Critique | Randy Bachman au Mod Club de Toronto

Bachman, le nouveau groupe formé du légendaire Randy Bachman, de la bassiste Anna Ruddick (ancienne étudiante de McGill), de la batteuse Dale Anne Brendon et du guitariste Brent Knudsen, était de passage au Mod Club de Toronto mercredi soir. Sorstu.ca a assisté à cette soirée chargée de blues et de guitares électriques, à laquelle les Montréalais auront droit ce soir au Corona.

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Photo de Jean-François Tremblay

 

Après avoir vu le musicien de 71 ans faire la tournée des arénas et des théâtres pendant des années, il est bon de le voir revenir dans de petites salles rock où tout a débuté pour lui dans les années 60. La boucle se referme dans un sens, car le Mod Club tire son inspiration du mouvement des « mods » en Angleterre, dont se revendiquait la formation The Who (qui en est devenu en quelque sorte le symbole), et Randy Bachman rend hommage à The Who et les musiciens qui l’ont inspiré sur son nouvel album Heavy Blues ainsi que cette nouvelle tournée.

Ça a commencé en force avec une nouvelle pièce, Wild Texas Ride, et immédiatement le légendaire guitariste s’est délié les doigts et a démontré l’étendue de son talent. L’air un peu renfrogné en début de performance, mais le doigté toujours aussi vif et délicat sur son instrument, le musicien a alors entraîné le public dans un voyage dans le temps, avec des classiques tels que Shakin All Over (du temps où les Guess Who étaient menés par Chad Allan) et la populaire No Time.

Une nouvelle version de No Sugar Tonight a suivi, aux arrangements à la Bo Diddley, qui s’est transformée à mi-chemin en Confessin’ To The Devil, l’une des pièces du nouvel album.

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Photo de Jean-François Tremblay

Randy Bachman s’est laissé de plus en plus aller à la bonne humeur et aux sourires alors que le public se laissait charmer à chaque nouveau moment de nostalgie. Sa voix était en très bonne forme, et ses longs solos étaient passionnés. Son évidente complicité avec la bassiste Anna Ruddick, dont les expressions faciales n’ont pas grand-chose à envier à celles de Este Haim, est amusante à observer. Randy Bachman ressemblait à un gamin sur scène plus le spectacle avançait.

S’est suivie une série de chansons de Bachman-Turner-Overdrive, qui ont amené la foule compacte à participer avec enthousiasme. Il faisait chaud dans la salle remplie à guichet fermé, une foule constituée principalement d’hommes dans la quarantaine et cinquantaine, mais également de plusieurs femmes et quelques jeunes. Les classiques Blue Collar (avec son long solo passionné et ses moments instrumentaux jazzy), Roll On Down The Highway, Lookin Out For #1 et Let it Ride ont donné une bonne dose d’énergie au public et la formation semblait prendre son pied.

Tel que Bachman nous l’avait confié lors de notre entrevue avec le musicien la semaine dernière, la nouvelle version du classique des Guess Who Undun, jouée à la manière de Led Zeppelin, donne toute sa signification au terme « heavy blues ». Ça ne remplacera jamais la beauté de l’original, et malgré son excellent travail à la guitare rythmique et aux voix, Brent Knudsen ne sera jamais Burton Cummings. Ceci dit, cette version vaut amplement le détour.

Bachman a poursuivi en parlant de son amour pour le travail de Jeff Beck. « Lorsqu’on est jeune, on se regarde parfois dans le miroir en prétendant être quelqu’un d’autre. Ce soir, pour un instant je vais prétendre que je suis Jeff Beck… » Il a alors joué une superbe version de Cause We’ve Ended As Lovers de Beck, suivie de How Many More Times de Led Zeppelin, puis ensuite les hommages se sont poursuivis avec le riff à la The Who de la pièce The Edge, tirée du nouvel album.

Photo de Jean-François Tremblay

Photo de Jean-François Tremblay

L’énergie était au maximum alors que Bachman a entonné You Ain’t Seen Nothing Yet accompagné de la foule. Il a suivi avec American Woman, pour laquelle le guitariste et chanteur Kim Mitchell l’a accompagné sur scène à la guitare. Moment très fort du concert.

Ensuite, Kim Mitchell a pris la parole (dans ses fonctions d’animateur radio cette fois) pour faire monter sur scène le gagnant d’un concours qui se tient dans plusieurs grandes villes (concours lié au nouvel album). Le jeune homme, Adam Langley, est venu jouer la pièce Heavy Blues avec le groupe. Impressionnant guitariste que ce jeune homme, qui semblait s’amuser comme un gamin.

Au rappel, Randy Bachman a rendu hommage au regretté Stevie Ray Vaughan en jouant son classique Takin’ Care of Business dans le style « shuffle » de Vaughan.  Mitchell et Langley se sont à nouveau joints au groupe pour un moment rock très puissant.

Et Randy Bachman a mis fin à la soirée en beauté avec une interprétation très émotive de The Messiah Will Come Again du Roy Buchanan, démontrant une fois de plus qu’il est définitivement l’un des plus grands guitaristes de l’histoire. À la fin du spectacle, le vétéran semblait épuisé, mais heureux. Le public aussi.

The Matinee

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Photo de Jean-François Tremblay

 

En première partie, le groupe The Matinee, originaire de Vancouver, a réussi à réchauffer la foule malgré sa formule acoustique et son style pantouflard. Le groupe ressemble malheureusement trop à tant d’autres formations du genre, offrant un rock générique et un peu trop gentil, mais ça fait malgré tout hocher de la tête et taper du pied, et dans le genre il y a pire.

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