Seth Macfarlane

Critique album: Seth Macfarlane – Music Is Better Than Words

Seth Macfarlane - Music Is Better Than Words Seth Macfarlane Music Is Better Than Words

Si vous êtes amateurs des séries animées Family Guy, American Dad et The Cleveland Show, vous connaissez sûrement leur créateur, Seth MacFarlane. Celui qui prête sa voix à des personnages aussi différents et excentriques que Brian le chien alcoolique ou Stewie le bébé à l’accent anglais n’a jamais caché son amour pour le jazz et le swing des années 40 et 50. Ses émissions en sont remplies. Alors, vous ne serez probablement pas surpris par ce disque intitulé Music Is Better Than Words, un premier pour Seth Macfarlane: une collection de « joyaux cachés » des années 40, 50 et 60, interprétés et enregistrés à la manière des classiques de l’époque, avec tout le sérieux du monde.

En effet, pas la moindre trace d’humour ici, si ce n’est de celui inhérent aux chansons. Nous donnant congé des blagues scatologiques et absurdes auxquelles il nous a habitués, MacFarlane nous propose ici un disque d’une élégance et d’un décontracté qui sortent tout droit d’une autre époque.

 

Un chanteur formé

Amateur depuis toujours des classiques de Frank Sinatra et autres vedettes swing des années 50, Seth MacFarlane a reçu une formation vocale du couple Lee et Sally Sweetland, qui ont aussi formé, entre autres, Sinatra et Barbra Streisand. Ses talents de chanteur ont été déployés maintes fois dans ses dessins animés, mais jamais avec autant d’éloquence qu’ici.

Au lieu de nous proposer les sempiternels classiques du swing, MacFarlane s’est permis d’enregistrer des « classiques oubliés », des pièces peu souvent reprises. On y retrouve des compositions de Richard Rodgers (Something Good, tirée de The Sound of Music), du duo Lerner et Loewe (The Night They Invented Champagne) ou de Johnny Mercer (Laura).

Pour ce disque, MacFarlane s’est servi d’un microphone ayant servi lors de plusieurs enregistrements classiques de Frank Sinatra. De plus, le disque fut enregistré aux classiques studios de Capitol Records, sur bandes analogiques pour donner aux chansons un son authentique, avec un orchestre d’environ quarante personnes qui jouait en même temps que MacFarlane chantait. Chaque chanson, ou presque, représente une prise complète sans retouches, comme on faisait à l’époque, avec les imperfections que cela implique.

La technique vocale de Seth MacFarlane est quasiment irréprochable. Copiant le style de Sinatra, le comédien-chanteur n’a rien à envier aux Dean Martin, Bobby Darin et autres grands chanteurs de l’époque. Si ce n’est un manque de puissance à une ou deux reprises, comme vers la fin de It’s Easy To Remember, MacFarlane s’en tire plutôt extrêmement bien. Le tout est très surprenant, autant dans la précision de l’interprétation, dans la richesse du son obtenu, que
dans la simple beauté du disque en général.

Seth Macfarlane fait appel à deux jeunes chanteuses pour l’accompagner sur deux duos: Norah Jones pour la pièce Two Sleepy People et Sara Bareilles pour Love Won’t Let You Get Away. Les deux femmes offrent de belles performances, qui complémentent bien la voix riche de baryton du chanteur.

Ceci dit, ne rebaptisons pas encore MacFarlane « Young Blue Eyes ». Ses versions sont un peu plates, trop semblables aux originales, ou disons sans particularités qui les démarquent. Par exemple, sa version de The Sadder But Wiser Girl (tirée de The Music Man) est techniquement parfaite, mais elle n’a pas le charisme ni la personnalité unique que lui donnait Robert Preston.

Un peu plus de folie aurait fait du bien à cet album.

Par contre, l’exercice est louable et bénéficie d’une réalisation impeccable. La production, signée Joel McNeeley (qui agit également ici en tant que chef d’orchestre et compositeur de la dernière pièce, She’s Wonderful Too) est « cool »,  élégante et suinte le romantisme.

Ce disque, qui ne réinvente pas la roue, mais qui nous fait redécouvrir des classiques oubliés, s’avère donc parfait pour une soirée arrosée en bonne compagnie, avec lumières tamisées. Une belle curiosité rétro dans le paysage musical actuel.

Grille de chansons

1. « It’s Anybody’s Spring » (Jimmy Van Heusen, Johnny Burke) 2:56
2. « Music Is Better Than Words » (André Previn, Betty Comden, and Adolph Green) 3:20
3. « Anytime, Anywhere » (Imogen Carpenter, Lenny Adelson) 4:00
4. « The Night They Invented Champagne » (Alan Jay Lerner, Frederick Loewe) 2:36
5. « Two Sleepy People » (avec Norah Jones) (Hoagy Carmichael, Frank Loesser) 4:26
6. « You’re the Cream in My Coffee » (Ray Henderson, B.G. DeSylva, Lew Brown) 2:23
7. « Something Good » (Richard Rodgers) 4:16
8. « Nine O’Clock » (Bob Merrill) 3:12
9. « Love Won’t Let You Get Away » (avec Sara Bareilles) (Van Heusen, Sammy Cahn) 3:52
10. « It’s Easy to Remember » (Rodgers, Lorenz Hart) 5:05
11. « The Sadder But Wiser Girl » (Meredith Willson) 2:55
12. « Laura » (David Raksin, Johnny Mercer) 5:28
13. « You and I » (Willson) 3:41
14. « She’s Wonderful Too » (Joel McNeely, Jonathan Hales) 2:59

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