Roger Daltrey

Critique concert: Roger Daltrey à Montréal

Salle Wilfrid-Pelletier – 27 septembre 2011

Les personnes présentes ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal ont eu droit à un fantastique voyage dans le temps grâce à Roger Daltrey et son groupe de musiciens, qui ont ramené le public dans les années 60 et 70 l’instant d’une soirée intense de rock classique pur et dur.

Roger Daltrey, dont les visites à Montréal se font très rares, semblait en pleine forme physique du haut de ses 67 ans. Débutant la soirée avec l’intégral de l’opéra rock Tommy, de son groupe légendaire The Who, le chanteur et sa bande ont joué chaque pièce de l’album, sauf l’instrumentale Underture.

De Overture à We’re Not Gonna Take It, en passant par Christmas, Pinball Wizard et Sally Simpson, le tout fut interprété avec une énergie admirable et un savoir-faire musical de haut niveau, malgré quelques pépins techniques.

Les joies de la technique

Daltrey a éprouvé des problèmes avec le nouveau système de son que le chanteur teste sur cette tournée,  un système qui permet de réduire le volume sonore sur scène. Ce qui offrirait la chance à son collègue de The Who, Pete Townshend, aux prises avec de graves problèmes d’ouïe, de remonter éventuellement sur les planches. Daltrey a semblé agacé à quelques reprises, surtout pendant Go To The Mirror Boy, faisant des signes au technicien de son et ne semblant pas bien entendre dans ses écouteurs.

Ceci dit, le chanteur a encore la voix solide. Opéré l’an dernier pour des tumeurs précancéreuses dans la gorge, Daltrey est régulièrement suivi et prend soin de sa voix. Celle-ci n’a pas toute la richesse qu’elle a déjà eue, mais Daltrey atteint encore les notes haut perchées, et oscille toujours entre la douceur et la férocité comme il sait si bien le faire.

Le vétéran bouge comme lors des belles années de The Who, tournoyant sur lui-même en jouant avec son micro tel un lasso (ce qui, chaque fois, a provoqué des manifestations de joie dans la foule). Sa fougue est évidente et son enthousiasme contagieux.

Du talent sur scène

Le chanteur est entouré de musiciens très compétents. Simon Townshend (le frère de Pete) l’accompagne à la guitare et au chant (il reprend les parties chantées de Pete, dont la pièce Acid Queen, très réussie). Scott Deavours, à la batterie, reproduit assez bien le son du légendaire et défunt Keith Moon, sans en avoir la folie ni la magie. Il est très talentueux, mais son jeu manque de personnalité. Même constat pour Jon Button à la basse, complètement effacé par rapport au reste du groupe, on en oublie presque qu’il est là. Loren Gold, aux claviers, appuie le jeu des autres musiciens avec quelques passages de piano ici et là, mais demeure lui aussi très discret.

Quant à Frank Simes, directeur musical de la tournée et guitariste électrique, au look tout droit sorti d’un groupe hard rock des années 90, il s’avère un excellent musicien, capable de reproduire au détail près les différents passages de Pete Townshend. Son jeu est fluide, dynamique, et tout à fait dans le ton et l’esprit de cette musique.

Après une interprétation magistrale de Tommy qui a duré une bonne heure, le spectacle s’est poursuivi avec plusieurs succès de The Who, dont I Can See For MilesSqueeze Box (une belle surprise), Pictures of Lily, l’incontournable Who Are You, et l’également incontournable Baba O’Riley (que la foule a entonnée avec le chanteur).

Quelques pièces de la carrière solo de Daltrey ont été incluses dans la grille de chansons, telles que Days of Light et Without Your Love, mais ce sont évidemment les hymnes classiques de The Who qui ont eu le plus de succès auprès de l’auditoire.

La soirée, au bout de deux heures et demie sans entracte, s’est terminée avec une touchante version de Blue, Red & Grey, jouée par Daltrey au ukulele, accompagné de la basse et du clavier. Beau moment, très doux, très poignant et du même coup joyeux. Une belle façon de dire au revoir à un public qui en a redemandé, mais il n’y eut point de rappel.

Qu’on se console : ce n’est pas tous les jours que l’on peut assister à un spectacle d’une telle légende du rock, un spectacle qui, bien qu’imparfait, a su combler les attentes et a fait revivre de belles années au public présent. Remercions Roger Daltrey et son groupe pour cette visite en sol québécois. Leur enthousiasme était contagieux ce soir, et il a fait bon de réentendre ces classiques chantés par leur interprète original.

Grille des chansons :
1. Overture
2. It’s A Boy
3. 1921
4. Amazing Journey
5. Sparks
6. Eyesight To The Blind
7. Christmas
8. Cousin Kevin
9. The Acid Queen
10. Do You Think It’s Alright?
11. Fiddle About
12. Pinball Wizard
13. There’s A Doctor
14. Go To The Mirror
15. Tommy Can You Hear Me?
16. Smash The Mirror
17. Sensation
18. It’s A Boy (Reprise)
19. I’m Free
20. Miracle Cure
21. Sally Simpson
22. Welcome
23. Tommy’s Holiday Camp
24. We’re Not Gonna Take It

25. I Can See For Miles
26. Squeeze Box
27. Behind Blue Eyes
28. Pictures of Lily
29. Days of Light
30. Freedom Ride
31. Going Mobile
32. Tatoo
33. Who Are You
34. My Generation
35. Young Man’s Blues / Water
36. Baba O’Riley
37. Without Your Love
38. Blue Red & Grey

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