Frères

Critique théâtre: Frères au Prospero

Mardi était présentée en première au Théâtre Prospero la pièce Frères de Francesco Silvestri. Produit par le Théâtre de L’Opsis, la pièce met en vedette Benoît Rioux et Émile Proulx-Cloutier, dans un monologue parfaitement maîtrisé par ce dernier.

Photo par Marie-Claude Hamel

Gildo va tous les jours, dans le secret, rendre visite à son frère gravement malade dans sa chambre d’hôpital. Il raconte à sa mère qu’il assiste à la messe, puisque cette dernière se mettrait en colère si elle apprenait sa véritable destination. Donc, chaque jour, Gildo prend soin de son frère, le lave, le change, repasse son pyjama, le nourrit, lui raconte des histoires, lui donne un peu d’espoir…

Malgré la trame de fond sombre de la pièce, il se dessine une histoire d’amour inconditionnel entre deux frères qui est menée avec une belle naïveté par le comédien Émile Proulx-Cloutier, que l’on ne peut faire autrement qu’applaudir.

 

Émile Proulx-Cloutier vole la vedette

Photo par Marie-Claude Hamel

Bien que Benoît Rioux accompagne tout au long de la pièce son comparse sur scène, on parle ici de monologue puisque le personnage du frère malade ne dit pas un mot. Sa présence n’est pas pour le moins importante, puisque la connexion entre les deux personnages se ressent bien au-delà des mots. Le fait est, néanmoins, que c’est Proulx-Cloutier qui brille de tous ses feux dans cette pièce traduite et mise en scène par Luce Pelletier. Son jeu est pour ainsi dire parfait. La candeur du personnage, sa belle naïveté, son dévouement et toutes les émotions complexes que peut traverser un jeune homme, pour qui l’amour voué à son frère est tellement grand qu’il pourrait déborder si cela était possible, sont rendus avec une justesse émouvante par le comédien.

Tout dans la pièce, même le décor créé par Olivier Landreville, est conçu pour dédramatiser l’état tragique qu’est celui de la maladie grave. Parce que oui, on ressent, de par le jeu de Benoît Rioux, que la maladie de son personnage, qui n’est jamais nommée, est probablement incurable. Mais comme Gildo ne veut pas s’y résigner, on est transporté dans cet univers où, dans l’espace d’une heure, le temps d’une visite, tout est encore possible.

Et on sort du Prospero en enviant cette naïveté qui nous a, pour la plupart, depuis longtemps quittée.

 

Frères est présentée jusqu’au 10 mars au Théâtre Prospero.

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