Kraftwerk

Critique | Kraftwerk au Métropolis

Voir des pionniers d’un mouvement musical, c’est toujours impressionnant. Les voir en 3D, c’est encore mieux.

Kraftwerk était en ville dimanche. La formation qui, au cours des années 1970, a pavé la voie de la musique électro des années 1980 (et d’aujourd’hui) était de passage au Métropolis pour deux concerts : un premier à 18h30 – oui, il faisait même encore clair dehors – et l’autre à 22h15. Le premier affichait complet, le deuxième presque.

Kraftwerk n'acceptait pas les photographes au concert, alors voici tout ce qu'on peut vous montrer.

Kraftwerk n’acceptait pas les photographes au concert, alors voici tout ce qu’on peut vous montrer.

À l’entrée, on nous distribuait des lunettes 3D. Pas les lunettes de deuxième génération en plastique comme dans les Cineplex, non : celles en carton, comme dans le bon vieux temps.

Nos attentes n’étaient pas nécessairement très hautes. Du moins, envers le visuel, parce qu’un concert 3D, c’est toujours un peu décevant… Pendant deux heures, Kraftwerk allait s’imposer comme une exception à la règle.

 

Quatre automates et des projections

À 18h30 pile, le flegmatique Ralf Hütter et ses trois comparses ont pris place derrière leurs synthés, vêtus de costumes moulants quadrillés. Ils y sont restés, immobiles comme des automates sans émotion, jusqu’à la toute fin, et pourtant, on aurait pas demandé mieux.

Le visuel projeté à l’arrière est tout simplement hallucinant.  De l’abstraction géométrique pour The Man Machine jusqu’à la soucoupe volante qui atterrit devant le Métropolis un peu plus tard, les animations 3D étaient sublimes, parfois psychotroniques, mais toujours dans le ton des chansons. Des chiffres en 8-Bit, des bouts de paroles, de l’affreux, du joli, de l’angoissant, du bizarre. Des petits bijoux d’art visuel, en somme.

Côté interprétation, c’était froid. Comme ça doit l’être. C’est Kraftwerk ; ces gars-là ont fait une carrière à créer de l’art à partir de la stérilité du quotidien moderne, à faire danser les intellos sur des rythmiques simples et répétitives, à faire du krautrock à partir de sons synthétiques et à chanter des paroles minimalistes sur des mélodies vocoderisées. Faut pas chercher de la chaleur et du charisme.

Mais le grand respect qu’ont les fans pour ces compositions marquantes donnait tout de même lieu à de belles ovations. Les airs de Computer Love (« empruntée » par Coldplay dans la chanson Talk, notamment), The Model, Trans-Europe Express et Radioactive ont soulevé la foule, autrement très attentive aux moindres détails. Un public réceptif, plein d’initiés, visiblement.

Soirée très réussie en compagnie de ces maîtres du techno-pop/new wave, qui savent bien rendre leur répertoire qui appartient au passé sans user de nostalgie. C’était plutôt comme une leçon d’histoire d’un pan de la musique populaire très présent chez les artistes contemporains. Il n’y aurait pas eu de Nine Inch Nails, de Talking Heads, de Eurythmics, de Depeche Mode ou de Ladytron sans Kraftwerk, et il est toujours bon de constater que les vieux vétérans en ont encore à offrir. Le tout embelli par des projections 3D totalement à la hauteur.

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