Critique album | Jill Barber – Fool’s Gold
Son précédent disque, Chansons, nous semblait un peu tiède. Hommage au répertoire francophone, chanté entièrement dans la langue de Molière, l’album nous donnait l’impression de n’être qu’un interlude dans la carrière de Jill Barber en attendant une vraie nouvelle proposition. Et la voici enfin cette œuvre que nous attendions : Fool’s Gold, sixième entrée dans la discographie de la jeune femme de Vancouver. Et c’est de toute beauté!
Si vous désiriez faire connaître Jill Barber à quelqu’un de votre entourage et lui dévoiler ainsi les différentes facettes de la chanteuse, Fool’s Gold serait tout indiqué. Tel un « greatest hits » de ce qu’elle a fait de mieux au cours des douze dernières années, sans toutefois en être un, le disque propose un ensemble de compositions originales aux rythmes doux et légers, des airs parfaits pour l’été, qui voguent sans la moindre difficulté d’un genre à l’autre, passant du country au jazz comme l’a fait la chanteuse elle-même au cours de sa carrière.
Déjà le premier titre, Broken For Good, avait fait sapré bonne impression lors de son lancement en ligne il y a quelques mois, dans sa version originale anglaise ainsi qu’en version française (Brisé pour toujours). La pièce est entraînante (tambourine, basse, cuivres, orchestre), le rythme est inspiré par les airs Motown classiques, la voix est confiante et cotonneuse, les chœurs sont remplis d’émotions. La chanson nous reste en tête après une écoute ou deux seulement.
Si l’on s’attendait à ce que le disque marque un changement de cap davantage « sixties » pour Jill Barber sur la seule impression laissée par ce titre, le constat est différent à l’écoute du reste de l’album. La deuxième piste, The Least That She Deserves, est un calque de la pièce Chances de 2008, une ballade jazz romantique. L’intro marquée par le piano, la batterie et les cordes, ainsi que le rythme de la pièce, le style du chant, l’orchestre mélancolique : tout y est. Elle pourrait pratiquement s’intituler Chances 2. Ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, puisque la pièce originale était merveilleuse et celle-ci est tout aussi charmante.
La ballade country-folk The Careless One ainsi que la mignonne Darlin’ It Was You semblent toutes droit sorties de l’album For All Time lancé en 2006. L’excellente Let’s Call It Love, quant à elle, fait davantage penser à quelque chose qui aurait pu être lancé à la fin des années 70 ou début 80, surtout dû à l’orgue qui donne un petit côté Al Green à la chanson. Le tout est très agréable à l’oreille. L’album dans son ensemble est parsemé de perles du genre.
Le chant de Barber est plus en confiance et maîtrisé que jamais. Sans faire preuve de prouesses vocales telles celles que l’on attribue aux grandes dames du jazz, Barber sait quand même prendre sa place et faire fondre le cœur des auditeurs à l’âme romantique.
Coréalisé par Les Cooper (qui fut à la barre de pratiquement tous les albums de Barber) et Drew Jurecka, le disque possède les qualités d’un album classique, un petit côté intemporel qui séduit et charme immédiatement. Les deux hommes, qui font également partie du groupe de tournée de la chanteuse depuis de nombreuses années, savent exactement comment habiller les compositions et la voix de la jeune femme pour les mettre en valeur.
Fool’s Gold est définitivement un composant majeur de l’œuvre de Jill Barber – un constat de douze années passées à flirter avec différents genres, et également une affirmation de la place amplement méritée de la chanteuse dans le panthéon du jazz Canadien. Ne passez pas à côté de ce disque!
- Artiste(s)
- al green, CO/NTRY, drew jurecka, Jill Barber, Les coop, les cooper
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