Critique album | Catherine Leduc – Rookie

L’ex-Tricot Machine, Catherine Leduc, prend les rênes de son propre projet solo avec le bien-nommé Rookie, un album de chansons pop-folk qui se laisse apprivoiser doucement, mais révèle à la longue sa véritable valeur.

Que l’on aime ou pas Tricot Machine importe peu dans le cas de Rookie. Maintenant trentenaire, la chanteuse ne fait plus du tout dans la chanson naïve et, soyons francs, un peu gnangnan du duo. Elle conserve toutefois une appréciable tendance à la simplicité, à l’économie de mots pour évoquer plus efficacement de jolies images, pour partager ses observations sur le quotidien.

C’est aussi un projet plus personnel, introspectif. Catherine Leduc était la chanteuse de Tricot Machine, la voix féminine, mais les frères Mathieu et Daniel Beaumont étaient plutôt les moteurs créatifs du band. Ici, Leduc prend la plume, l’initiative.  Et pour une fille qui se disait “suiveuse” au sein de son ancien projet, elle a vraiment une identité musicale qui lui est propre, elle a des choses à dire, une voix, un univers.

Il en résulte un disque folk-pop un peu mélancolique, qui semble à la limite tristounet à la première écoute, mais plutôt lumineux lorsqu’on s’y penche. Ses chansons sont articulées, rappelant par moments une version féminine de Philippe B.  Elle se fait rêveuse, observatrice discrète, poète candide, et elle défend ses mots avec un chant retenu. La voix est également soigneusement traitée au mixage, ce qui adoucit l’écoute et permet aux mélodies vocales de fusionner avec la musique.

Son inséparable compagnon Matthieu Beaumont signe la réalisation et les arrangements avec elle, alors qu’Émilie Proulx (avec qui elle partage d’ailleurs certains traits musicaux), Josianne Paradis et Simon Trottier (Timber Timbre) participent à l’instrumentation toute organique mais foisonnante de ce premier album. Tous des gens de grand talent qui contribuent à un disque par ailleurs très bien réalisé, et doté d’une belle variété de sonorités, souvent un peu vintage.

Rookie n’est pas le genre d’album qui s’impose, qui saute au visage. C’est tout en subtilité, en intériorité : les rythmes sont plutôt down-tempo, calmes, posés, mais quelques explosions parfaitement calibrées surviennent à l’occasion, notamment sur la très bonne Que la logique passe son tour. Il faut donc y donner l’attention qui lui revient, mais l’auditeur qui se donnera la peine sera grandement récompensé.