Eno+Hyde

Critique album | Eno+Hyde – Someday World

Eno+Hyde - Someday World Eno+Hyde Someday World

Quand le célèbre compositeur britannique Brian Eno rencontre Karl Hyde (Underworld), ça donne Someday World, un ensemble new-wave, kraut-electropop, agrémenté de beats électroniques et arrangé à la perfection.

Sur le papier, la collaboration fait rêver. D’un coté, le compositeur britannique Brian Eno, qui aura appuyé au long de sa carrière Bowie, U2, Talking Heads, Cluster, ou Toto pour ne citer que les plus connus… De l’autre, Karl Hyde, leader d’Underworld, un des groupes les plus influents en matière de musique électronique moderne.

Someday World, c’est un peu comme si les Neu! et Depeche Mode de l’époque avaient décidés de co-produire un album aujourd’hui, avec le matériel conséquent. On sent ainsi d’abord comme une petite touche de nostalgie derrière cet opus.

À vrai dire, ça peut sembler sonner parfois comme un ensemble electro-pop sans trop d’originalité. Et pourtant, chaque titre se distingue des autres, et apporte son lot de subtilités, prenant la forme d’effets farfelus ou de constructions rythmiques défiant toute normalité. À titre d’exemple, When I Built This World ouvre sur un phrasé au vocoder assez troublant, avant d’exploser sur une rythmique neo-prog, puis s’intensifier pendant près de 3 minutes sur une furie instrumentale krautrock.

Sortir des sentiers battus ? Eno déclarait : « A lot of the constructions on the album were deliberately irregular and awkward ». Il est vrai que l’ensemble parait relativement neuf et original à l’écoute, mais peut être justement un peu trop « parfaitement » produit et arrangé. C’est en effet par moment un peu troublant d’avoir l’impression d’écouter du Neu! (sur le pont de Witness) ou du Massive Attack (sur l’intro de Mother of a Dog) alors que l’album a été réalisé dans un studio flambant neuf l’an passé. Ça manque peut être un peu d’authenticité justement.

Mais évidemment ça ne s’arrête pas là. L’album brille de part l’ajout de cuivres sur certains morceaux, oscille intelligemment entre des rythmiques jouées à la batterie et d’autres programmés numériquement par Eno même (Who Rings The Bell). Le duo a ainsi reçu l’appuie de nombreux musiciens dont Will Champion (Coldplay), ou encore John Reynolds et Andy Mackay, ancien compagnons du britannique chez Roxy Music. Et voilà, on est aussi bien embarqué dans une ballade qui pourrait très bien justement figurer sur un album de Coldplay (It Us All), comme dans des compositions des plus atypiques, genre mélange curieux entre math-rock et funk (A Man Wakes Up).

On ne sait pas si l’aventure ira plus loin entre les deux comparses (Hyde serait avec Yannis Philippakis de Foals en studio?), et ce premier opus n’est peut être pas à la hauteur de ce que l’on connait de Brian Eno. En attendant, Someday World est loin d’être un mauvais album. Prometteur dans un sens; on espère pouvoir un jour écouter ce que le duo serait capable de proposer par la suite.

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