Creed au Centre Bell | Creed ne meurt jamais
En ce lundi soir de novembre, avant que le verglas et la neige ne nous frappent, il nous fallait un spectacle pour nous réchauffer et nous unir en tant que communauté. Creed est à l’affiche du Centre Bell ce soir, accompagné des Ontariens de Finger Eleven et de Mammoth WVH. Les Floridiens étaient de retour à Montréal, et cela faisait plus de 25 ans que la formation n’avait pas donné de concert chez nous. Le groupe avait partagé la scène avec les Foo Fighters, Green Day et Mist lors de l’Edgefest, le 30 août 1998, un an avant la sortie de leur album à succès Human Clay.
Cependant, les amateurs de rock montréalais abordent souvent Creed avec un sourire en coin, peut-être à cause du côté un peu grotesque et drôle du chanteur Scott Stapp, un aspect que ce dernier reconnaît et dont il rit volontiers aujourd’hui. Pour les Montréalais, il faut croire qu’un concert de Creed a pris 25 ans à être digéré. Allez savoir !
Bien que la formation n’ait pas sorti d’album depuis 15 ans, Mark Tremonti n’a pas chômé avec Alter Bridge, qu’il partage avec le batteur de Creed, Scott Phillips. De son côté, Scott Stapp, avec sa voix de velours caractéristique, a poursuivi une carrière solo prolifique, sortant un dernier album en mars de cette année. D’ailleurs, la publicité pour cet album était affichée en grand au Centre Bell, sur un des écrans au-dessus de la scène – tout comme celle du nouvel album solo de Mark Tremonti, prévu pour janvier 2025. Va-t-on les revoir en tournée dans leurs carrières respectives ?
L’idée de reformer Creed est née en 2023, alors que les membres du groupe discutaient par messages texte tout en regardant un match des Rangers de New York. C’est à ce moment qu’ils ont ressenti l’envie de repartir pour un nouveau tour de piste. Avec la version deluxe de leur album phare Human Clay sortie à l’été 2024, les fans ont pu se replonger dans leur univers en attendant cette date au Centre Bell.
Finger Eleven, actifs depuis 1990, ont ouvert la soirée d’une main de maître, même si, j’avoue, je n’ai jamais été un grand fan.
Puis, Mammoth WVH, fils prodige de Van Halen, est monté sur scène avec une performance survitaminée, dans la lignée de groupes comme Murderdolls ou Hollywood Undead. Ce rock californien, teinté des années 90-2000 et porté par son incroyable talent de guitariste, m’a immédiatement frappé. Le talent de son père est indéniable, mais Wolfgang Van Halen brille par lui-même. Avec Garrett Whitlock à la batterie, leur rock, technique et groovy, m’a convaincu : ce prodige est à suivre de près.
À 21 h 10, Creed monte sur scène avec une setlist taillée sur mesure. Le groupe revisite ses trois premiers albums, en occultant totalement le dernier, qui, il faut l’avouer, n’a pas laissé un souvenir marquant aux fans. De ce que je me souviens, ce que j’aimais chez Creed, c’était leur capacité à créer un rock puissant, entraînant et unificateur. Première chanson : Bullets. Pas leur plus gros hit, mais elle électrise la salle dès les premières notes, faisant lever même les plus assis.
Le concert est ponctué de discours de Scott, qui peuvent paraître too much pour certains. Mais pour les convaincus, c’est tout l’esprit du groupe : une odyssée, accompagnée d’images en arrière-plan et d’une pyrotechnie bien dosée.
Comme l’exprime Scott Stapp, un concert de Creed est « un voyage sonore et spirituel », que cela plaise ou non à ceux qui trouvent ça quétaine. Après tout, ce groupe rassemble depuis plus de 25 ans, et compte même de jeunes fans dans ses rangs. Dans le public, une majorité de 35-40 ans, mais aussi des jeunes dans la vingtaine qui crient les refrains avec autant de ferveur que leurs aînés il y a 25 ans. Creed est définitivement légion.
Le morceau One, issu de leur premier album et moins connu, dégage une fraternité rare, comme si c’était la chanson à voir en concert au moins une fois dans sa vie. Inutile de trop s’attarder sur les classiques – Are You Ready?, Higher, ou encore My Own Prison, la chanson avec laquelle tout a commencé pour Creed.
Une chose est sûre : avec cette tournée nord-américaine de plus de quarante dates, la voix de Scott est toujours au rendez-vous. Et avec cette reformation, même si aucun nouvel album n’est prévu, nous risquons de replonger dans une nouvelle décennie de mèmes autour du chanteur. Mais surtout, dans une grande musique.
Merci, Creed, j’ai eu des frissons
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