Critique concert: Britney Spears à Montréal
Jeudi 11 août 2011 – Centre Bell (Montréal)
Britney Spears était de passage à Montréal afin d’offrir son plus récent spectacle aux milliers de spectateurs réunis au Centre Bell.
C’est comme si le temps avait été figé. D’un côté, des jeunes filles pré-pubères qui chantent les chansons de leur idole et qui dansent; de l’autre, une blonde qui fait semblant de chanter et qui se dandine. Tout ce qui a changé, en fait, c’est la quantité de chansons dans son répertoire. Pour le reste, tout est pareil. Et ça fait un peu démodé.
Le spectacle (on évitera le terme «concert») démarre sur des projections vidéo à l’arrière-plan de la scène. Cette dernière est d’ailleurs assez impressionnante; en plus de la scène habituelle du Centre Bell, une plateforme en forme de grosse croix a été rajoutée en son centre, avec, bien entendu, une allée qui s’y rend. La scène à elle seule doit prendre la moitié du parterre, qui est saturé de fans en tout genre.
Britney Spears arrive donc à travers l’écran, qui s’ouvre comme le portail d’un abri nucléaire. Assise sur un trône, elle entonne Hold It Against Me. La première chose qui frappe, c’est le budget évident dont la mise en scène a profité. En plus de l’écran gigantesque qui recouvre le mur arrière, il y a plusieurs trous sur la scène par lesquels la chanteuse et ses danseurs passent constamment.
Parmi les effets scéniques, on retrouvera également cinq écrans suspendus qui se déplacent, des lasers, des feux d’artifice et d’autres effets pyrotechniques.
Playback et danses minimales
Up N’Down commence, les écrans laissent apparaître des soldats brandissant des fusils sur lesquels sont placés des pointeurs laser. Pour rajouter de l’effet, des lasers rouges s’extirpent des profondeurs de la scène et semblent viser le plafond, dansant en suivant le rythme imposé par la musique. Dès lors, on se rend compte que la jeune femme, qui aura 30 ans cette année, ne chante pas vraiment et a du mal à synchroniser ses lèvres avec les bandes audio.
Pire encore, elle ne danse pas vraiment, se contente de bouger les bras et l’arrière-train alors que son équipe de gymnastes réussit assez bien à présenter les différentes chorégraphies.
Cette même musique est, bien entendu, une bande sonore qu’un quelconque technicien fait passer dans les haut-parleurs. Deux claviéristes sont perchés de chaque côté de la scène, et on y croirait volontiers. Cependant, le fait que la musique ne s’arrête pas quand ils se trouvent en coulisse nuit légèrement à l’immersion.
Le spectacle en tant que tel jouit de moyens extraordinaires: sur How I Roll, une voiture est dépêchée de l’arrière-scène. Malheureusement, tout comme le reste du spectacle, ce numéro est terni par une ambiance démodée, qui relève du cliché. Britney danse sur sa voiture alors que ses danseurs se meuvent d’une manière qui évoque tous ces « boys bands » et autres « Baby Spices » que l’on veut oublier. La voiture démarre, roule sur l’allée, se positionne sur la plateforme et celle-ci monte, représentant le crescendo vers le surfait dont souffre la prestation.
L’équipe sélectionne ensuite un spectateur (c’était arrangé, puisqu’il s’agissait finalement de Pauly D, de Jersey Shore, qui faisait d’ailleurs un DJ set en première partie) qui se verra ligoté à la décapotable lors de la chanson Lace and Leather. Il aura ensuite le privilège de se faire enrouler un boa fuchsia autour du cou, puis les jambes de celle qui enchantait ce soir l’aréna. La voiture finit par redescendre de la plateforme, retourne se cacher et on ne la reverra plus de la soirée…
Des spectateurs sur scène
Plusieurs spectateurs auront eu la chance ce soir de monter sur la scène. Ainsi, après le jeune homme sur la voiture, une dizaine de membres du public s’est retrouvée sur la scène, au milieu de l’équipe et d’une chanteuse qui n’arrivait plus à se souvenir de ses pas de danse, anéantissant les efforts de son entourage.
Tout au long de la soirée, on retrouvera d’autres idées qui n’auraient jamais dû dépasser l’imagination des producteurs. De l’imitation ratée de Marilyn Monroe sur sa bouche d’égoût, aux danseurs qui imitent des dresseurs de serpents sur Boys, en passant par une reprise douteuse de S&M de Rihanna et un remix de Toxic – grand classique de la vedette, dont on ne distinguait rien d’autre que des basses assourdissantes – on constate qu’ils n’ont pas lésiné sur les insignifiances.
Le summum de cette impuissance est atteint sur la finale, Till The World Ends. Pendant ce morceaux, Britney monte sur scène en robe noire à paillettes, alors que ses musiciens alignent des sortes d’éoliennes à l’arrière de la scène.
Avant même qu’on ne s’en rende compte, la chanteuse est suspendue au-dessus de la scène, déguisée en ange, alors que son équipe recycle ses lumières de Noël rouges, les arborant fièrement tout autour de leurs chemises. Derrière l’ange qui fait semblant de chanter, derrière les sapins qui dansent, derrière les feux d’artifices qui fusent des éoliennes, des images de bombes atomiques sont projetées sur les écrans…
Une finale à l’image du spectacle. Malheureusement…
Grille de chansons
1. Hold It Against Me
2. Up n’ Down
3. 3
4. Piece of Me
5. Big Fat Bass
6. How I Roll
7. Lace and Leather
8. If U Seek Amy
9. Gimme more
10. (Drop Dead) Beautiful
11. Don’t Let Me Be The Last to Know
12. Boys
13. Baby one more time/ s&m remix
14. Trouble for me
15. I’m a slave 4 u
16. I wanna go
17. Womanizer
Rappel
18. Toxic
19. Till the world ends
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- Britney Spears
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- Centre Bell
- Catégorie(s)
- Pop,
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