude et humide et l’auditoire enchanté.

Daniel Boucher est toute une aventure en concert. Avec peu, il arrive à magnifier son répertoire. En véritable homme de scène, il livre une prestation très au point et réactive. Une valeur sûre que l’on aime retrouver.

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