Critique | Tu iras la chercher au théâtre Espace Go

­­Tu iras la chercher, la toute première mise en scène de la comédienne Sophie Cadieux qui s’est alliée à l’auteur Guillaume Corbeil et à l’actrice Marie-France Lambert pour réaliser cette « première fois ». C’est dans une atmosphère épurée que nous assistons, sans doute à l’une des quêtes auxquelles nous ne pouvons échapper, l’une de celle qui sera la plus importante : la quête de soi-même.

Photo de courtoisie, par Caroline Laberge

Photo de courtoisie, par Caroline Laberge

 

Dans la petite salle de l’Espace Go — il vous faudra suivre le guide pour vous y rendre — s’y trouve une scène blanche, longiligne et toute simple, surmontée d’arches rectangulaires, forme de grand corridor. À votre arrivée, Marie-France Lambert vous y attendra, prête à plonger dans ce riche monologue, prête à laisser la parole à Elle. Où plutôt, elle vous racontera ce texte écrit à la deuxième personne, devenant narratrice de l’histoire de cette femme. Narratrice du récit qui pourrait être celui de n’importe qui, de tous ceux assistant à la représentation.

Une femme rentre chez elle avec l’envie de tout quitter et de s’envoler pour Prague, de disparaitre jusqu’à ce qu’on la croie morte. Débutera alors sa recherche d’identité, sorte de course pour rattraper sa propre vie dans laquelle elle semble davantage avoir le sentiment de jouer que celui de la vivre réellement. Le ton détaché qu’apporte la narration au « tu » accentue l’impression de se sentir acteur de sa vie, d’y interpréter le rôle que la société nous a attribué, ignorer qui l’on est réellement. Tout au long de la pièce, nous l’observerons parcourir ce chemin de chez elle à l’aéroport, essayant d’atteindre son but, observant la foule prisonnière des conventions. Elle tentera, tant bien que mal,  d’être celle qu’elle désire et d’agir avec naturel, ce qui provoquera quelques éclats de rire.

Photo de courtoisie, par Caroline Laberge

Photo de courtoisie, par Caroline Laberge

Il n’y aura pas d’envolée lyrique ou de grand moment d’intensité. Simplement Elle, cette femme frêle, l’actrice sobrement vêtue de beige, sans maquillage apparent, semble à la fois si forte et vulnérable. Rare de voire une comédienne se présenter sur les planches sans artifice presque au naturel. Ce côté dénudé rend le texte très humain, en quelque sorte il rapproche le public de la comédienne. Et surtout, le silence présent tout au long de la première partie et la mise en scène fluide permettent aux mots de Marie-France Lambert de prendre toute la place et de s’élancer vers la seconde partie du texte que l’utilisation de bruits ambiants et de lumière (à la façon d’un film) rendent plus dynamique et rythmé.

Il faut l’avouer la comédienne effectue un travail impressionnant et donne une performance sans faille, à l’exception de quelques bafouillages bien anodins le soir de la première. Marie-France Lambert est captivante et attachante sur scène, nous suivons avec plaisir le chemin qu’Elle parcourt, la regardant trébucher, pleurer et surtout avancer, il est difficile de détacher son regard de la scène et de ne pas se senti r interpeler.

Qu’y a-t-il au bout de cette quête? Qu’arrive-t-il une fois la réponse trouvée? Tu iras la chercher ne vous laissera pas sur votre faim, la pièce vous mènera au bout de cette réflexion, quoiqu’on peut toujours se demander s’il y a réellement une fin à cette recherche. Chose certaine, Sophie Cadieux offre au public un charmant cadeau pour clore sa résidence de trois ans au théâtre Espace Go.

Tu iras la chercher du 11 au 22 mars et en supplémentaire les 25, 26 et 27 mars 2014

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