Murray Head

Critique | Dave Matthews Band au Centre Bell : Un buffet all-you-can-hear

Le Dave Matthews Band, icône du rock alternatif d’il y a quelques décennies, revenait ce mercredi au Centre Bell pour la première fois en 6 ans. Avec en première partie… le Dave Matthews Band. Les gars ont la réputation d’être généreux, et avec ce double rendez-vous, ‘mettons qu’on comprend d’où ça leur vient.

La formule était la suivante:

La première partie, débutant vers les 19h, présentait Matthews dans son plus simple appareil. Son plus simple appareil voulant dire « seul avec sa guitare acoustique », et non « flambant nu », en passant.

Matthews s’est donc approché, a fait quelques remerciements, quelques mauvaises blagues de pains baguettes – parce que c’est bien connu, on parle français au Québec, donc on est pareil comme les Français – puis s’est mis à l’ouvrage avec Take Me To Tomorrow, reprise de la légende du country John Denver.

Une pièce plus tard, son très bon ami Tim Reynolds, avec qui il joue en duo sporadiquement depuis presque le début de sa carrière, est venu se greffer, sous les hurlements de la foule.

Reynolds restera tout au long du spectacle, s’occupant officiellement du rôle de guitariste. Et de maudit bon guitariste, à part de ça.

Une chanson plus tard, se sont un percussionniste, un bassiste, un trompettiste, un violoniste et un saxophoniste que se sont ajoutés.

La bande pigera allègrement dans sa dizaine d’albums pour en ressortir des What Would You Say et des Space Man.

Toutes des pièces qui nous font remarquer à quel point ce doit être complexe de jouer des riffs polyrythmiques tout en chantant et en faisant des petits pas de danse. Chapeau pour ça, Dave.

Mais rendu à ce moment, on était en droit de se poser une question : Ok, le concept c’est un set acoustique, mais là, le groupe au complet y est, et il n’y a absolument aucun accessoire de scène. Genre pas vraiment de jeux de lumière, même pas d’écrans géants pour permettre aux gens plus éloignés de discerner ce qui se passe sur scène.

Est-ce vraiment digne du groupe qui, année après année, remporte le titre de formation retirant le plus de profits de ses tournées ? Ou est-ce justement le désir, de faire ça simple ?

La réponse après l’entracte.

 

Entracte : prisonnier du Centre Bell

Petit deux secondes pour parler de l’entracte, d’ailleurs : le Centre Bell vient tout juste d’introduire une nouvelle procédure qui interdit à quiconque de sortir de l’aréna pendant toute la durée du concert.

En fait, tu peux sortir, mais si tu sors, tu ne reviens pas. Ce qui n’est particulièrement optimal quand tu as payé 100$ pour être là.

Évidemment, le tout a donné lieu à quelques frictions entre les employés chargés de retenir les gens et les fumeurs qui avaient une envie de nicotine. La réaction de la foule était d’ailleurs tout à fait justifiée parce que le nouveau règlement semblait a priori sortir de nulle part et les employés du Centre Bell avait l’air de juste semi savoir quoi répondre à la brûlante question « What the fuck? ».

*Un vigilant lecteur nous mentionnait tout à l’heure que la procédure à été mise en place à la suite des tragiques évènements d’Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu. N’empêche, c’est le genre de truc qui mériterait d’être communiqué de manière plus efficace, pourquoi pas au même titre des autres restrictions qui se trouvent directement sur les billets.

 

Après l’entracte : volet électrique

Retour à Dave Matthews et son set électrique.

Dès le départ, trois choristes se joignent à l’équipe. Puis, enfin, on dévoile le méga-écran qui se trouvait au fond de la scène.

La forme d’arche de l’écran, jumelé aux voix gospels de ces nouvelles choristes donne un petit je-ne-sais-quoi d’évangélique à cette deuxième partie.

Bref, c’est là que le vrai DMB se met en branle. Finalement, on a droit aux longs jams caractéristiques des spectacles du groupe.

Les chansons s’étirent, les grooves changent, y’a de tout.

En fait, c’est ça le beau d’un concert du Dave Matthews Band. C’est que ça fonctionne un peu sous la formule de buffet. Un genre de All-you-can-hear où tu peux te resservir une assiette de solos de violons, de cuivres, de musique du monde, de jazz, de rock, avec un side de flûte traversière.

Mieux encore, le menu n’est jamais le même.

Parce que Dave et sa gang ont fait une tradition de changer le setlist après chaque concert. Ce qui veut dire que la foule du Centre Bell n’a pas eu droit aux mêmes chansons que la foule torontoise de la veille.

Et tu sais que t’as un pas pire catalogue quand tu peux te permettre de jouer à ce jeu tout au long d’une tournée de 7 mois.

Catalogue qui ne cesse de s’agrandir, comme en témoigne la toute nouvelle pièce Virginia in the Rain, que Matthews a interprétée au clavier en fin de spectacle.

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