Critique concert: U2 à Montréal
Un happening à la hauteur des attentes
Vendredi 8 juillet 2011 – Hippodrome de Montréal
Le retour tant attendu de U2 à Montréal a finalement eu lieu – un an après la date originalement prévue – et en aura mis plein la vue au public québécois. À moins d’un imprévu majeur demain (samedi) soir, le happening musical de l’été à Montréal restera longtemps gravé dans la mémoire de 160 000 personnes.
Dans un Hippodrome métamorphosé afin d’imiter à la perfection les grands stades de football américain, 80 000 fans de U2 de tous âges s’étaient donnés rendez-vous afin d’assister au déploiement de l’un des concerts rock les plus imposants qui soit.
La prestation, grandiose, bourrée d’extraits à succès et sans bavure, était rodée au quart de tour, tout comme l’impressionnante technique qui la soutenait.
La gigantesque « pince » (The Claw) dominait une large scène circulaire encerclée par une passerelle en anneau. La scène et la passerelle étaient reliées par deux ponts mécaniques qui pivotent à l’occasion, comme les aiguilles d’un horloge.
Bono, le guitariste The Edge et le bassiste Adam Clayton habitaient cet espace comme si c’était leur cour arrière. Les 3 complices mobiles du quatuor se promenaient allègrement sur cette piste qui leur permettait de donner un véritable sens au 360 du nom de la tournée (U2 360 Tour).
La pince, elle, crachait des lumières dans tous les sens. Au-dessus de la scène, un écran à 360 degrés projetait ce qui se passait plus bas, en alternance avec des animations bien dosées. Constitué de centaines de losanges collés les uns aux autres, l’écran pouvait d’ailleurs se « dérouler » jusqu’à descendre à la hauteur des musiciens, un gros gadget qui ajoutait du charme au traitement visuel, à un moment précis du spectacle.
Côté visuel, d’ailleurs, U2 ne se contente pas de reproduire ce qui survient sur scène: l’esthétique des images prend des airs de vidéoclip tellement l’image est léchée et les plans judicieusement planifiés. Sublime travail, de ce côté.
Grille de chansons bien construite
Rien n’était laissé au hasard. Ni sur le plan technique, ni au niveau de la prestation. La grille de chansons (identique aux quelques spectacles précédents) était parfaitement construite pour créer une montagne russe d’émotions aboutissant sur un climax très réussi (Walk On, avant le rappel).
Évidemment, le quatuor irlandais a bombardé la foule de ses nombreux succès tout au long du concert: de Even Better Than the Real Thing en entrée de jeu à Sunday Bloody Sunday, les Mysterious Ways, Vertigo, Elevation et Pride (In the Name of Love) ont soulevé la foule.
Quelques bonnes idées ont trouvé leur chemin afin d’ajouter de la profondeur au bombardement (de succès) en règle. D’abord, cette thématique vaguement cosmique qui teinte l’ensemble de la production: de la version originale de David Bowie de Space Oddity en guise d’introduction à la réinvention de Beautiful Day, devenue une ode à l’exploration spatiale.
L’ajout de Zooropa à la liste de chansons venait également ajouter un petit côté plus dansant, presque électro, tout comme l’étonnante relecture de I’ll Go Crazy If I Don’t Go Crazy Tonight qui se terminait sur un extrait de Discotheque.
Bono s’est également permis quelques petites coquetteries locales: plusieurs politesses en français (dont un monologue assez rigolo où il comparait la venue du groupe et sa tournée canadienne à la tournée royale de Kate et William!), des mentions de Guy Laliberté dans son hommage à l’exploration spatiale et même une citation de Leonard Cohen (une superbe ligne de la chanson Anthem insérée subtilement dans Until The End Of The World).
Les rappels
Au premier rappel, les incontournables One et Where the Streets Have No Name auraient mieux terminer la prestation que les suivantes: Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill Me qui n’a semblé brancher qu’une poignée d’irréductibles en dépit de sa mise en scène assez éclatée, et With or Without You qui n’avait pas la même portée que Streets dans le même genre.
La touchante Moments of Surrender est toutefois un choix très adéquat pour faire « atterrir » le public survolté. Si magique que sa dernière note a littéralement déclanché un violent orage qui a compliqué le retour au bercail de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs…
Mais bon, il faudrait être de mauvaise foi pour trouver un tort sérieux à cet événement fédérateur et absolument réussi, dans son genre. En matière de concert grand public (et à grand déploiement), on peut difficilement trouver mieux.
