Coup de coeur francophone 2023 – Jour 2 | YOCTO et Vincent Khouni à l’ESCO : Le rock dans sa forme actuelle

Coup de cœur francophone présentait vendredi à l’ESCO un échantillon de l’électrisante et émergente vague de rock québécois francophone. Si cette soirée avec Vincent Khouni et YOCTO est l’étalon de ce qui s’annonce dans les prochaines années, on ose imaginer une ère prolifique s’inspirant librement du rock psychédélique, de la new wave, et du rock indé. Une ère où le public sera au rendez-vous et renouera avec la scène rock. Retour sur cette soirée plus que réussie.

Vincent Khouni – Psychédélique et planant

La soirée a débuté avec le projet solo de Vincent Khouni, leader du groupe de rock garage Double Date With Death (DDWD pour les intimes). Une petite demi-heure qui a permis de découvrir des titres de son album 8:12pm, paru le mois dernier.

Il est dit de Vincent Khouni qu’il puise ses inspirations musicales du rock psychédélique de la fin des années 60. Il est vrai qu’on sent bien l’influence caractéristique de cette époque, mais on y entend également des influences du rock indé des années 2010, surtout dans les titres chantés en anglais, plus mélodiques et planants.

Le seul bémol, s’il y a en a un, est que les arrangements musicaux riches et sophistiqués ont rendu la découverte des textes (en français et en anglais) plus difficiles. Faible bémol il va sans dire, car la qualité de la prestation a certainement donné le goût de s’intéresser davantage à ce projet. Les personnes présentes ont d’ailleurs répondu avec enthousiasme à l’attachante présence sur scène de Khouni et à la solide prestation musicale de ses acolytes aux claviers, à la basse et à la batterie.

Après une courte et excellente prestation qui a attisé la curiosité, il ne reste qu’à découvrir plus minutieusement la musicalité et les textes de Khouni en écoutant son album. C’est ce qu’on fera d’ailleurs en fin de semaine.

YOCTO – Une micro-mesure annonçant la démesure

Après une courte pause, ce fût au tour de YOCTO de monter sur scène. YOCTO, c’est une mesure de l’infiniment petit, mais aussi le nom de cette nouvelle bande qu’on était impatient de voir sur scène : Yuki Berthiaume-Tremblay (Jesuslesfilles), Jean-Michel Coutu (IDALG), Emmanuel Éthier (Chocolat), Félix-Antoine Coutu et Carl Matthieu Neher.

On avait des attentes démesurées pour cette soirée, mais ô combien comblées. Et apparemment, on n’était pas les seuls.

Revendiquant haut et fort l’influence de la vague post-punk et new wave de la fin des années 70 sur leur musique, la chanteuse Berthiaume-Tremblay s’est présentée sur scène avec un t-shirt de Marquee Moon, le premier album du groupe new-yorkais Television.

Témoin de l’enthousiasme de la faune montréalaise pour cette bande et cette nouvelle vague inspirante, malgré qu’on fût tout près de la scène tout juste avant leur arrivée, rapidement on s’est retrouvé en milieu de salle, après quelques bousculades.

Visiblement à l’aise sur scène, celle qui a aussi agi à titre de directrice musicale de leur premier album Zepta Supernova (paru au mois d’août dernier) est montée sur une caisse de son pour débuter en force leur prestation avec Lance-Flamme Lance Glace. Du moins, on imagine que c’était une caisse de son, car faut-il le rappeler, on était déjà rendu assez loin de la scène après seulement quelques secondes de prestation. Il reste que c’était un départ canon, car Lance-Flamme Lance Glace combine des mélodies de clavier accrocheuses à des lignes de basses répétitives et anxiogènes. Le tout agrémenté du chant, quasi parlé et efficace de Berthiaume-Tremblay.

Ont suivis les tout aussi percutants titres Hagio Agio, Dactylo, Orbital Alcatraz et Station 01011. Capable de moment plus progressiste et orchestral, YOCTO a aussi présenté L’Étau de Zálmoxis et Procession, Rituel.

La prestation d’hier n’avait d’égal que la qualité de leur album Zepta Supernova. Il n’y a avait pas de moments morts hier, et cela démontre la profondeur de leur album. Quand on combine ingéniosité et finesse musicale, une présence scénique à rendre jaloux des groupes déjà bien établis et des textes incisifs, mais assez énigmatiques pour les interpréter à notre sauce, on a une recette qui pourrait très bien fonctionner dans les prochains mois.

Curieux et curieuses?

Vous pouvez voir YOCTO prochainement car dans le cadre du Festival MARATHON de M pour Montréal, ils seront au Ministère le 16 novembre prochain avec Melissa Fortin et Patch.