Critique album | Elisapie – Travelling Love
La création d’un deuxième album n’est jamais chose facile pour un artiste; il y a des attentes de toutes tailles, des préconceptions basées sur l’offrande précédente, et une sorte de désir, de la part du public, de voir son idole se figer dans un seul et unique style ad nauseam.
Alors, tout dépendant du genre d’admirateur que vous êtes, soit vous apprécierez les nouvelles avenues que propose Elisapie (qui s’est délestée du patronyme Isaac) sur Travelling Love, soit vous crierez au blasphème en entendant cette pop d’inspiration années 80 qui évoque des souvenirs pastel.
À la barre du projet, on retrouve Éloi Painchaud, qui avait réalisé There Will Be Stars, ainsi que François Lafontaine, claviériste de Karkwa, qui insuffle à l’ensemble une couleur et une sonorité différentes du premier album, avec ses synthétiseurs, loops, percussions et autres.
Il y a du Debbie Harry dans la voix, du Andy Summers dans la guitare, du Depeche Mode dans les claviers; les références sont un peu partout à la fois, mais ce n’est pas décousu, au contraire. C’est bien fait et on y prend goût au fil des écoutes.
Sans dénigrer l’impact du travail de Painchaud et Lafontaine, la colonne vertébrale du projet se trouve véritablement dans le duo Manuel Gasse et Gabriel Gratton, musiciens aux multiples talents qui accompagnent Elisapie depuis ses débuts en solo. Les deux hommes ont coécrit la plupart des titres avec Elisapie, des chansons qui dénotent une réelle synergie entre les participants. Il y a une évolution palpable du son du groupe comparé au précédent album.
Aux textes, la chanteuse Inuk a fait appel à Jim Corcoran pour quelques compositions. On retrouve des jolies perles dans le lot, telles It’s All Your Fault (un superbe hommage à Leonard Cohen) ou encore For Me (formidable duo avec Brad Barr). Et bien qu’il n’y ait pas de tournures de phrase colorées comme celles auxquelles ils nous habitués dans le passé, les images évoquées par Corcoran sont fortes et se marient à merveille aux mots sensibles d’Elisapie.
On peut ne pas apprécier le penchant populaire que la chanteuse prend. Même si c’est bien fait et que les textes demeurent à la hauteur de l’artiste, il y a un certain regret de ne pas retrouver la poésie nordique de Taïma, et on déplore le peu de place faite à l’inuktitut sur le disque (seulement deux chansons). De plus, les gens qui auront été captivés par la pièce Moi, Elsie sur le premier album n’ont droit à aucun texte en français ici. Dommage.
Par contre, il y a bel et bien évolution dans la proposition sonore malgré sa facture populaire (ce qui n’est pas incompatible), et on sent la chanteuse plus confortable et épanouie dans son rôle. Ce qu’elle offre sur Travelling Love, en clair, c’est une vision de l’amour empreinte de vulnérabilité, sur rythmes dansants. Et c’est, somme toute, drôlement agréable.
* Lancement ce jeudi soir (1er novembre) au Time Supper Club (997 Rue Saint-Jacques), à 20h, avec prestation.
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