Critique | Warpaint au Théâtre Corona de Montréal
Au printemps dernier, plusieurs pariaient sur une présence de Warpaint à Osheaga, dans la foulée de leur excellent deuxième album (troisième, si on compte le EP Exquisite Corpse), paru en janvier 2014. C’est finalement au Théâtre Corona, quelques mois après le festival, que le groupe indie-rock tout-féminin s’arrêtait chez nous, et c’est tant mieux comme ça…
Warpaint est ce genre de groupe un peu farouche, qui s’apprivoise au fil des écoutes attentives. Inutile de dire qu’en spectacle, ça s’apprécie mieux dans une salle, un lieu aussi intime que possible. Étant donné la popularité grandissante de la formation – qui roule sa bosse depuis une décennie, mine de rien – le Corona est un juste milieu appréciable.
Mieux vaut les voir en salle, donc. Surtout pour une première fois. Parce qu’en mode festival, la première rencontre peut paraître ardue, surtout lors des morceaux plus atmosphériques. Ces filles-là n’ont pas appris à faire des finesses pour plaire facilement à une foule, et ce n’est pas dans leur esprit. Leurs interventions entre les chansons sont souvent décousues, pas très intéressantes.
Ce n’est certainement pas que le quatuor manque de charme. Au contraire, chacune de ces quatre girl next door de la côte Ouest a un je-ne-sais-quoi d’attirant, de magnétique, d’intrigant. Elles transpirent la belle jeunesse, toutes en féminité libérée, comme un clan indie-hippie aux chansons vaguement gothiques.
Les filles alternent au chant, principalement entre les deux guitaristes Theresa Wayman et Emily Kokal, toutes deux dotées de belles voix claires, mais la bassiste Jenny Lee Lindberg s’y adonne également. Et quant elles chantent en choeur, ça ajoute à l’aura de mystère qui leur colle déjà à la peau. Les harmonies sont si bien choisies et interprétées avec brio. Pendant Billie Holiday, notamment ; une superbe chanson reprenant en grande partie des paroles du hit de Mary Wells, My Guy, où Warpaint se réapproprie tout son sens de façon troublante.
Variété de tons
Tantôt ça groove avec des rythmiques disco. À d’autres moments, ça grince, frôlant le rock psychédélique et le shoegaze. Cette facette ressort davantage en spectacle que sur disque, d’ailleurs.
On tombe aussi souvent dans le dream pop, à la Beach House (qui jouait justement en même temps qu’elles, au Théâtre Plaza) ou Cocteau Twins, et c’est là où ça peut paraître ennuyant pour le spectateur moins fervent.
Sauf que parfois, ça décolle. Difficile de résister à ces grandes envolées rock pour Bees, notamment, et Burgundy avant le rappel. Et surtout Elephants, chanson phare du premier EP, qui s’étire magnifiquement sur scène au rappel, laissant place à toute la folie dont les filles sont capables.
C’est là qu’on constate une chose : il y a cet aspect enivrant de Warpaint qui transparaît à l’occasion, pendant Disco // Very aussi, et qu’on aimerait voir davantage. Elles sont capables de lâcher leur fou, tout en conservant cette signature vaporeuse, énigmatique.
Quoi qu’il en soit, Warpaint demeure un groupe plutôt sousestimé, qui sait livrer la marchandise, à condition d’adhérer à leur univers sans compromis.
Grille de chansons
Feeling Alright
Composure
Undertow
Love Is to Die
Bees
CC
Keep It Healthy
No Way Out
Disco//very
Burgundy
Rappel
Billie Holiday
Biggy
Elephants
- Artiste(s)
- Warpaint
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Corona
- Catégorie(s)
- Indie Rock,
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