Critique | Sigur Ros au Centre Bell de Montréal
Le groupe islandais Sigur Ros était de retour à Montréal pour un concert au Centre Bell, à peine 7 mois après sa présence à Osheaga. Avec un nouvel album en route, la formation post-rock allait-elle offrir du nouveau à ses 6000 fans (re)venus les voir ?
La réponse se trouvait déjà sur scène avant même l’arrivée du groupe. Trois grands rideaux semi-transparents formaient une boîte autour de la scène. L’intrigante mise en scène nous réservait des surprises.
La première chanson interprétée en est une toute nouvelle : Yfirborð, qui fera partie du nouveau disque Kveikur, dont le lancement est prévu pour le 18 juin prochain. Le ton posé de la chanson permet aux spectateurs d’apprivoiser le visuel : des projections géantes et inusitées sur les draps qui séparent le groupe du public.
Puis, un vieux classique : Ný Batterí. Il n’y a plus de doute que la présente tournée n’est pas qu’un véhicule promotionnel pour le plus récent album Valtari (dont une seule chanson sera interprétée, d’ailleurs).
Après ces deux chansons, les musiciens se trouvent toujours dans cette « boîte » de drapés servant d’écrans aux projections. En ombres chinoises, on peut facilement reconnaître le jeu d’archet du guitariste et chanteur Jónsi, qui semble scier ses six cordes avec grâce.
Puis, les rideaux tombent et les onze musiciens sont enfin visibles : cinq membres à l’avant-plan, en plus d’un trio de cordes et un autre de cuivres. Ces derniers ajoutent du corps à l’ensemble, en plus de se faire valoir lors de la finale de Sæglópur.
Crescendo enivrant
Progressivement, l’ambiance planante de la soirée gagne en intensité. Les musiciens ne sont pas très mobiles (ni volubiles), mais la mise en scène fait son oeuvre, tant du point de vue des éclairages (qui alternent entre spots et constellation d’une trentaine d’ampoules éparpillées aléatoirement sur scène) que des projections sur l’écran panoramique au fond de la scène.
Les nouvelles chansons font effet : Kveikur et le nouveau single Brennisteinn ajoutent du rythme de façon insoupçonnée de la part de Sigur Ros, vers la fin du set.
Entre les deux, la jolie Festival fait effet, avec un petit tour de force de Jónsi : une note prolongée au chant. Longuement…
Très longuement.
Suffisamment longtemps pour qu’on puisse lancer l’application iPhone Métronome et identifier un ré parfait.
Suffisamment longtemps pour qu’on se demande si on n’est pas en train de vivre une crise d’acouphène.
Après 90 minutes de pur délice musical, Sigur Ros garde le meilleur pour la fin : une très belle interprétation de Glósóli, puis une finale explosive avec Popplagið (aussi connue sous le nom de « la 8e pièce de l’album (_)« ), qui clôt la soirée dans un genre d’apocalypse symphonique. Troublante catharsis. Culmination parfaite d’une grille de chansons montée avec minutie et interprétée avec coeur et conviction.
Il est encore tôt pour identifier un potentiel « show de l’année », mais celui de Sigur Ros au Centre Bell restera gravé dans la mémoire de tous ceux qui y ont assisté. Et on y reviendra immanquablement lorsque viendra le temps des rétrospectives des grands moments culturels de 2013.
Grille de chansons (probable)
1. Yfirborð (nouvelle chanson)
2. Ný Batterí
3. Vaka (Untitled #1)
4. Sæglópur
5. Fljótavík
6. E-bow (Untitled #6)
7. Varúð
8. Hoppípolla
9. Með Blóðnasir
10. Olsen Olsen
11. Kveikur (nouvelle chanson)
12. Festival
13. Brennisteinn (nouvelle chanson)
Rappel
Glósóli
Popplagið (Untitled #8)
Photos en vrac
Par Catherine Rosa
- Artiste(s)
- Sigur Ros
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Centre Bell
- Catégorie(s)
- Rock,
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