Critique album | Sharon Jones & Dap-Kings – Give the People What They Want

Sharon Jones & the Dap-Kings -  Give the People What They Want Sharon Jones & the Dap-Kings Give the People What They Want

Sorti après l’annonce de guérison du cancer de Sharon Jones, Give the People What They Want marque son retour à des activités musicales. Et c’est certainement son plus abouti depuis 100 Days, 100 Nights.

Depuis la sortie de son premier album en 2002 sur l’étiquette Daptone, la chanteuse Sharon Jones s’est positionnée comme une figure centrale du revival soul de la dernière décennie. Son talent d’interprète, son incroyable présence scénique et bien sûr la complicité unique existant entre elle et les Dap-Kings font certainement partie des éléments expliquant son succès. Le travail acharné et le dévouement pèsent également lourd dans la balance, surtout quand un cancer se met en travers du chemin.

Ce qui frappe dès la première chanson (Retreat!) est le parti pris old-school pleinement assumé. Le lien avec les enregistrements de l’étiquette Motown des années 1960 vient immédiatement à l’esprit. On a même droit à un clin d’œil à l’intro de Where Did Our Love Go des Supremes!

Bien sûr, Sharon Jones n’a jamais fait dans le soul ou funk modernes, mais cet album constitue une sorte de monument en l’honneur de la musique de cette époque. Non pas dans une optique tristement nostalgique mais tout simplement comme si le temps s’était figé. Étrange, belle et fascinante, cette illusion n’est brisée que par quelques tics (riffs, portions d’arrangements, etc.) propres aux Dap-Kings. Hormis cela, il y a ici un réel effacement de la chanteuse et du groupe en faveur de l’apologie d’une certaine idée de la musique.

Une facette très intéressante de cet album est l’ombre constante du northern soul qui plane sur certaines des pièces telles que People Don’t Get What They Deserve et Now I See. Cet élément ravira ceux familiers avec le genre et donnera probablement l’effet du petit «je-ne-sais-quoi» charmant aux néophytes.

L’album est dans l’ensemble une belle réussite et donne l’impression que la chanteuse se distancie pour de bon d’un son funk en faveur du soul, ce qui lui va très bien. Par contre les Dap-Kings ont parfois tendance à tomber dans leurs propres clichés (en termes de jeu et d’arrangements), ce qui peut faire décrocher l’auditeur momentanément mais honnêtement ce n’est rien de dramatique. Un excellent complément au remarquable Victim of Love de Charles Bradley paru l’année dernière sur Daptone Records également.

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