Critique Humour: Les Zapartistes au Métropolis (Montréal)
Lundi 27 décembre 2010 – Métropolis (Montréal)
Les Zapartistes sont de retour au Métropolis pour leur désormais traditionnelle revue de l’année, question « d’honorer (2010) comme elle le démérite » pendant près de 3 heures, jusqu’à vendredi soir, à Montréal.
L’année 2010 ayant été particulièrement riche en scandales et en bourdes politiques, les 4 complices n’ont pas manqué l’occasion de « l’achever à coups de masse », se payant savoureusement (et souvent de façon cinglante) la tête de bons nombres de politiciens, de journalistes et de personnalités publiques.
Noire revue que la leur
Les habitués y auront constaté quelques changements, à commencer par l’absence du Manifeste des Zapartistes en entrée de jeu.
Christian Vanasse, François Parenteau, François Patenaude et Nadine Vincent (la Zapartiste qui travaille aux textes mais ne se joint pas à la bande sur scène) ont également effectué quelques modifications à la formule, s’éloignant de l’approche chronologique du mois par mois.
Cette décision leur donne plus d’espace pour bâtir des dynamiques encore plus efficaces et d’alterner stand-up, sketchs et imitations à leur guise, ce qui permet de solidifier la mise en scène.
Sur scène, les 3 acolytes Zapartistes et leur « éternelle stagiaire », la comédienne Brigitte Poupart, dénoncent, caricaturent, et font rire avec leur habituel soucis du langage et un respect honorable de l’intelligence de leur public.
On dénote également un humour plus noir, plus cynique (ou Cynique!) qu’à l’habitude, mais ça, 2010 le commandait.
L’impayable imitation de Jean Charest par François Parenteau (un classique), vers la toute fin, jouait habilement la carte du malaise alors que le premier ministre lançait ses quatre vérités au public qui l’élit et le tolère, avec une arrogance à peine exagérée. On sentait, dans cette décharge bien tournée par les Zapartistes, un appel à la mobilisation sur fond d’amertume.
Parmi les autres numéros percutants et rudes sur la conscience, on ne peut passer sous silence le jeune ado hip-hop de Christian Vanasse qui nous explique à sa façon la Loi sur les mines et ses absurdités. Placé au beau milieu de la deuxième moitié du spectacle, cet habile monologue a causé la plus longue ovation de la soirée.
Pour le reste, les thèmes se sont faits nombreux sans se piler sur les pieds: construction/corruption, Québec Bashing (mené de main de maître par un François Parenteau imitant Yvon Deschamps), sommet du G20 et ses arrestations controversées, Commission Bastarache, système d’éducation, environnement, Haiti, gaz de schistes et j’en passe.
Les personnalités imitées étaient tout aussi variées: Michaëlle Jean (Poupart, dans le mille), un entraînement du Conseil des ministres (moins réussi), un Denis Lévesque « mononcle » (signé Christian Vanasse), Johanne Marcotte et Éric Duhaime du Réseau Liberté-Québec (parodié avec véhémence), Gérald Fillion et son charabia économique et, bien sur, « la tête de bonhomme Playmobil » Stephen Harper (encore Parenteau).
Même les sympathiques gérants d’estrade Ron Fournier (Vanasse) et Michel Bergeron (Parenteau) ont été présents, à titre de commentateurs de la Commission Bastarache. « On voulait du sang, et là, on se retrouve avec des doutes et de la paperasse », lançait Michel Bergeron au terme d’un « combat » sans issue.
Les Zaps en chansons
Les incontournables chansons des Zapartistes, elles, se sont avérées plutôt concentrées vers la fin du spectacle (à l’exception d’une parodie de Ça m’énerve en levée de rideau et de la très bonne Libérez-nous de Péladeau, variation de la chanson coup-de-poing de Loco Locass), et généralement plus concises et punchées.
Les quatre artistes de l’humour engagé ont finalement rendu un hommage bien senti à leurs « pères spirituels », les Cyniques, en interprétant leur bien-nommée Chanson très vulgaire, dédiée à Charest.
Au final, il ne restait plus grand sujets d’actualité qui n’aient pas été couverts et bien que la qualité et l’hilarité eurent été variables, les Zapartistes demeurent aussi pertinents et drôles que l’on puisse l’être avec des sujets aussi désolants.
* Zap 2010 en 3D, la revue de l’année du groupe humoristique Les Zapartistes, est présenté au Métropolis, à Montréal, du 27 au 30 décembre 2010, ainsi qu’à Drummondville (6 janvier), Québec (8 janvier), Terrebonne (9 janvier), Gatineau (12 janvier), Trois-Rivières (14 janvier) et Sherbrooke (15 janvier) au début de 2011.
- Artiste(s)
- Les Zapartistes
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Métropolis - MTELUS
- Catégorie(s)
- Humour,
Vos commentaires