Grilles de chansons
Jour 1 (Marc-André Mongrain) |
Space Oddity (enregistrement, David Bowie)
Even Better Than The Real Thing
The Fly
Mysterious Ways
Until The End Of The World
I Will Follow
Get On Your Boots
I Still Haven’t Found What I’m Looking For
Stay (Faraway, So Close!) (Version acoustique)
Beautiful Day
Elevation
Pride (In The Name Of Love)
Miss Sarajevo
Zooropa
City Of Blinding Lights
Vertigo
I’ll Go Crazy If I Don’t Go Crazy Tonight
(+ extrait de Discotheque)
Sunday Bloody Sunday
Scarlet
Walk On
Rappel:
One
Where The Streets Have No Name
2e Rappel
Hold Me, Thrill Me, Kiss Me, Kill Me
With Or Without You
Moment of Surrender
Jour 2
(Éric Robillard)
Even Better than the Real Thing
The Fly
Mysterious Ways
Until the End of the World
Out of control
Get On Your Boots
All I Want Is You
Stuck in a Moment (Edge et Bono)
Beautiful Day
Elevation
New Year’s Day
Miss Sarajevo
Zooropa
City of Blinding Lights
Vertigo
I’ll Go Crazy If I Don’t Go Crazy Tonight
(+ finale Lady Marmelade)
Sunday Bloody Sunday
Scarlet
Walk On
Rappel 1
One (avec Hallejuah)
Where the Streets Have No Name
2e Rappel
Ultraviolet
With or Without You
Moment of surrender
Historique des shows de U2 à Montréal
par Éric Robillard
1981- U2 est venu pour la première fois à Montréal le 9 mars 1981, à la salle de spectacle Le Club. Il n’y a pas de grille de chansons officielle qui circule au sujet de ce concert, nous savons seulement que I will follow et 11 O’clock Tick Tock ont étés joués. U2 ouvrait et terminait la plupart de ses spectacles en interprétant en double la chanson The Ocean.
1985- Il faudra patienter jusqu’au 27 mars 1985 lors de la tournée The Unforgettable Fire afin de revoir U2 à Montréal. Un arrêt était prévu au Forum de Montréal. Une rareté à ce concert: la chanson Wire et la bande a effectué un rappel de 3 chansons dont une reprise de Bob Dylan: Knockin’ on Heaven’s Door.
1987- U2 revenait dans la Métropole québécoise le vendredi 1er octobre 1987 pour un concert au Stade Olympique alors que Bono avait un bras dans le plâtre. Le groupe était sur toutes les lèvres depuis la sortie récente de l’album The Joshua Tree. 19 chansons ont étés joués dont 2 reprises : Help! des Beatles et People Get Ready de Curtis Mayfield. Cette tournée a donné lieu à l’album Rattle and Hum.
1992- De retour en force après quelques problèmes pour Clayton (consommation) et The Edge (divorce), U2 surfait la vague de son album Achtung Baby et se lançait dans une série de concerts en arénas, dont un arrêt le 23 mars 1992 au Forum. 21 chansons ont été interprétées dont une face B qui fera son apparition en CD beaucoup plus tard en 1993: Slow Dancing, écrite pour Willie Nelson. Le groupe revient 5 mois plus tard, soit le 27 août 1992 au Stade Olympique, avec un 1er concept de scène grandiose en Zoo TV. 22 chansons ont été jouées et le Montréalais Daniel Lanois était invité à venir jouer de la guitare pendant I Still haven’t found what I’m looking for.
1997- Il faudra encore patienter jusqu’au 2 novembre 1997 au même endroit avec 22 autres chansons dont Sunday Bloody Sunday interprété doucement par The Edge. 53 000 personnes étaient présents et Bono a pris le temps de féliciter un nouveau champion en formule 1 cette année-là: Jacques Villeneuve !
2001- U2 revient les 27 et 28 mai 2001 dans un Centre Bell bondés de gens lors de la tournée Elevation tour. Un léger problème de voix et de fatigue lors du 2e spectacle force Bono à ne pas effectuer la chanson The Ground Beneath Her Feet qui figurait sur la grille de chansons. Un 3e spectacle de cette tournée sera ajouté le 12 octobre 2001 au Centre Bell avec 20 chansons dont une reprise avec What’s Going On de Marvin Gaye, en hommage aux attentats du 11 septembre 2001.
2005- Le dernier passage de U2 remonte aux 26 et 28 novembre 2005, toujours au Centre Bell, lors de la tournée Vertigo. Daniel Lanois est venu rejoindre U2 pendant l’interprétation de la chanson Bad pour le premier spectacle et un groupe Montréalais à peine connu ouvrait la soirée: Arcade Fire! Ces derniers sont venus rejoindre le groupe principal pour effectuer une reprise du groupe Joy Division, Love will Tear Us Apart lors du 2e concert.
Qu’est-ce que U2 nous réserve en invité surprise pour les concerts de ce week-end ? Nous le saurons d’ici quelques heures ! Ils effectueront leur 12e et 13e spectacle en sol québécois depuis 30 ans! Bon concert à tous !
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