Critique concert: Le retour de Soundgarden au Bluesfest d’Ottawa

Un retour plus ou moins à point

Mardi 5 juillet 2011 – Plaines LeBreton (Bluesfest d’Ottawa)

Nouvellement réuni, le groupe phare du grunge Soundgarden effectuait, hier soir au Bluesfest d’Ottawa, l’un de ses premiers concerts après 14 ans d’absence. Tout indique qu’il faudra attendre encore un peu avant de les voir à l’oeuvre au Québec… et c’est peut-être mieux ainsi.

Soyons justes et mettons les choses en contexte: il s’agissait en réalité du 3e concert de Soundgarden depuis sa résurrection, après Toronto et London le week-end dernier. Mais puisque le groupe a déclaré publiquement que cette tournée n’était qu’un début pour cette renaissance du groupe, force est d’admettre qu’il faudra d’abord peaufiner bien des choses avant de passer à la prochaine étape.

Faux départ

Le concert a débuté de façon assez abrupte et engourdie. Sur l’autre scène tout juste à côté, les confettis des Flaming Lips n’avaient pas encore fini de retomber que déjà, les lourdes guitares de Kim Thayil et Chris Cornell retentissaient sur les battements de Matt Cameron. Black Rain était entonné et la voix de Cornell visait déjà le haut de la portée, ratant la cible à l’occasion.

Les quatre compères semblaient nerveux, un peu statiques sur scène et brouillons dans l’exécution. La sono n’aidait en rien, prenant un temps fou à s’ajuster au style mordant que préconise Soundgarden, alors que les tempos de Searching With My One Good Eye et Let Me Drown semblaient décalés ou ralentis. Le vocaliste cherchait encore ses repères dans ce haut registre qu’il s’était imposé lors de l’écriture de ces chansons plus hard rock.

Heureusement, les choses se sont graduellement replacées: Spoonman n’était, encore là, pas aussi ferme qu’elle se doit mais l’énergie véhiculée commençait à prendre forme. C’est plutôt avec le tandem Jesus Christ Pose et My Wave que tous les éléments sont rentrés dans l’ordre, un timing parfait puisque les chansons les plus rassembleuses s’en venaient: les slows rock par excellence Fell On Black Days et Black Hole Sun.

Avec Chris Cornell de retour à son look « homme des cavernes », ces nombreux hits des belles années du grunge et cette énergie primale digne de l’époque où l’Auditorium de Verdun était presque un lieu culte, Soundgarden avait alors le public dans sa poche.

Le leader s’est mis à apprivoiser la scène, à l’habiter davantage, pendant que Thayil déchiquetait des solos créant un maelströms vertigineux. Cameron et Ben Shepherd se fusionnaient de mieux en mieux. L’orage Soundgarden battait son plein.

Climax prometteur

La prestation a atteint son apogée avec Rusty Cage et Outshined, deux classiques interprétés avec brio. S’il ratait quelques notes en début de spectacle, Cornell était maintenant tout en voix et prouvait hors de tout doute qu’il a encore le coffre pour mettre en valeur ces mélodies vocales exigeantes qui ont fait la renommée de Soundgarden.

L’intense Behind the Wheel a terminé la prestation tout en bruit et en puissance. Libéré de sa guitare, le chanteur en a profité pour prendre un bain de foule bien mérité pendant que les retours de son sur scène se greffait au tourbillon sonore.

Avec une sélection de titres pour le moins douteuse – Loud Love, une version pas très réussie de Superunkown et l’interminable Slaves and Bulldozers – le rappel n’a rien ajouté qui pouvait atteindre ce niveau à nouveau. Ces 20 longues minutes additionnelles ont plutôt eu l’effet d’un calmant avant de quitter les lieux.

La suite des choses

« Nous reviendrons bientôt… avec de nouvelles chansons! », s’est exclamé Cornell avant le rappel. Ce sera là le vrai test pour Soundgarden, version 2011: le quatuor se contentera-t-il de surfer la vague de nostalgie qui souffle sur la génération X en proposant un album anachronique ou s’il prendra le pari de se moderniser et d’embarquer dans le courant des choses avec pertinence?

Photos en vrac (par Marc-André Ménard)

Grille de chansons

Black Rain
Searching with my good eye closed
Let me drown
Spoonman
Jesus christ pose
My Wave
The Day I Tried to Live
Blow up the Outside World
Hunted Down
Ugly truth
Fell on Black Days
Burden In My Hand
Black Hole Sun
Rusty Cage
Outshined
Beyond the Wheel

Rappel
Loud Love
Superunkown
Slaves and Bulldozers