Critique album | Kandle – In Flames
Kandle lançait mercredi dernier au La Tulipe son premier album, le très attendu In Flames, paru sur étiquette Dare to Care. Opération charme réussie : ça fait dix jours qu’on l’écoute en boucle – et on n’est pas près de s’arrêter.
Elle est originaire de Victoria; les médias l’encensent depuis un moment, EP à l’appui ; elle a joué un peu partout en Europe et en Amérique du Nord, de même que dans de nombreux festivals. Après avoir signé en mai 2013 chez Dare to Care et lancé la semaine dernière In Flames – sur lequel collaborent Sam Roberts, Béatrice Martin et Sam Goldberg –, elle investira ce mardi 11 mars le Drake Hotel de Toronto avant de partir pour la France.
On vous passera les jeux de mots sur le nom de la belle blonde et le titre de son album – même si on aimerait bien ça s’enligner là-dedans… On ne pourra toutefois taire l’ambiance générale de l’œuvre : un exorcisme sentimental (au sens positif du terme), romantique, même (au sens littéraire).
Si feu il y a, c’est donc sans conteste dans l’expérience émotive de l’artiste. Alors qu’il est à peu près impossible de ne pas être immédiatement envoûté par la voix de Kandle Osborne – ça l’est encore moins plus on s’enfonce dans le disque –, pas de surprise du côté des mélodies, pas compliquées ni complexes, un peu rétro, un peu bluesées.
La durée des pièces d’In Flames est plutôt standard, leur structure assez conventionnelle aussi, la rythmique y est souvent prévisible, donc. Le tout n’est au fond qu’un prétexte pour laisser le champ libre à sa voix, parfaitement enrobée et soutenue par des musiciens qui demeureront à l’arrière-plan – en témoigne d’ailleurs leur performance sur scène au lancement. On aimerait vous entretenir de la musique comme telle, des musiciens, mais on n’y arrive pas… Pourtant, le charme persiste. C’est de la magie noire, son truc – un folk rock sombre, mélancolique –, un doux ensorcèlement auquel on devient rapidement accro.
Aborder du lourd tout en charmant
Si quelques morceaux présentent un tempo plus rapide ou – disons-le de manière fort inexacte – heureux? (Winter), tout le disque est empreint de paroles lourdes, auxquelles il n’est pas évident, au premier abord, de prêter oreille tant on est séduit, captivé par la voix qui les portent.
Tout au long des onze titres de l’album, Kandle dépeint la souffrance, parle de rupture (So Bad), de cauchemars, d’abandon, d’esquive, de mensonge, de solitude, de fuite, de culpabilité, de douleur, de sa peur de la réalité (Gimme a Pill, Sweet Dreams), se posant tantôt en victime, tantôt en bourreau… en plus d’accuser une forte propension à l’autoflagellation. Ses démons sont tout étalés sur près de 45 minutes ; on aurait envie de la bercer, mais c’est plutôt elle qui le fait (Not Up to Me), nous charmant de sa voix, hypnotique.
On aime l’entrée en matière avec So Bad et sa ligne de guit qui donne pas mal le ton, habilement suivie par Demon, la pièce dont le clip est sorti un peu avant l’album – on a eu un faible pour le sax timide sur ces deux morceaux. On aime aussi le solo de guitare vers la fin d’Oh Great, on voudrait la prendre dans nos bras sur Control Me, au texte absolument déprimant, on apprécie le rythme différent de la pièce Winter (et pas juste parce qu’elle y parle de glace qui fond!), et on a-do-re Not Up to Me… Et, toujours, ce qui persiste, ce qui prend le haut du pavé, c’est sa voix.
L’essentiel de ce qu’il y a à entendre y tient de toute façon, à cette voix suave, qui émerge du reste. Parce que la musique et les textes demeurent un background à propos mais sans fracas pour soutenir la beauté de ses envolées, parfois timides, d’autres flamboyantes, puissantes.
Honnêtement, on voudrait l’écouter chanter à peu près n’importe quoi, tant elle enveloppe, tant elle apaise. Elle nous plonge dans une atmosphère qui persiste longtemps après l’écoute, qu’elle ait été unique ou démultipliée. Chaque jour on se lève avec un morceau différent en tête, nouveau ver d’oreille dont on ne veut absolument pas se débarrasser.
Liste des pièces :
So Bad
Demon
Gimme a Pill
Oh Great
Control Me
Protector
Baby
Winter
Sweet Dreams
Not Up to Me
In Flames
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