La cerisaie

Critique théâtre | La Cerisaie au Théâtre du Rideau vert

La 65e saison du Théâtre du Rideau vert s’ouvre sur l’un des grands classiques de la littérature russe, La Cerisaie d’Anton Tchekov. Une impressionnante distribution, Sylvie Drapeau, Paul Ahmarani et Marc Béland nous plongeront dans le printemps russe de la fin du XIXe siècle. 

Lioubov retrouve sa chère Cerisaie après cinq ans d’absence. Elle et sa famille sont ruinées et il ne reste plus comme solution que de vendre le domaine, les cerisiers et les souvenirs. Le riche Ermolaï Alexéïevitch Lopakhine veut racheter la propriété et tout démolir pour y construire des terrains pour les estivants. Histoire familiale et d’amour où s’entremêle une métaphore sur le temps qui change et file à toute vitesse. Une pièce emplie d’amour, de rire et de nostalgie.

Un décor épuré : un lit et des chaises, à l’arrière de la scène une grande murale où apparaissent des cerisiers en fleurs et une plus petite avec la Tour Eiffel. Cette simplicité laisse toute la place au talent des 12 acteurs réunis sur scène. Sylvie Drapeau est des plus touchantes en femme qui a tout perdu; Marc Béland, qu’on aime détester; Paul Ahmarani, attachant en comptable maladroit et Catherine de Léan passionnée en jeune servante ingénue.

Tous, des plus connus au moins connus, habiteront la scène avec brio. Parfois, ils le feront silencieusement; Danny Gilmore, en amant délaissé à Paris, apparaîtra à plusieurs reprises, souvenir de l’amour de Lioubov pour le jeune homme. Et une mention spéciale à Igor Ovadis dans la peau du fidèle serviteur, de son accent chantant, le comédien nous fait rire et nous bouleverse.

Musique et danse viennent agrémenter la mise en scène d’Alexandre Marine. La guitare et l’accordéon de Paul Ahmarani et de Larissa Coriveau apportent tour à tour l’esprit festif qui habite la famille à nouveau réunie et leur mélancolie. L’ajout des numéros de danse brise le rythme lent de la pièce, petit anachronisme amusant à travers ce classicisme parfois lourd. Parce qu’il faut l’avouer, une pièce de 2 heures avec entracte, par moment c’est un peu long.

Une distribution remarquable, un décor et des costumes magnifiquement conçus rendent bien hommage à la beauté de la Russie de Tchekov. Somme toute une œuvre agréable à découvrir, ou pour certains à la redécouvrir, sans toutefois n’avoir été réinventée.

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