Peepshow à l’Espace Go : Une formule qui empêche de s’attacher au récit
L’Espace Go lance sa nouvelle saison avec le Peepshow, une pièce écrite, jouée et mise scène, en 2006, par Marie Brassard. Cette fois c’est à la comédienne Monia Chokri que revient la tâche d’endosser cette dizaine de personnages à la fois solitaires et anonymes.
Seule sur scène, Monia Chokri affublée d’une perruque grise, d’une simple robe blanche et de son rouge à lèvres qui déborde, offre une performance impressionnante. Interprétant à elle seule une gamme de personnages diversifiée. La comédienne passe avec fluidité de la fillette à la maîtresse d’école puis à l’homme aux allures louches. Un simple dispositif lui permet de changer sa voix pour la rendre parfois plus caverneuse ou lui donner la voix aiguë d’une enfant. Petit bémol, nous n’entendons pratiquement jamais la vraie voix de Chokri, ce qui dans certaines situations devient un peu agaçant, superflu même, il aurait été intéressant de laisser plus de place à l’actrice et n’utiliser le changement de voix que dans des moments clefs.
La transformation de sa voix donne des frissons lorsqu’au tout début du spectacle l’on entend le grand méchant loup attirer le Petit chaperon rouge dans ses griffes. Sans costume particulier ni accessoire, seulement une voix profonde, cachée dans la pénombre nous fait revivre le célèbre conte de notre enfance. Voilà que nous sommes plongés dans un univers à la fois effrayant et intrigant, prêt à revisiter l’histoire du Petit chaperon rouge et à explorer les dessous du désir. Un spectacle qui s’annonce prometteur.
Puis s’enchainent l’un après l’autre les tableaux, froidement chacune des courtes histoires défile sous nos yeux, les personnages anonymes traversent la scène sans laisser de trace. Malheureusement, la formule du Peepshow empêche le spectateur de s’attacher au récit, le laissant complètement à l’extérieur de ce qui se déroule sous ses yeux, ce qui devient quelque peu ennuyeux. Même les superbes éclairages de Sonoyo Nishikawa et la musique envoutante d’Alexander MacSween ne parviennent pas à raccrocher le spectateur.
Pourtant, cette utilisation de la technologie au service du théâtre avait quelque chose d’intéressant, entendre Monia Chokri dialoguer entre deux personnages au simple changement de sa voix peut être fascinant. Mais au-delà de la performance et de la technologie, le texte ne parvient pas à garder le public en haleine jusqu’à la fin.
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