Critique concert: BRAIDS, Pepper Rabbit et Born Gold à Québec
Dimanche 16 octobre 2011 – Le Cercle (Québec)
C’était un bien beau programme musical que nous a offert Le Cercle, pour un dimanche soir à Québec. Braids, Pepper Rabbit, Born Gold : trois ambiances musicales, trois pépites pour nos oreilles.
« I love Québec, it’s my favorite province ». Oui, la chanteuse Raphaëlle Standell-Preston de Braids a sû conquérir son public dimanche soir. Les quatre amis originaires de Calgary étaient en ville pour présenter leur premier album, Native Speaker, à l’occasion de leur tournée nord-américaine.
Dès les premiers sons de synthèse et notes de clavier, on est bluffé. Les quatre compères sur scène ne dépassent pas la vingtaine, et pourtant, les textures sonores sont étonnement élaborées et raffinées. Et Raphaëlle Standell-Preston nous électrise.
Arrivée sur scène avec une théière, elle semble complètement pénétrée par sa musique, et chante les yeux perdus dans le vide. Entre envolées « légères », ou chants plus enflammés, miaulements et vocalises, la voix de la jeune femme est toujours habitée.
Glass Deers, le deuxième morceau de la soirée, permet à celle-ci de chauffer ses cordes vocales. Après une longue intro instrumentale de deux minutes, la mélodie commence dans un style très « dream pop », avant de terminer par une phase plus indie rock où les hurlements côtoient les douces notes de piano.
Statiques mais absorbés
Le mélange des genres prend tout son sens sur scène. En effet, Braids nous emporte dans leur univers. Et s’ils ne sont pas très agités sur les planches, pour tout dire assez statiques, mais ce n’est pas l’important : ils sont habités et ça se sent.
Le groupe ne fait pas de pauses entre les morceaux : les interludes lunaires, où la pédale à effets est omniprésente, servent de liens entre les différents titres interprétés.
Sur Lemonade, la cohésion du groupe est presque palpable. La claviériste Katie Lee enchaîne des accords inventifs et lumineux, tandis le batteur Austin Tufts et le guitariste accro de boîte à rythmes accordent leurs sons en harmonie.
S’enchainent les morceaux Plath Heart qui fait la part belle aux solos de guitares, et Our Candy Spills, tiré de leur premier EP sorti en 2008. Pour ce morceau, Raphaelle Standell-Preston et Katie Lee lient leur voix et se lancent
dans un duo d’onomatopées très réussi.
Entre ambiance éthérée ou plus agitée, Braids a fourni une prestation envoûtante, texturée, très léchée.
* Braids sera de retour à Montréal le 27 octobre prochain, pour un concert au Cabaret Mile-End.
Première partie : Born Gold
En tout début de soirée, c’est le groupe albertain Born Gold, plus connu sous leur ancien nom de scène Gobble Gobble, qui a chauffé Le Cercle. Cecil Frina et ses deux acolytes ont dépensé toute leur énergie afin de faire danser avec frénésie le public sur leur nouvel EP, Bodysongs, sorti en septembre dernier.
Arrivés sur scène en short lamé argenté, le trio électro-pop a valsé avec les guitares, percussions, boîtes à rythmes, synthétiseurs, pedale à effets, et autres instruments étranges, telle une manette produisant le même son qu’un thérémine.
A chaque morceau, c’est un nouveau spectacle : le guitariste chausse des échasses, les musiciens se coiffent d’un casque et se tapent avec des baguettes, ils jouent avec des pelles… des chorégraphies plus folles les unes que les autres sur un son expérimental, mais tout de même très dansant.
Les éclats de sons résonnent sur les accords des synthétiseurs pour un effet très surréaliste…Parfois trop. La voix de Cecil Frina gagnerait en effet a être plus épurée car à force d’être synthétisée et trafiquée, on a l’impression d’être revenu tout droit dans les années 90.
Sur Winklecarver, le dernier titre de la soirée, le pari est réussi : le public, sourire aux lèvres, lève les main en l’air, dans une sorte de transe électrisante. « C’était malade », comme disait l’autre.
Première partie : Pepper Rabbit
Aussi à l’affiche dimanche soir, le trio Pepper Rabbit, de la Nouvelle-Orléans, a calmé le jeu en livrant une prestation rêveuse, à base d’indie pop orchestral. Un genre tellement vu et revu qu’il est difficile de surprendre… Et Pepper Rabbit, il est vrai, n’apporte pas grand chose de novateur. Mais on se laisse bercer avec délice par ses airs épurées et la voix envoûtante du chanteur multi-instrumentaliste Xander Singh.
Non sans rappeler Band of Horses, Pepper Rabbit charme par sa simplicité assumée. Ukulélés, banjos psychédéliques, claviers. Les mélodies fonctionnent.
On pourrait reprocher au groupe un manque de prestance scénique. En effet, les morceaux interprétés ce soir, tirés de leurs derniers albums Beauregard, ne semblaient pas vraiment habités.
Vos commentaires