Glen Hansard

Critique Album: Glen Hansard – Rhythm and Repose

Glen Hansard - Rhythm and Repose Glen Hansard Rhythm and Repose

Après plus de 20 ans de carrière au sein des groupes The Frames et The Swell Season, l’auteur-compositeur-interprète Glen Hansard nous propose maintenant son véritable premier album solo, Rhythm And Repose. Une œuvre sensible et mature qui devrait plaire à ses fans déjà fidèles, mais qui aura de la difficulté à interpeller un large public.

Réalisé par Thomas Bartlett (connu aussi sous le nom d’artiste Doveman), l’album nous fait voyager dans la tête (et le cœur) de Hansard, à coups de guitares acoustiques, d’envolées lyriques, de délicates touches de piano et de voix meurtries. Pas la plus joyeuse des descriptions, mais ça donne malgré tout un bel album.

Venant de la tradition des musiciens ambulants, Hansard s’est fait connaître en mettant ses tripes sur la table à travers sa musique, entre autres dans le film Once (gagnant d’un Oscar) et sa trame sonore. Avec son amoureuse de l’époque (et co-vedette du film), Marketa Irglova, Glen Hansard a créé le groupe The Swell Season et a fait le tour du monde pendant des années en chantant ses peines amoureuses sur sa célèbre guitare déglinguée.

Après sa rupture avec Irglova, et après une pause professionnelle d’un an, Hansard revient avec ce disque rempli d’amertume, mais qui contient également quelques lueurs d’espoir.

Si You Will Become nous résume l’état émotionnel du chanteur de manière un peu hésitante, Maybe Not Tonight, avec ses accents à la Van Morrison (l’une des idoles de jeunesse de Glen Hansard), est quant à elle une magnifique ballade acoustique, avec une belle touche de slide guitar. La voix de Hansard est fidèle à elle-même, c’est-à-dire très émotive.

L’album plonge parfois dans les sentiments sombres, mais il y a aussi de merveilleux petits moments d’éclaircies, tels que High Hope, l’une des meilleures compositions de Hansard. Montée dramatique constante (avec chœurs et cuivres), aboutissant dans un cri du cœur senti et qui donne des frissons, la chanson représente le désir du chanteur de se sortir son chagrin et de vivre une vie meilleure. Un texte et une musique qui peuvent toucher quiconque vit quelque chose de difficile. Hansard livre ici l’une de ses plus belles performances vocales.

La chanson est suivie par Bird of Sorrow, une chanson d’espoir très douce, marquée par le piano
de Thomas Bartlett, un ensemble de cordes et la voix de Hansard – une autre interprétation magistrale de sa part.

Love Don’t Leave Me Waiting nous ramène au style Van Morrison. Rythmée, voire groovy, cette
chanson est un vent d’air frais au milieu de titres intenses et parfois lourds. Léger, ce morceau
sent l’été, donne le goût de chanter en chœur avec Hansard, voire de danser.

Sur What Are We Gonna Do, Hansard retrouve momentanément Marketa Irglova et tous deux font le point sur leur relation. Cette jolie et délicate pièce sera particulièrement appréciée des fans de The Swell Season, qui rêvent d’un nouveau disque de la part du groupe. Pour l’instant, il faudra faire avec ceci. Ou vous pouvez toujours prendre l’album de Glen et celui de Marketa (Anar, sorti l’an dernier), et faire jouer les pièces de manière aléatoire (comme sur Double Fantasy de John & Yoko) et vous faire votre propre album de The Swell Season. En attendant.

Philander, premier extrait tiré de l’album, offre un mélange de batterie, d’orgue à pompe et de
cordes, ainsi qu’un douloureux solo de violon, au travers desquels Hansard chante une ballade quelque peu cynique à propos d’une relation tortueuse.

Enfin, sur Song of Good Hope, avec une seule guitare et des cordes, Hansard nous rassure que tout ira bien. Une belle touche finale pour un album qui, par moments, n’est pas très facile d’accès.

Le premier album solo de Glen Hansard n’a rien de commercial, ni de très invitant pour quiconque ne connaît pas l’artiste. Et on aurait aimé moins de chansons glauques, plus de pièces rythmées. Mais passer à côté de cette œuvre à la fois difficile et d’une très grande beauté serait une erreur. Il faut juste prendre le temps de l’apprivoiser.

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