Big Big Train

Critique album | Big Big Train – English Electric Part 2

Big Big Train - English Electric Part 2 Big Big Train English Electric Part 2

Ni la pochette ni le titre, quelque peu désolants, ne permettent d’imaginer ce qui se trouve sur English Electric de Big Big Train, album-concept divisé en deux parties dont la seconde fut lancée ce mois-ci.

Il s’agit d’un rock d’inspiration 70’s, bucolique, mais avec du muscle à l’occasion. La voix de David Longdon, chanteur et parolier qui joue également de la flûte et d’autres instruments, rappelle celle de Phil Collins, avec quelques petites pointes de Peter Gabriel. Alors oui, on est dans un univers à la Genesis, mais ce n’est pas nécessairement de la redite.

English Electric est, dans son ensemble, une célébration des travailleurs anglais, ceux qui ont travaillé sur et sous la terre, dans les champs, les ports, les villes et les villages, dixit le livret. Il s’agit d’un voyage musical aux quatre coins de l’Angleterre du 20e siècle. English Electric Part One traitait de sujets aussi divers que de mineurs (Uncle Jack), d’un charmant contrefacteur (Judas Unrepentant) ou d’enfants maltraités (Boy in Darkness). Et il en est de même pour la
seconde partie.

Un album de rock progressif n’en serait pas vraiment un sans sa pièce de 15 minutes, et c’est ce à quoi on a droit avec East Coast Racer, qui ouvre Part Two. Le récit est celui des gens qui ont travaillé à la construction d’une locomotive célèbre ayant battu des records de vitesse. Malgré ce thème peu romantique, Big Big Train injecte à son sujet énormément d’émotions, et cela passe à la fois par le piano, le chant affecté de Longdon, et les arrangements d’orchestre.

L’album-concept ne raconte pas une, mais plusieurs histoires, et les textes font preuve d’une grande recherche et documentation de la part des deux principaux auteurs, David Longdon et Greg Spawton (qui tiennent chacun un blogue où ils expliquent en détails chaque chanson). Les images qu’ils évoquent sont d’une immense beauté et empreinte d’humanité.

La ballade Swan Hunter, racontée du point de vue d’un travailleur vieillissant s’adressant à son fils, possède un refrain accrocheur qui, malgré la grandiloquence de la pièce (avec ses cuivres et cordes), va droit au cœur. C’est de la trempe d’une Afterglow de Genesis, ou même Ripples.

On pourrait reprocher, avec raison, au groupe d’être un peu trop en amour avec ses mélodies. Les chansons, frôlant souvent les dix minutes, s’étirent longuement pour rien et auraient eu avantage à être resserrées.

On conseille à l’auditeur d’écouter les deux parties de l’album dans l’ordre, et ce, pour bénéficier de l’impact émotionnel créé par la musique. En effet, certains thèmes et motifs musicaux font de multiples apparitions au cours des deux albums, tels que l’air principal de Hedgerow (sur Part One) qui revient dans The Permanent Way, créant ainsi une familiarité avec le matériel.

Il y a une grande diversité d’instruments sur l’album, de l’euphonium à l’accordéon, en passant par les mandolines, violons, de nombreux sons de claviers et le jeu toujours soutenu et inventif de Nick D’Virgilio (les groupes Spock’s Beard et Mystery) à la batterie. Et bien que le tout soit un peu éreintant dans sa longueur et son pompiérisme, ce n’est jamais ennuyant.

La première partie de English Electric est définitivement plus intéressante que la deuxième. Celle-ci s’étire un peu trop et sa finale, Curator of Butterflies, nonobstant ses nombreuses qualités, semble superflue. Cependant, les grandes œuvres requièrent de la patience, et les multiples écoutes des deux disques dévoilent peu à peu les charmes de cette œuvre majeure aux nombreux degrés de lecture.

Avec English Electric, Big Big Train pourrait bien avoir créé une œuvre charnière qui se classera parmi les meilleures du rock progressif, rien de moins. Seul le temps le dira.

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Écoute complète de Part One, par ici.
Écoute complète de Part Two, par ici.

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