L'Orchestre de jeux vidéo

Concert du Seigneur des Anneaux par l’Orchestre de Jeux vidéo | Épique soirée symphonique à l’Eglise St Jean Baptiste

C’est dans une chaleur digne du Mordor que l’OJV, bien accompagné du Chœur de Musique de Film du Québec, a sublimé une salle comble aux thèmes de la Terre du Milieu, avec pas moins de 130 musiciens et choristes. Un très, très bel hommage à l’œuvre récompensée du compositeur Howard Shore, et à l’univers décidément immortel de Tolkien.

 

Acte I : Introductions respectives

Les passants du Plateau se demandent quel genre de pape ou autre entité religieuse peut créer cette immense file d’attente aux abords de la grande église au coin de Rachel et Henri-Julien. Quelques 1700 personnes qui se pressaient en réalité pour assister à une messe musicale fantastique menée par la Communauté de L’Anneau. Ou plutôt par Jonathan Dagenais, chef d’orchestre de l’OJV, avec le Chœur de Musique de Film du Québec, dirigé par Bruno Blouin-Robet. C’est d’ailleurs ce dernier ensemble qui introduit le concert avec la pièce Song Of The Lonely Montain. Pièce tirée du film The Hobbit, que Jonathan Dagenais ne manquera pas de présenter avec humour comme « Hashtag comment faire plus d’argent en exploitant une autre trilogie ». Le Chœur à dominante féminine vient donner une toute autre dimension à la chanson originale, lui donnant plus d’ampleur, notamment avec ses phrases un peu tribales dans le refrain.

Le Chœur se retire, et c’est au tour de L’Orchestre de jeux vidéo de se présenter, en interprétant, concept oblige, une pièce composée d’arrangements de plusieurs jeux vidéo en rapport avec l’univers du Seigneur des Anneaux. Mention spéciale au Gandalf de la section à vents, seul (ou presque) ayant osé faire un effort de déguisement ce soir. Même s’il est vrai que la chaleur n’encourage pas le port de perruque. On salue l’organisation de vendre des bouteilles d’eau, mais surtout de distribuer des tracts pour leur prochain concert (Concert Mario), dont l’usage le plus populaire sera de faire office d’éventail, que l’on peut voir s’agiter partout dans la foule. Même si on rentre dans un registre beaucoup moins connu du grand public – car si tout le monde a vu les films, nettement moins ont joué aux quelques jeux vidéo –  l’OJV arriver à capter l’attention avec une pièce variée, aux passages plus sombres.

 

Acte II : La Trilogie en trois épiques mouvements

Alors que la bataille fait rage pendant l’entracte pour arracher les meilleures places assises, c’est cette fois les deux ensembles qui montent sur scène pour la pièce majeure. La musique de la trilogie, basée sur l’œuvre originale du compositeur canadien Howard Shore, arrangée par Luc Darveau pour rassembler en trois mouvements les thèmes majeurs des films. Dès le départ, l’alliance entre le chœur et l’orchestre vient monter l’intensité à un autre niveau. Que ce soit dans la légèreté dansante du thème des hobbits porté par cordes et vents, ou dans les passages plus sombres et dramatiques appuyés par les cuivres, thèmes des forces de l’ombre à la manière de Flight To The Ford, les dynamiques et émotions sont amplifiées. Le son est excellent, la puissance des percussions vient nous prendre aux tripes lors des crescendos grandioses, martelant telles des hordes d’Orcs à la poursuite de nos héros. De La trahison d’Isengard, qui décline le thème principal avec ses notes de fin plus graves et inquiétantes, à des passages plus solennels et entraînants à la Minas Tirith, l’OJV et le Choeur fusionnent à merveille, nous plongeant dans l’histoire mouvementée.

Il est important de souligner aussi le superbe travail d’éclairage et les jeux de lumières qui viennent appuyer les différents mouvements et changements d’ambiance. Jouant habilement avec la riche architecture de l’église, allant jusqu’à des éclairages rouges en contre-plongée dans les autels sur les côtés de la scène, donnant presque un aspect diabolique aux saintes statues… Ne jamais sous-estimer la puissance de Sauron.

Les trois mouvements s’enchaînent dans l’espace de 55 minutes qui passent à toute vitesse, tant l’OJV nous captive et nous emmène dans la quête de l’Anneau avec une puissance et une émotion fabuleuses. Il fallait juste entendre le tonnerre d’applaudissement et l’ovation qui ont suivi la dernière note, d’un public enchanté. La force originale de l’œuvre et la qualité des mélodies sont transcendées dans une interprétation remarquable, menée par la baguette d’or du chef d’orchestre Jonathan Dagenais, qui heureusement ne s’est jamais mise à briller d’une lueur bleue. Nous sommes gratifiés d’un rappel qui consistera en un résumé de la pièce précédente. Et pourquoi pas, car on ne se lasse absolument pas de ce thème principal fantastique, aussi épique que les meilleurs mélodies de John Williams, explosant dans un final grandiose encore ovationné, alors que les musiciens et choristes saluent, sous le magnifique dôme illuminé de l’église.

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