Gojira

Critique | Gojira au National de Montréal

Une file d’attente qui tourne au coin de la rue, guichet fermé depuis trois semaines, des billets qui se vendent 80 dollars au marché noir, un pauvre gars avec une pancarte « je cherche un billet » : il est clair qu’un événement se prépare au National ce soir. C’est la première venue en tête d’affiche du phénomène français Gojira, accompagné par le suédois déjanté Devin Townsend, grosse soirée en perspective.

Ce sont les Américains The Atlas Moth qui ouvrent le bal avec un métal sombre et lourd, très down tempo, appuyé par trois guitares et une voix très agressives : peut-être pas le genre du public ce soir, mais une très bonne surprise car dans le genre sludge/stoner, les gars maîtrisent leur élément, leur son, à découvrir!

Photo par Renaud Sakelaris.

Devin Townsend Project. Photo par Renaud Sakelaris.

À peine la première partie finie que l’écran géant au-dessus de la scène commence à diffuser des vidéos et montages photos assez hilarants de Devin Townsend, dont un frappant de ressemblance avec Voldemort !

Pendant que des vaches headbanguent dans tous les sens sur l’écran, les techniciens installent trois podiums de métal sur lesquels arrivent alors les suédois. Honnêtement si le groupe s’arrêtait à jouer son métal industriel, le tout serait vite lassant.Mais c’est sans compter l’incroyable leader Devin Townsend et la touche de second degré.

Profitant de la date, l’homme n’hésite pas à faire des commentaires provocants sur la St-Valentin, dont un très bien placé sur cette partie de la rue Sainte-Catherine du genre : « Êtes-vous tous hétérosexuels ? Parfait c’est ce que veut Dieu ! Oh come on, let’s suck each other’s c*** » ! Les suédois nous livrent ainsi une heure de prestation solide musicalement et avec humour, terminant par Lucky Animals.

 

Le plat de résistance : Gojira

Enfin la scène du National est totalement libérée pour accueillir le groupe de métal français le plus connu du moment sur la planète, Gojira, véritable OVNI du genre. Sous une ovation, les 4 frenchies rentre dans le vif du sujet avec Explosia, extrait du dernier album. Et ça envoie, plein les oreilles, mais aussi plein les yeux.

Photo par Renaud Sakelaris.

Gojira. Photo par Renaud Sakelaris.

En plus d’un son massif et puissant, le groupe nous présente un superbe fond de scène avec la tête de l’Enfant Sauvage derrière le haut podium, sur lequel Mario Duplantier frappe ses futs avec une précision chirurgicale. A la fois lumineux puis faisant office d’écran pour des projections, la tête trône devant un fond étoilé.

Pour couronner le tout, le light-show est remarquable, très bien travaillé, ajoutant définitivement à l’efficacité du spectacle. Joe Duplantier s’adresse avec politesse et humilité au public montréalais, sans oublier d’adresser quelques mots en anglais pour les fans anglophones, plutôt nombreux.

Le groupe puise évidemment dans son album classique From Mars To Sirius avec des tueries comme The Heaviest Matter of the Universe ou Flying Whales, sans oublier des extraits de The Way of All Flesh. Rien à dire, les 4 musiciens sont brutalement bons et forment un bloc détruisant tout sur son passage à coup de rythmiques lourdes et saccadées.

Que l’on aime ou pas, impossible de nier la performance de Gojira, et surtout leur singularité musicale. A la fois brutal et mélodique, varié et efficace, planant et pesant, leur métal ne laisse pas indifférent.

Qui plus est, le groupe véhicule un message positif, spirituel et en faveur de la protection de l’environnement, un concept assez unique chez les groupes avec un chant typé death metal. Avez-vous déjà vu une table de merch dans un show métal avec des dépliants sur la protection des phoques et des baleines ?

Le groupe revient pour un rappel avec The Gift of Guilt et son riff mélodique en tapping, avant de saluer le public québécois qui en redemande. Une performance scénique superbe, pas une note à coté, une machine humaine musicale millimétrée, une puissance maîtrisée, et par-dessus-tout au nom de valeurs positives et spirituelles : bravo Gojira. Pour une fois, les Français ont de quoi être fiers!

(NDLR : l’auteur de cet article est Français).

Photos en vrac
(par Renaud Sakelaris)

Gojira

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Devin Townsend Project

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The Atlas Moth

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