Lana Del Rey

Critique album: Lana Del Rey – Born To Die

Lana Del Rey - Born To Die Lana Del Rey Born To Die

Sors-tu.ca a percé le « mystère » Lana Del Rey. Deuxième vie de la chanteuse-next-door sans succès Lizzy Grant? Petite fille gâtée d’un papa millionnaire? Produit préfabriqué d’une campagne virale montée de toute pièce?  « Gangsta Nancy Sinatra » ?  Foutaise. Au fond, Lana Del Rey n’est que Ke$ha au petit matin…

Ça vous étonne?

Les deux chanteuses ont pourtant beaucoup en commun: deux prototypes de la jeune pop star moderne, hypersexualisée et avide de reconnaissance.

Même physiquement, les deux chanteuses sont à une douche près de passer pour des jumelles:

L’une se défonce, fréquente le « fond de la nuit » quotidiennement, perd les pédales et s’exprime avec un niveau d’obscénité généralement associé à un taux d’ébriété avancé. Ou à une chanteuse R’n’B.

Lana Del Rey, elle, est une créature plus complexe, posée et forcément plus articulée, même si certains textes sont plus maladroits que d’autres.

Elle est tout aussi charnelle mais avec un classicisme assumé qui lui confère un certain charme même si, doit-on le souligner, cette approche n’est pas omniprésente sur l’album. Malheureusement.

Sur des airs mélancoliques – parfois à la limite du mélodramatique, comme Carmen et Without You – elle explore les lendemains navrants, les revers de la séduction-minute, le laxisme dans lequel nous plonge la petite vie moderne normale avec ses déceptions, ses illusions qui se dégonflent.

Sa prononciation molle (que plusieurs semblent confondre bêtement pour du « soul » à la Amy Winehouse) et son ton grave lui donnent un air apathique, désabusé, qui convient tout à fait aux thèmes abordés et à la splendeur visée par les pièces plus lentes.

Quelques-uns des titres sont assez habiles sur le plan musical… en fait, surtout ceux qu’on connaissait déjà. Video Games avait déjà fait ses preuves côté mélodique, applaudi à tout rompre par les critiques.  Born To Die (l’album) contient sa juste part d’airs marquants, que ce soit pour soutenir le romantisme de Diet Mountain Dew ou le rythme lancinant de Blue Jeans.

La chanteuse (qui signe tous ses textes et cosignent les musiques avec Emile Haynie) intègre des éléments de hip-hop à la recette, notamment avec un rap semi-maladroit (Off To The Races) ou des rythmes plus osés comme l’aguichante et sulfureuse Lolita.  Pour le reste, l’album contient son lot de pistes de remplissage qui incitent à consommer l’album en mode aléatoire ou à retirer certaines pièces plus banales.

Le débat au sujet de son « authenticité » ne devrait préoccuper personne. Après tout, depuis quand nous soucions-nous de la validité du vécu d’une vedette de la pop? Ce qui importe, c’est le résultat.

Pour la scène, on repassera. Mais sur disque, Lana Del Rey est une alternative appréciable à ces nombreuses starlettes qui exploitent l’émancipation sexuelle comme seule source de succès dans l’impitoyable univers de la pop, sans classe ni grande originalité. À défaut de dévoiler la profondeur tant attendue par la blogosphère, Lana Del Rey compte au moins sur une approche basée sur une réalité plus près de sa génération: moins de bling bling, plus de lassitude.

Moments forts:
Video Games, Million Dollar Man, Born To Die, Blue Jeans

Moments moins forts:
Lucky Ones, Summertime Sadness

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