Critique | Shlohmo à la SAT de Montréal

Y’avait le beatmaker prodige Shlohmo et ses invités, hier, à la Société des Arts Technologiques. Et malgré un looong début de soirée, la performance de Shlohmo fut une assez grosse surprise pour sauver toute la donne.

Le looong début de soirée fut looong non pas à cause d’une mauvaise performance de la part des premières parties J.u.D et Nick Melons (ce dernier ayant d’ailleurs livré un solide set de trap sombre) mais plutôt parce qu’avant les 23 :00, y’avait pas un chat à la SAT.

Blâmons le premier match du CH en séries, j’imagine.

Donc devant une si petite foule, dur de faire lever une soirée.

La donne a totalement changé à l’entrée de la tête d’affiche sur scène, par contre. La salle était désormais beaucoup plus comble, mais c’est surtout la surprise que nous réservait Shlohmo qui a pesé dans la balance.

Parce que ce à quoi on peut s’attendre d’habitude de la part d’un artiste électro, solo, instrumental, c’est un gars derrière son Macbook, qui prend de temps à autre le micro pour lancer des phrases incompréhensibles.

Pas Shlohmo. De un il était accompagné de deux autres musiciens, l’un étant percussionniste, l’autre étant parfois guitariste, parfois claviériste, parfois un peu tout ça.

De deux, il jouait lui-même de quelques instruments, dont la guitare sur le premier simple incroyable qu’est Buried.

En fait, ce qui ressortait aussi de la performance, c’est d’ailleurs ça. Le nouvel album, Dark Red, est beaucoup plus abouti que les efforts précédents du producer. Avant, sur Laid Out entre autres, les influences étaient très évidentes et parfois certains emprunts venaient malheureusement atténuer la personnalité de l’artiste.

Des fois ça marchait, et ça donnait des pièces comme Later. Et des fois bof, comme la collaboration avec le chanteur R&B Jeremih.

Mais sur Dark Red, on tasse un peu le R&B et la douceur du soul pour quelque chose de froid, de frette, d’inquiétant et de nettement plus unique. Des gros snares de trap par-dessus des compositions cold wave. Un genre de Kavinsky gothique.

Et en spectacle, ces chansons-là sortent incroyablement bien et créent une atmosphère vraiment envahissante. Ça a quelque chose de très cinématographique.

D’ailleurs, comme le disait un confrère entre deux chansons hier : « J’comprends pas pourquoi ce gars-là fait pas toutes les musiques de tous les films tout le temps. »

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