Coco au Théâtre La Licorne | Elles étaient cinq…
Coco, la première pièce de la jeune auteure présentée au théâtre La Licorne, réchauffe le cœur, elle fait rire et pleurer. On nous laisse entrer en toute franchise dans l’univers de cinq jeunes femmes, cinq amies d’enfance qui ont traversé tous ces moments qui nous façonnent. Avec elles on se remémore nos amitiés, on revit ces événements marquants qui font de notre cercle d’amis des gens si importants.
Aujourd’hui, elles ne sont plus que quatre, rassemblées dans ce chalet qui contient tant de leurs souvenirs. Elles sont venues pleurer la mort de leur amie, entre leurs mains, le journal intime de la défunte. À la lecture des pages, elles revivent ces soirées passées ensemble : cette fameuse nuit autour du pot de vérité – entrée en matière des plus cocasses – les premières souleries, les doutes sur la sexualité, les longues conversations sur la peur de la mort, le besoin de maternité qui habite si fort… On les voit grandir sous nos yeux, traverser les étapes ensemble, tisser leurs liens.
Détrompez-vous si vous vous attendez à voir des jeunes filles bien sages et polies. Le quintette, imaginé par Nathalie Doummar qui prête également ses traits avec sensibilité à Coralie, n’a pas peur de se dire leurs vérités, elles boivent, elles rient fort et parlent de leurs désirs sans tabous.
Bien que ces jeunes femmes soient caricaturales, elles vous rappelleront sans aucun doute une amie, vous vous reverrez à l’adolescence dans vos grands moments d’intensités. Il y a Maggie la désinvolte qui couche avec tout le monde, la jeune Katya engagée et un peu grano, la toute discrète Simone, la naïve Viviane constamment de bonne humeur puis il y a la douce Coralie.
Dans ce chalet familial en bois qui regorge de babioles à l’aspect des plus douillet, on ressent toute la tendresse des mots de l’auteure pour ses personnages, avec humour et surtout beaucoup de mordant, elle leur donne la parole sans tabous. Au-delà des mots, ce sont cinq jeunes comédiennes de grand talent qui donnent beaucoup de force à la pièce.
La candeur de Viviane interprétée avec brio par Anne-Marie Binette apporte une belle légèreté, la Maggie de Marie-Soleil Dion n’a pas besoin de parler pour nous laisser savoir ce qu’elle pense, suffit de regarder le visage très expressif de l’actrice. Sarah Laurendeau prête sa voix et sa douceur à la timide Simone qui devient parfois un peu trop discrète, même effacée. Kim Despatis parvient à rendre Katya, la petite sœur parfois trop collante, juste assez détestable pour qu’on la trouve attachante.
Ce groupe d’amies qui un instant se chicane puis le moment d’après s’aime de nouveau évolue avec rythme grâce à une mise en scène de Mathieu Quesnel parfaitement orchestrée. Tout comme pour l’auteure, il s’agit d’une première pour le comédien et on espère bien qu’il tentera l’expérience à nouveau. Le metteur en scène signe un petit texte bien touchant dans le programme et tout le respect qu’il éprouve envers les femmes transparait sur la scène.
Bref Coco c’est une belle surprise à savourer par une soirée froide d’hiver. Il est très rafraichissant d’entendre ces jeunes femmes parler franchement de tout, de les voir évoluer et douter de la sorte en passant de leur adolescence jusqu’au début de leur trentaine. Et bien que ce soit une pièce de filles… messieurs, n’hésitez pas à les découvrir vous aussi !
- Artiste(s)
- Coco, Nathalie Doummar
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Licorne
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