Critique et photos: St. Vincent à Montréal

Samedi 17 décembre 2011 – Théâtre Corona (Montréal)

Annie Clark, dite St. Vincent, était de passage avec ses musiciens pour terminer sa tournée en beauté avec un dernier concert au Théâtre Corona, à Montréal. L’excentrique rockeuse texane a été fidèle à sa réputation et à la hauteur de son excellent nouvel album Strange Mercy, qui a dominé la grille de chansons.

Photo par Marie-Pier Gagnon Nadeau

« Je ne vois pas de meilleur endroit pour terminer notre tournée », laissait-elle entendre entre 2 chansons, avec son charme timide.

Timidité dont il faut se méfier, d’ailleurs. La jeune dame, dont l’univers musical se trouve à l’intersection des belles années de PJ Harvey et de Kate Bush, a beau afficher un calme presque placide par moments, ce n’est que pour mieux exploser l’instant suivant.

Le pauvre thérémine placé au milieu de la scène en aura été la victime lors de l’interprétation de Northern Lights, qui s’annonçait pourtant bien polie. L’instrument à antenne n’aura eu pour usage qu’un « solo » digne d’un test d’acouphènes avant d’être violemment poussé au sol par la chanteuse, qui affichait ce demi-sourire de gamine prenant plaisir à jouer les vilaines filles.

Plus tard, au rappel, elle débutait Your Lips Are Red de façon harmonieuse. Le public était loin de se douter que la jeune dame à la chevelure hirsute allait finir par surfer la foule sur le dos, tout en assénant un solo de guitare tonitruant. De girl next door à rockstar déchaînée en quelques secondes, aller-retour.

 

Guitare musclée, voix angélique

Photo par Marie-Pier Gagnon Nadeau

Cette présence de scène dichotomique est à l’image de la musique: lorsque le jeu de guitare inventif de Clark intervient, ça ajoute de la gueule à l’interprétation un peu robotique de ses 3 musiciens. Même s’ils savent eux aussi mettre le feu aux poudres lorsque la situation s’impose, comme en fait foi le solo de synthé « wah-wahisé » de Dilettante par exemple.

Ça fait partie du charme de St. Vincent: les arrangements de guitares imprévisibles, teintés d’un fuzz impudent, et les solos endiablés qui contrastent avec la gentille posture de la belle chanteuse et sa voix angélique, son arme de prédilection.  Le contrôle vocal de Clark, son timbre céleste et une diction qui met en valeur les habiles jeux de mots contenus dans les textes ingénieux de St. Vincent forment une formule gagnante, appuyé par des arrangements inspirés et bourrés de surprises.

Plus musclées et échevelées sur scène que sur disque, les chansons de St. Vincent perdent un peu en subtilité mais gagnent en énergie. Le charisme d’Annie Clark, difficile à définir, y est pour beaucoup. Quoi qu’il en soit, les 2 expériences en valent certainement le coup: Strange Mercy est un album incontournable auquel il faut jeter une écoute attentive, et St. Vincent demeure un projet à voir sur scène.

C’est sans doute parmi ce qui se fait de plus pertinent dans le genre ces dernières années.

Photos en vrac (par Marie-Pier Gagnon Nadeau)


Grille de chansons
Surgeon
Cheerleader
Chloe in the Afternoon
Save Me From What I Want
Strange Mercy
Dilettante
Just The Same But Brand New
Actor Out of Work
Champagne Year
Neutered Fruit
Cruel
She is Beyond Good and Evil (reprise de The Pop Group)
Northern Lights
Year of the Tiger
Marrow

Rappel
The Party
Your Lips Are Red

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