Critique CD: Sufjan Stevens – All Delighted People EP

Sufjan Stevens
All Delighted People

Cinq ans après le percutant Illinois, Sufjan Stevens est finalement de retour!

Sans crier gare, l’auteur compositeur interprète américain tant estimé des critiques déposait sur Internet, le 20 août dernier, All Delighted People EP : un apéritif (c’est du moins ainsi qu’on nous le présente) en attendant son prochain album « complet », The Age of Adz, attendu pour le 12 octobre 2010.

Le terme est pourtant mal choisi. Même s’il ne rassemble que 8 pistes, All Delighted People EP contient tout près de 60 minutes de musique ambitieuse et engageante (quoi qu’un peu décousue dans l’ensemble). C’est à se demander comment Sufjan Stevens peut lui accoler l’étiquette « EP ».

Une longue épopée en deux temps

L’album s’articule autours de deux longues versions d’une même pièce – la chanson titre, en fait – qui prend des airs d’épopée folk en ouverture, rappelant vaguement l’approche aventureuse de Joanna Newsom, pour ensuite présenter un côté plus «dompté» en 6^e piste.

Cette dernière prend curieusement l’appellation «Classic Rock Version», étiquette qui ne prend sa signification qu’à la 6^e minute (sur huit) où les guitares électriques se dévoilent pour créer un climax intéressant mais beaucoup moins satisfaisant que celui de sa consoeur.

La musique au service des textes

La force de Sufjan Stevens demeure sa poésie et son adroit en matière d’arrangements et de chant, avec les textes comme pilier central.

Fidèle à son habitude, l’habile parolier emprunte un vocabulaire onirique aux connotations spirituelles, particulièrement notable sur From the Mouth of Gabriel.

Plus conservatrices, Heirloom et The Own and The Tanager paraissent bien pâles dans le lot, entourées de morceaux beaucoup plus audacieux.

C’est d’ailleurs le principal défaut de ce EP-qui-n’en-est-pas-vraiment-un : l’inconstance, le manque de cohésion entre les pièces et les quelques ruptures de ton.

Les deux pièces titres et la toute dernière, Djoharjah, paraissent si complexes et gonflées qu’elles laissent les autres derrière avec une impression de banalité.

C’est peut-être pour cette raison que Sufjan Stevens a préféré déposer discrètement ce bouquet de chansons sur la Toile sans créer d’attentes (et en lui apposant le terme réducteur «EP»), sachant très bien qu’il contenait autant le meilleur de ce qu’il a à offrir que des trucs plutôt moyens.

* Sufjan Stevens sera en concert à Montréal, au Métropolis, le 12 octobre 2010 . *