Critique | Tame Impala au Métropolis de Montréal
Sept petits mois après Osheaga 2012, le retour de Tame Impala à Montréal créait tout un engouement, surtout pour un lundi soir. À défaut d’en mettre plein la vue avec un show de boucane convaincant, Kevin Parker et ses musiciens ont livré un très bon show pour mélomanes en faisant musicalement honneur aux excellentes chansons de leurs deux premiers albums.
« Il n’y a rien de bon à voir dans un show de Tame Impala, expliquait un jeune hippie à son ami perplexe, près du bar. Ferme tes yeux, c’est dans les oreilles que ça se passe ».
Drôle de façon de le dire, mais au final, il avait bien raison, le jeune philosophe.
Plutôt statique et pas des plus charismatiques, le leader et grand manitou de Tame Impala, Kevin Parker, n’est pas une bête de scène. Visiblement timide, il interprète ses chansons avec une passion partiellement contenue dans sa tête. Le gros de cet enthousiasme envers ses propres compositions passait davantage par son doigté sur les cordes de sa Rickenbacker et traversait son souffle lorsqu’il poussait la note de sa voix Lennonesque.
Les éclairages non plus n’étaient pas des plus élaborés. Les projections étaient suffisantes, tout au plus : un écran rectangulaire, qui occupait le quart de l’arrière-plan, diffusait des animations psychédéliques dignes de Winamp 2000.
En fait, le changement de salle y est peut-être pour beaucoup. D’abord prévu pour le Théâtre Corona, le concert de Tame Impala s’est finalement tenu dans un Métropolis bondé, pour ne pas dire plein à craquer. Un Métropolis encerclé de revendeurs de billets plus affairés que d’habitude, surtout pour un lundi soir.
Avec le succès critique et viral du plus récent album Lonerism, lancé en octobre 2012, Tame Impala est devenu un petit phénomène d’estime en un rien de temps, et le tout Montréal voulait assister à la prestation.
On devine donc que le spectacle était bel et bien prévu pour le Théâtre Corona et au niveau des dispositifs visuels, c’eut sans doute été plus approprié.
Mais le son de Tame Impala, son esthétique sonore et sa portée en font un projet prêt pour de grands espaces. Et lorsqu’on fermait les yeux – comme le suggérait le jeune hippie – cet amalgame d’indie rock à fleur de peau, de rock psychédélique à la Pink Floyd, de prog-rock à la King Crimson et de pop déjanté à la Sgt. Pepper frappait de plein fouet, secouait les âmes des vrais mélomanes, qui fredonnaient autant les solos de guitare que les jolies paroles de Parker.
Les versions livrées lundi soir étaient généralement fidèles aux riches enregistrements des deux albums, InnerSpeaker (2010) et Lonerism (2012). Lorsqu’on déviait du plan, c’était pour mieux s’aventurer dans des jams psychédéliques fort appréciables, comme ce solo Floydien à la fin d’Apocalypse Dream, ou encore ce petit segment free-jazz puis dub vers la fin d’Elephant.
La grille de chansons, identique d’un soir à l’autre lors de cette tournée, est parfaitement calibrée pour faire valoir l’ensemble du répertoire. Le climax survient vers les deux tiers, avec Elephant, Why Won’t You Make Up Your Mind?, Feels Like We Only Go Backwards, Keep Lying et Mind Mischief, coup sur coup. Excellente séquence.
Au bout de 90 minutes (pas mal pour un band à 2 albums) de rock’n’roll authentique et savoureusement vintage, Tame Impala en avait mis plein la vue l’ouïe aux fans vraiment familiers avec la délicieuse musique du groupe. À en juger par la réaction de la foule, il semblerait que nous étions plutôt nombreux.
Grille de chansons
1. Solitude Is Bliss
2. (Instrumentale)
3. Apocalypse Dreams
4. Gotta Be Above It
5. Endors-toi
6. Music To Walk Home By
7. Elephant
8. Why Won’t You Make Up Your Mind?
9. Feels Like We Only Go Backwards
10. Keep Lying
11. Mind Mischief
12. Alter Ego
13. It Is Not Meant To Be
14. Hall Full Glass Of Wine
Rappel
Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control
Photos en vrac
(par Karine Jacques)
- Artiste(s)
- Tame Impala
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Métropolis - MTELUS
- Catégorie(s)
- Rock,
Vos commentaires