Nine Inch Nails

Critique album | Nine Inch Nails – Hesitation Marks

Nine Inch Nails - Hesitation Marks Nine Inch Nails Hesitation Marks

Très attendu, cet album de Nine Inch Nails. Premier en cinq ans, après une pause qui ressemblait étrangement à une fin. Mais visiblement, Trent Reznor attendait la bonne inspiration et elle se manifeste ici sous la forme d’un album varié, rythmé et au goût du jour, tout en conservant la signature NIN.

À l’aube de la cinquantaine, il serait légitime de croire que les meilleures années de Reznor soient derrière lui. Après tout, il a toujours brillé lorsqu’il puisait dans cette rage qui vient avec le désabusement de l’adolescence et la désillusion du début de la vie adulte.

Mais à 48 ans, riche et adulé, marié à une mannequin avec qui il partage un autre projet musical et, tant qu’à y être, récipiendaire d’un Oscar, comment peut-il incarner pareille révolte ?

La réponse est évidente : on ne peut tout simplement pas. Alors aussi bien essayer autre chose. C’est ce qu’il a fait avec ses trames sonores de films, ou encore le projet parallèle How To Destroy Angels, plus tranquille et mystérieux.

Le retour à l’étiquette NIN comporte donc un certain taux de risque. Hesitation Marks contient bien sur sa dose de rock industriel sauvage, que Reznor maîtrise comme peu d’autres, que sa rage soit liée à son vécu récent ou pas. Comme il le disait en entrevue récemment, ce ne sont pas les raisons de s’insurger qui manquent, de nos jours.

De toute façon, l’énigmatique leader de NIN connaît les codes du genre et pourrait en fournir des prototypes convaincants ad nauseam, sans que ce soit aussi viscéral que ne l’était Downward Spiral dans les années 1990. On le remarque sur les deux excellents premiers extraits : Came Back Haunted et Copy of A. Ça augurait bien, jusqu’à ce que Everything soit lancé sur le web, suscitant un mélange de moqueries et d’inquiétude, en raison de son ton plutôt joyeux (qui détonne avec tout ce qu’a produit NIN à date) et ses harmonies vocales dignes d’un boys band.

Au moins, Reznor tente des choses. Et plus souvent qu’autrement, ça fonctionne.

L’électro-presque-pop Satellite en est un bon exemple, ou encore Disappointed et In Two, qui se développent toutes deux en crescendo.  Le funk de All Time Low fonctionne aussi à merveille, évoquant presque le méga hit Closer, sans son refrain coup-de-poing.

Les morceaux plus ambiants, comme Find My Way (qui rappelle plutôt ce que Reznor crée au sein de son projet How To Destroy Angels) et Various Methods of, ralentissent un peu l’album, toutefois.

Évidemment, la grande force de Reznor, une fois de plus, c’est le travail en studio. Les sonorités sont variées, riches et s’entremêlent de façon ingénieuse au mixage. Cette recette est au service de bonnes chansons (quoi que, au niveau des textes, ça vole plus ou moins haut…) et il en résulte forcément un bon album. Le meilleur du groupe depuis le sous-estimé The Fragile (en 1999).

Mets-en : Came Back Haunted, Copy of A, All Time Low.

Bof : Everything, Find My Way, Various Method of.

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