Critique spectacle | Saltimbanco du Cirque du Soleil à Montréal
19 décembre 2012 – Centre Bell (Montréal)
Après 20 ans à parcourir le monde entier en tournée, Saltimbanco, l’un des premiers spectacles créés par le Cirque du Soleil, revient à Montréal pour ses dernières représentations à vie. Mis en scène par Franco Dragone en 1992, il s’agit du plus vieux spectacle du Cirque du Soleil a être encore en service. Le 30 décembre prochain marquera la dernière représentation et le début de la retraite pour Saltimbanco.
Le spectacle explore un univers urbain où la frénésie et l’énergie de la ville animent les différents personnages colorés et cosmopolites, qui s’accordent malgré leurs différences culturelles et individuelles dans le monde de Saltimbanco.
Ce qu’il y a d’intéressant avec le retour d’un spectacle conçu il y a 20 ans, c’est qu’il nous permet de prendre conscience de l’évolution des dernières années des spectacles du Cirque du Soleil et surtout, de l’apprécier. À son lancement en 1992, Saltimbanco avait été chaudement accueilli, perçu comme un tournant marquant dans l’histoire du Cirque. Il s’agissait de la première création s’articulant autour d’un thème, d’un concept, d’un fil conducteur. C’était le précurseur du modèle actuel des productions de la compagnie.
Deux décennies plus tard, Saltimbanco n’a globablement, pour l’époque actuelle, rien de particulièrement épatant ou d’impressionnant. Les numéros sont bien exécutés, bien montés, bien pensés, mais n’ont plus cet effet qui fait décrocher la mâchoire.
On lui en reconnait tout de même quelques-uns. Le numéro de bungee, en clôture du spectacle est le meilleur moment de toute la soirée et vaut la peine, à lui seul, de voir la production. L’expression « une image vaut mille mots » prend tout son sens, alors que quatre acrobates virevoltent, rebondissant dans les airs dans un accord parfait, vêtus de costumes d’un blanc virginal. La force poétique du numéro est époustouflante, appuyée d’une musique riche en émotions, signée René Dupéré. Un numéro qui contrairement à d’autres, n’a pas souvent été repris dans les récents spectacles du Cirque, ce qui lui confère probablement toute son originalité et sa touche unique.
Le numéro de la balançoire russe ne donne pas sa place non plus, de même que celui des mâts chinois. Le premier, mettant en scène les Baroques, ces créatures épicuriennes qui aiment faire la fête, réussit à accrocher le spectateur et à lui faire retenir son souffle, alors que le deuxième est un bonbon pour les yeux, présentant les Vers multicolores, personnages vivants et colorés. Le numéro main à main, ainsi que l’adagio (numéro acrobatique à trois, représentant une famille, soit le père, la mère et l’enfant) comptent également parmi les bons coups.
Le spectacle contient par contre son lot de longueurs. Les numéros de clown, pourtant comiques, s’étirent énormément, de même que pour les numéros plutôt de base, comme la jonglerie ou les boleadoras. La première partie en est d’ailleurs davantage truffée que la deuxième, qui est pour sa part bien mieux balancée.
En somme, bien qu’on y souhaiterait plus de concision et de je-ne-sais-quoi de plus, pour un effet « wow », on aime l’histoire bien ficelée du spectacle et les nombreux personnages qui ont tous une vocation, un plus à apporter dans le récit. Saltimbanco, qui tiendra l’affiche du Centre Bell jusqu’au 30 décembre pour son ultime représentation, pourra tout de même tirer sa révérence avec dignité.
Photos en vrac, par Guillaume Bibeau-Laviolette
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