Critique concert: A Perfect Circle au Bluesfest d’Ottawa

La quasi-perfection

Dimanche 10 juillet 2011 – Plaines Lebreton (Bluesfest d’Ottawa)

Au terme d’une journée où se côtoyaient des publics de genres visiblement différents, créant l’une des foules les plus épaisses du festival à date, il revenait au supergroupe A Perfect Circle de clore la première semaine de l’édition 2011 du Bluesfest d’Ottawa sur une note forte. Maynard, Howerdel et leurs complices se sont acquittés de cette tâche de façon éloquente.

Photo par Greg Matthews

Plusieurs jeunes punk avaient quitté les lieux après la prestation de Dropkick Murphys. Les babyboomers et leurs chaises pliantes étaient rentrés à la maison après Peter Frampton et Huey Lewis & the News. Il ne restait plus que quelques milliers de membres de la génération X, curieux de voir ce que A Perfect Circle avait à offrir en 2011, soit 7 ans après son plus récent album Emotive et la trève qui perdurait depuis.

Pas de danse, pas de moshpit, pas de party. Pas d’interaction avec le public entre les chansons, ni de mise en scène trop élaborée. Juste un public ultra-attentif qui absorbe chacune des notes quasi-parfaites d’une troupe en symbiose et en total contrôle des moindres contrastes de ses chansons.

Sono du tonnerre

Depuis mardi, aucun show rock n’avait bénéficié d’une telle qualité de son sur les Plaines Lebreton. La voix de Maynard James Keenan – également chanteur de Tool – se déposait avec aplomb sur la musique de ses compatriotes. En retrait dans son coin de la scène dans une relative obscurité (comme il aime le faire avec Tool), Keenan a livré une prestation vocale sans le moindre anicroche.

Ce qui étonnait davantage, c’est l’inébranlable cohésion des quatre musiciens, qui ont pourtant été séparés longtemps avant de se réunir récemment.

Même l’absence du batteur Josh Freese, qui a dû déclarer forfait à quelques semaines de préavis en raison de ses obligations envers Weezer, n’a presque pas paru grâce au brio de son remplaçant Jeff Friedl (ASHES dIVIDE, Devo).

 

Du calme à la tempête

La délicate adjuration semi-chuchotée Annihiliation a non seulement mis la table de façon douce, mais a également permis à la technique sonore de faire ses ajustements sans que personne ne s’en aperçoive.

Lorsque la troupe s’est lancée dans son matériel rock plus mordant, à commencer par Weak and Powerless, tout était en place. Une version complètement remaniée de 3 Libras, presque méconnaissable, a suivi de près et prouvait que le groupe ressentait le besoin de créer.

A Perfect Circle excellait dans la délicatesse, comme en faisait foi The Hollow et cette variante ralentie et passablement transformée de When The Levee Breaks de Led Zeppelin, qui figure sur l’album Emotive. Tirée du même disque, la superbe version dramatisée du classique Imagine de Lennon a également visé dans le mille.

C’est toutefois l’explosive Counting Bodies Like Sheep to the Rhythm of the War Drums qui a impressionné le plus. Le rythme mécanique, la froideur de cette saveur industrielle à la Nine Inch Nails et la précision des guitares incisives en ont fait le moment marquant du spectacle. D’une intensité inouïe!

Dans le même ton, The Package a été défendue avec tact.

A Perfect Circle a même proposé une nouvelle chanson, By and Down, qui dévoilait des sonorités prometteuses pour un éventuel 4e album du groupe.

La prestation s’est terminée sur le doublé The Outsider et Passive. Aucun rappel après un spectacle de tout juste 60 minutes. Certains diront que c’est court pour une tête d’affiche de festival (surtout après les 110 minutes de Peter Frampton plus tôt en soirée!), mais quand la qualité y est, il ne reste plus rien à ajouter.

Cette finale aura finalement été à l’image du spectacle. Pas de chichi, pas de flafla, pas de rappel. Juste une bonne heure de musique de qualité.

 

Photos en vrac (par Greg Matthews):

Grille de chansons

Annihilation
Weak and Powerless
The Hollow
3 Libras
People Are People
Counting Bodies Like Sheep To the Rhythm of the War Drums
By and Down   *
(Nouvelle chanson)
Blue
Magdalena
The Package
The Noose
Imagine
When the Levee Breaks
The Outsider
Passive

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