Rufus Wainwright

Critique CD: Rufus Wainwright – All Days Are Night : Songs for Lulu

Ceux et celles qui avaient assisté à la prestation solo de Rufus Wainwright à Osheaga l’été dernier avaient déjà une bonne idée de ce que contiendrait ce sixième album de l’artiste.

Non seulement Rufus avait-il offert quelques-unes des nouvelles chansons qui y figurent, mais l’approche minimaliste piano-voix – une cassure manifeste après les orchestrations luxuriantes des albums précédents – de cet album autoproduit (avec un coup de main de Pierre Marchand sur trois pistes) nous ramène instantanément à la prestation viscérale, mi-spleen mi-énergique, de cette fin d’après-midi d’août 2009.

Il fait toutefois bon goûter à cette intimité que nous propose Rufus Wainwright avec une attention particulière, s’imaginer l’artiste seul au piano, les yeux fermés, nous verser son habituel lyrisme sans le crémage habituel des arrangements orchestraux.


Au carrefour des explorations précédentes

Ce qui étonne sur ce disque d’une simplicité désarmante, ce sont les dynamiques étonnamment variées.

Cette maitrise de divers tons avec une instrumentation si minimale est sans doute le résultat d’une surprenante convergence de ses recherches musicales récentes.

Des années d’expérience en création de chansons pop se mélangent ici à une exploration du répertoire de Judy Garland et des «show tunes», ainsi qu’à une fascination pour l’opéra et une propension au lyrisme.

Si ce singulier mélange des genres devait culminer vers quelquechose, « All Days Are Night : Songs For Lulu » en est sans doute le fruit.

L’album s’ouvre sur la meilleure chanson du lot (et celle à l’attrait le plus immediat) : «Who Are You New York?». À des miles du type «ballade pianotée», cet ode à la mystérieuse Grosse Pomme donne le ton.

La sautillante «Give Me What I Want and Give It To Me Now!” rehausse également l’écoute, alors que Les Feux d’artifice t’appellent – pièce finale de son opéra Prima Donna – ajoute un aspect de grandeur.

Au milieu de l’album, on retrouve trois adaptations de sonnets de William Shakespeare :  Sonnet 43, Sonnet 20 puis Sonnet 10. D’une beauté à couper le souffle, cette triade se marie à merveille au ton singulier de la voix de Rufus.

D’autres pièces comme l’intimiste Martha et les quelques balades bien réparties sur l’album viennent compléter avec brio l’exercice fragile de rendre un album piano-voix aussi captivant.


Moments forts :
Who Are You New York?, Sonnet 43, Les Feux d’artifice t’appellent, Martha

Moments moins forts:
True Loves, The Dream

Cote:

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