Father John Misty

Critique | Father John Misty au Théâtre Corona de Montréal

À peine deux mois après son passage à Osheaga, l’excentrique J. Tillman – qui performe sous le pseudonyme de Father John Misty depuis un an et demi environ – était de retour à Montréal.  Sauf que cette fois, le coloré personnage se présentait seul sur scène, avec sa guitare, une quinzaine d’excellentes chansons (dont quelques nouvelles) et son charmant humour pince-sans-rire.  Agréable soirée en compagnie du troubadour indie-folk.

Father John Misty s’est d’abord pointé sur scène afin de présenter lui-même l’artiste qui allait assurer sa première partie. « Veuillez accueillir la voix d’une génération : Kate Berlant ».

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Kate Berlant. Photo par Marc-André Mongrain.

La brunette frisée en question s’est approché du micro avec sa guitare acoustique. Avant d’entamer sa première chanson, elle se présente, explique ceci, justifie cela, dévie le sujet, déblatère, cabotine, dirige la machine à glace sèche vers la foule…

Au bout de cinq minutes de ce petit jeu, on comprend que Kate Berlant est une humoriste et non une chansonnière et que son numéro consiste à étirer de façon absurde l’introduction précédant sa première chanson, qui ne viendra jamais. Sympathique et rafraîchissant.

Arrive ensuite Tillman, accueilli à tout rompre sous sa tête de mascotte lapin (qui lui servira de seul élément de décor, une fois retirée). Il est cinq minutes à l’avance sur l’heure prévue, ce qui ajoute à son image de gentleman anti-rock-star.

Comme d’habitude, tous les yeux sont rivés sur Tillman, une bête de scène s’il en est une. Même si, en l’absence d’un quelconque décor ni un band derrière lui, on pourrait difficilement faire autrement.

Photo par M-A

Father John Misty. Photo par Marc-André Mongrain.

 

Un homme, sa guitare et son sens de l’humour

Ceux (et surtout celles) qui apprécient Father John Misty pour ses déhanchements et ses petits pas de danse seront déçus : Tillman joue de la guitare acoustique ce soir et l’emphase sera davantage sur les textes, portés avec brio par cette voix puissante.

La plupart des titres de son album Fear Fun furent interprétés : I’m Writing a Novel, 
Only Son Of The Ladiesman, Hollywood Forever Cemetery Sings,  I Love You, Honeybear, ainsi que Every Man Needs A Companion, et O I Long to Feel Your Arms Around Me au rappel.

Ajoutez à cela une superbe reprise de Lady With the Braid de Dory Previn (chanson relativement obscure d’une chansonnière qu’il a présentée comme étant canadienne, même si ce n’est pas le cas), ainsi que cinq nouvelles chansons, dont une excellente, intitulée Bored In The U.S.A. Il y en avait une autre, aussi, non-identifiée, qui débutait par un couplet typique de l’esprit de FJM : « I just love the kind of woman / who just walks over man / I mean just like / a fucking marching band « .

 

Évidemment, les chansons de Father John Misty regorgent d’humour subtile. Et son attitude sur scène aussi. Entre deux chansons, par exemple, il propose à la foule une « expérience interactive » qu’il est en train de tester. Un technicien de scène surgit de l’arrière-scène avec un grand cadre simulant les contours d’un iPhone, le plaçant directement devant l’artiste afin que la foule le voit « à travers l’écran » dudit appareil.

Ironiquement, la réaction spontanée de plusieurs dizaines de fans était de … sortir leur iPhone afin de prendre une photo !  L’artiste n’a pas hésité à souligner l’ironie de la situation.

Deux chansons plus tard, il en avait marre de cet élément de décor : « C’est bon, j’en ai assez de ce iPhone, laisse-t-il savoir au technicien de scène. Il est trop lent, vous pouvez le renvoyer au Cambodge ».

Ce genre d’interaction avec le public fait partie du charme de Father John Misty, tout comme ses petits mouvements de scène, et son amour pour les motifs colorés. En l’absence de ces deux derniers aspects, il fallait que le charisme opère, et J. Tillman n’a vraiment pas raté son coup.

Il faisait bon passer une soirée en tête-à-tête avec Father John Misty, mercredi soir. Le genre de rendez-vous qui ne se présente pas tous les jours.

 

 

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