Depeche Mode

Critique | Depeche Mode au Centre Bell de Montréal

Il y a avait de la grande visite en ce mardi soir au Centre Bell : Dave Gahan et Depeche Mode étaient de passage pour la première fois depuis 2009. Le groupe est venu présenter à 12 500 de ses fans québécois quelques chansons de son treizième album Delta Machine, paru en mars 2013, ainsi que ses (très) nombreux succès.

C’est devant un immense écran difforme que les membres de Depeche Mode ont pris place sur scène. L’étrange forme polygonale de l’écran permet en fait la division de celle-ci en triangles ; c’est le Delta Machine Tour, après tout.

20130903-230131.jpgLe concept des multiples de trois est d’ailleurs respecté tout au long de la soirée. Déjà, en partant, DM est un trio : le flegmatique Andy Fletcher derrière ses claviers, Martin Gore à la guitare (et au chant sur trois chansons solo) et, bien sur, le charismatique Dave Gahan au chant et à l’animation de foule. S’ajoutent deux membres de tournée : le multi-instrumentiste Peter Gordeno et le batteur Christian Eigner complètent le tout. Mais à la base, Depeche Mode est comme une trinité, disons, isocèle.

Au fond, Gahan, sa voix baritone et son « mojo » forment aussi un trio d’enfer, réuni en un seul corps. Et tout un corps. À 51 ans, qui ne souhaiterait pas être aussi svelte, charnel et à l’aise dans son corps que cette fascinante bête de scène, qui ne montre aucun signe de fatigue.

Côté chant, Heaven n’était pas tout à fait juste, et on ne peut pas dire que les compositions de DM exigent des prouesses époustouflantes de sa part, en général. Mais peu importe, Dave Gahan demeure l’étoile du match, celui sur qui tous les yeux sont rivés, comme un Nick Cave du synthpop. Il était tout à fait à la hauteur de sa réputation.

Évidemment, Depeche Mode dispose d’un répertoire enviable pour monter un show d’amphithéâtre de deux heures. Même les titres du plus récent album (surtout Welcome To My World, Angel et Soothe My Soul) s’inscrivent plutôt bien au milieu des Walking In My ShoesBlack Celebration, Policy of Truth et autres Enjoy The Silence. Parce qu’elles sont bien écrites et bien arrangées, mais aussi grâce à la présence entraînante du chanteur, qui rendrait une mauvaise chanson divertissante simplement par ses petits pas de danse et sa gestuelle expressive.

Le visuel aussi venait ajouter à la grandeur du spectacle proposé. Jamais simplistes, les projections sont au contraire plutôt ingénieuses et réussies, même si on se demande bien l’intention derrière ces trois contorsionnistes filmées dans des boîtes de vitre, dont le résultat était projeté durant Enjoy The Silence. À part que les corps féminins formaient des triangles – encore cette forme.

Les titres chantés par Martin Gore au milieu du set (l’ennuyeuse The Child Inside et But Not Tonight) ont malheureusement refroidi les ardeurs, mais ce n’était rien que Gahan ne pouvait récupérer aussitôt revenu sur scène pour la deuxième partie du spectacle.

La finale, avec Personal Jesus et un généreux rappel de cinq chansons (dont Just Can’t Get Enough, Feel You et l’incontournable Never Let Me Down Again) n’a pas manqué de semer l’hystérie dans le Centre Bell.

Deux heures après le début de la prestation, les 12 500 fans réunis en auraient encore pris.

Très bon concert de la part d’un légendaire groupe qui prouve une fois de plus sa pertinence parmi les grandes tournées modernes.

Grille de chansons

Welcome to My World
Angel
Walking in My Shoes
Precious
Black Celebration
Policy of Truth
Should Be Higher
Barrel of a Gun
The Child Inside (par Martin Gore)
But Not Tonight (par Martin Gore)
Heaven
Soothe My Soul
A Pain That I’m Used To
A Question of Time
Enjoy the Silence
Personal Jesus

Rappel
Home (par Martin Gore)
Halo
Just Can’t Get Enough
I Feel You
Never Let Me Down Again

Vos commentaires