Critique album | VioleTT Pi – eV
Après avoir affiné sa folie sur les diverses scènes ayant eu le culot de l’accueillir, le projet VioleTT Pi présente finalement un premier album. Les trois excentriques complices peuvent enfin mener à terme l’amalgame improbable de leurs très nombreux flashes sur une galette que l’auditeur pourra digérer à son rythme. Foisonnante et disjonctée, cette carte de visite positionne VioleTT Pi dans le champ gauche de la pop québécoise, mais bien en vue.
Le défi que s’est lancé VioleTT Pi se résume assez facilement : comment pousser à l’extrême les limites de la pop éclatée, quitte à ce que tout pète.
Dès le premier coup d’oeil à la pochette (une oeuvre picturale signée Axel Pahlavi), on devine que l’étrangeté sera au rendez-vous. La première écoute confirme le ton adopté : c’est effectivement très bizarre cet album.
Mais la mélancolie, voire la tristesse communiquée par la pochette ne se reflète pas trop à l’écoute, la musique étant plutôt vitaminée comme une pub de Skittles.
Les textes de Karl Gagnon n’ont rien de banal. Le jeune homme fait usage d’une poésie un peu opaque : des phrases imagées, évocations floues et parfois tape-à-l’oeil de tout et de rien (de Marie Curie aux jardins de rhubarbe en passant par le cannibalisme de Jeffrey Dahmer, tout y passe), avec un petit côté savoureusement pervers, sans jamais être obscène.
Les paroles ne sont que la pointe de l’iceberg. Musicalement, eV part dans tous les sens, souvent même à l’intérieur d’une seule et même chanson. Spectaculaire patchwork de genres, l’album regorge pourtant de compositions couplet-refrain, de petits bouts de vers d’oreille disséqués et raboutés dans un Frankenstein étrangement cohérent, par moments.
Au fil de ces chansons relativement accrocheuses se côtoient des élans de grunge – le premier extrait Fleur de Londres s’inspire visiblement de Lithium de Nirvana – de techno industriel, de funk (Jeffrey Dahmer au Musée d’art contemporain, avec Ngâbo) ou de metal.
L’album se termine sur un petit numéro carrément troublant : Le Clown est triste, avec un coup de main de Klô Pelgag. La S.Q. vous fait dire de ne pas écouter cette chanson en voiture.
Pas besoin de drogue : eV fournit le buzz. Pour un public averti, ouvert et curieux d’entendre ce que les cellules de Mindless Self Indulgence, Navet Confit et Les Abdigradationnistes donneraient mélangées ensemble.
* Lancement au Belmont sur le boulevard, ce mercredi 6 février à 17h.
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